L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a relevé ses prévisions de demande de brut 2010 et 2011, portée par une reprise de l'économie plus forte que prévue dans les pays développés au troisième trimestre, dans son rapport mensuel publié jeudi. La croissance de la demande devrait atteindre 1,6%, soit 1,3 millions de barils par jour (mbj) comparé à 2009. La demande devrait atteindre 85,8 mbj sur l'ensemble de 2010, soit 0,19 mbj de plus que prévu dans le rapport d'octobre du cartel. "La demande de pétrole a augmenté au troisième trimestre. La consommation dans les pays de l'Organisation pour la coopération et le développement économique (OCDE) a dépassé les attentes. Cela fait suite à une activité économique plus forte que prévue, soutenue par les différents plans de reprise", explique le cartel, qui pompe environ 40% du brut mondial. L'Opep relève en particulier un sursaut dans le secteur manufacturier de l'OCDE et a réévalué de 0,2 point, à 4,1%, sa prévision de croissance mondiale pour 2010. Malgré quelques incertitudes, la tendance devrait se prolonger en 2011. L'Opep a ajouté 0,12 mbj à sa prévision d'octobre et table sur une demande de brut de 86,9 mbj désormais. "Les meilleures perspectives pour l'OCDE sont un facteur clé de cet ajustement", souligne l'organisation basée à Vienne.Notons qu'en réaction à ce rapport, les cours du pétrole ont touché jeudi un plus haut de 25 mois et s'approchent des 90 dollars le baril. En effet, le cours du brut léger américain a atteint les 88,63 dollars le baril, son plus haut niveau depuis octobre 2008, soutenu par l'annonce d'un nouveau programme d'assouplissement quantitatif engagé par la Réserve fédérale américaine pour stimuler la reprise économique aux Etats-Unis. La demande chinoise et l'annonce d'une baisse des stocks de brut américains ont également alimenté la hausse des cours. L'Opep ne devrait pas modifier sa politique de production, en dépit de la hausse des prix. Les signes d'une évolution à la hausse des prix, souhaitée par certains membres clés de l'organisation, ont soutenu la hausse des cours ce mois-ci. Un baril de brut entre 70 et 90 dollars est confortable pour les consommateurs, avait dit début novembre le ministre du Pétrole saoudien Ali al-Naimi, relevant ainsi la fourchette de 70 à 80 dollars qu'il avait jugé idéale pendant deux ans. Un responsable du Fonds monétaire international (FMI) a par ailleurs déclaré qu'une hausse des prix ne constituait pas une menace pour la reprise de l'économie mondiale, estimant ainsi que le consommateur pouvait se satisfaire des prix actuels. "L'Opep n'agira pas avant un bon moment, pas avant que les cours n'atteignent les 100 dollars le baril ou que les réserves ne baissent", estime Tony Nunan, gestionnaire de risque chez Mitsubishi. Nénamoins, une augmentation de la production des pays membres de l'Opep pourrait résulter d'un moindre respect de la réduction des quotas de production, sauf en cas de baisse des cours. La réduction des quotas à 4,2 millions de bpj annoncée en décembre 2009 n'est actuellement respectée qu'à 51%, contre un taux de près de 80% en 2009, selon les estimations figurant dans le rapport mensuel de l'Opep sur le marché du pétrole publié jeudi. Cela signifie que les pays membres pompent plus de deux millions de bpj de plus que l'objectif officiel de production, pour répondre à la reprise de la demande, encouragés par les prix plus élevés. "Nous allons observer une augmentation progressive de l'offre de l'Opep et un moindre respect des quotas", commente Thorbjorn Bak Jensen de Global Risk Management. L'Opep a dit détenir une capacité de plus de six millions de bpj de pétrole inutilisée en raison de la réduction de l'offre engagée il y a deux ans, soit l'équivalent de 7% de la demande mondiale. La plupart de ces réserves sont détenues par l'Arabie saoudite et, dans une moindre mesure, par le Koweit et les Emirats arabes unis. Les analystes estiment que l'Opep pourrait envisager de relever ses objectifs de production si les prix s'orientaient vers les 100 dollars le baril. "Si les 100 dollars sont atteints, ils pourraient réellement modifier les quotas et l'Opep devrait présenter un nouveau scénario" estime Franck Schallenberger de la Landesbank. Selon l'Opep, les fondamentaux de l'offre et de la demande s'améliorent. Les analystes ont relevé leur prévisions de la demande mondiale de brut américain et les réserves de brut et carburant ont reculé la semaine dernière aux Etats-Unis. Toutefois, le rapport de l'Opep publié ce jeudi n'entrevoit pas de modification significative des réserves avant l'hiver. "Par conséquent, le marché doit être bien préparé, même si la demande hivernale s'avère plus importante que prévu", prévient l'Opep.