Il est parfois arrivé dans notre pays de penser à prolonger la durée des cotisations et à la porter à 40 années, soit huit ans de plus que ce qui est dans la tradition aujourd'hui. Si on continue comme on le fait actuellement à rendre obligatoire la retraite à 60 ans tandis que s'exprime la difficulté à créer des emplois, il finira bien par se poser la question du financement des retraites. Sans doute que les questions liées la retraite ne sont pas des préoccupations exclusivement occidentales. Il y a des pays, comme le notre qui en sont conscients. On dit que le financement de la retraite relève de la solidarité entre générations. Pratiquement, les approches sont mondiales et similaires. Nous ne constituons pas une exception. Grâce aux progrès de la médecine et au pouvoir d'achat, l'espérance de vie est plus grande, et en conséquence, nous sommes une société vieillissante mais nous sommes également dans une économie qui ne crée pas assez d'emplois. La plus grande partie des emplois créés est temporaire et fatalement précaire et relèvent de contrats à durée déterminée quand ils ne sont pas dans l'informel. A quel âge peut-on dire que celui qui est orienté vers le régime de retraite peut encore rendre bien des services conformément à ses compétences et il peut vouloir prolonger sa carrière à la fois parce qu'il est en bonne santé, parce qu'il est compétent, et parce qu'il a besoin de maintenir le niveau de ses revenus. Retraite complète au bout de 32 ans de travail quitte à se retrouver inactif à 50 ans? Ce n'était pas ce genre de questions qui se posait en Occident mais elles se posaient sous cette forme chez nos travailleurs, quand il avait été question d'un départ à 50 ans. Devant un taux de chômage qui risque de connaître une croissance continue, l'impossibilité que la fonction publique soit chargée de compenser la difficulté à recruter par des entreprises publiques, idem pour le secteur privé, et ainsi créer sans compter des emplois durables, il faudrait bien conjurer la faiblesse future des capacités de financement des retraites. Des problèmes risquent, bientôt, de focaliser les attentions. Comment pouvoir financer les retraites quand l'espérance de vie due à l'amélioration de la médecine est de plus en plus longue, c'est-à-dire que les personnes vivent de plus en plus longtemps. Serait-il dans l'intérêt de la société et des candidats à la retraite que s'instaure comme aujourd'hui l'obligation de prendre la retraite à un âge déterminé, soit le plus tard possible ? Il y a une autre spécificité à notre économie et qui va changer sous l'effet des contraintes de compétitivité qui nécessiteraient des allègements de charge, ce qui s'obtient le plus fréquemment par des licenciements. Cette spécificité consistait en ce que le travailleur commence et termine sa carrière dans la même entreprise, ou dans la même institution pour ce qui concerne la fonction publique. Il ne serait pas facile d'admettre que le long cheminement vers la fin de carrière, c'est-à-dire vers la retraite, se fera par des changements d'emploi et par des changements d'employeurs. Dans ce long cheminement, il pourrait y voir des problèmes dans un pays comme le nôtre qui ne finance pas les cotisations à la retraite dans le cas d'une période de chômage trop longue. N'est-ce pas que trouver un emploi devient de plus en plus dur à un certain âge, et même à tout âge?