L'agriculture offre des solutions intéressantes pour contrer toute une gamme de problèmes environnementaux, selon un rapport présenté par l'organisation de l'ONU pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) au Comité de l'agriculture qui se réunit au siège de l'organisation du 25 au 28 avril 2007. Il est vrai que l'agriculture est souvent responsable de la dégradation de l'environnement, notamment lorsque la production alimentaire déroge aux règles de durabilité ou lorsque les écosystèmes sont excessivement exploités ou encore du fait de l'épuisement des ressources naturelles. Mais, dans le même temps, c'est sur les agriculteurs que repose la protection et l'exploitation durable des ressources naturelles; leur rôle est important pour arrêter la dégradation des écosystèmes vitaux. Ce que d'ailleurs expliquent des experts de la FAO. Une volonté politique est nécessaire pour stopper la dégradation des écosystèmes grâce à des changements au niveau des politiques, des institutions et des pratiques agricoles. L'agriculture doit figurer au centre de la scène si l'on tient à préserver l'équilibre écologique dont dépendent les générations actuelles et futures. "En l'absence de ces changements, la dégradation environnementale menacerait la productivité agricole et la sécurité alimentaire" précise-t-on. Une bonne partie du débat sur la biodiversité, le changement climatique et la bioénergie se déroule sans la participation effective du secteur agricole et des ministères concernés. Cela doit changer. En outre, nous avons besoin, de toute urgence, d'une analyse mondiale sur les risques environnementaux liés à l'agriculture afin d'identifier des solutions au double plan écologique et économique. En dépit d'importants accords internationaux sur l'environnement, les émissions de gaz à effet de serre augmentent, l'extinction des espèces vivantes se poursuit et la désertification est de plus en plus préoccupante dans bien des pays, selon le rapport de la FAO. La dégradation des services offerts par les écosystèmes pourrait empirer au cours de la première moitié de ce siècle, créant ainsi un obstacle à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement. Parallèlement à la croissance de la population mondiale, il faudrait que la production agricole et les disponibilités alimentaires augmentent si l'on veut réduire le nombre de sous-alimentés de la planète, estimé aujourd'hui à 854 millions de personnes. Le réchauffement climatique augmentera la pression sur l'environnement alors que les systèmes de production actuels seront déstabilisés par les pénuries d'eau, la salinité, l'aridité et l'élévation des températures. En outre, les monocultures destinées à la production de biocarburants devraient accélérer l'érosion de la biodiversité. Cette évolution est porteuse de défis considérables, car la biodiversité est la matière brute utilisée par les sélectionneurs pour créer de nouvelles variétés culturales qui permettront de préserver la biodiversité biologique pour l'alimentation et l'agriculture au profit des générations futures, et de conserver l'important fonds génétique nécessaire à la résilience des écosystèmes, selon le même rapport. Pour ce qui est de l'élevage, le comité de l'agriculture doit se pencher aussi sur ce dossier et discuter des dégâts environnementaux provoqués par l'élevage intensif. L'élevage occupe une place importante dans l'économie agricole et procure des emplois et des revenus à des millions de personnes. Quelque 987 millions de ruraux pauvres en vivent. La production de viande mondiale doit plus que doubler passant de 229 millions de tonnes en 1999/2001 à 465 millions en 2050. La production de lait doit passer de 580 millions à plus de 1,043 milliard de tonnes. La majeure partie de ces augmentations se produira dans des pays qui connaissent une croissance rapide, notamment la Chine, le Brésil et l'Inde. L'élevage accroît le stress sur les écosystèmes et contribue à l'aggravation des problèmes environnementaux au niveau mondial. A titre d'exemple, 10 à 20 % des pâturages sont dégradés principalement par le bétail alors que l'élevage contribue à hauteur de 9 % aux émissions de gaz carbonique et à hauteur de 37 % aux émissions de méthane. L'élevage, c'est aussi 8 % de la consommation mondiale d'eau. Il faut donc rectifier le tir sur le double plan politique et technique pour réduire l'impact de l'élevage sur l'environnement, et cela avant que la situation ne s'aggrave, conclut le rapport de la FAO.