Bien que regorgeant de potentialités et d'infrastructures portuaires et aéroportuaires à même de favoriser son essor socioéconomique, la wilaya de Annaba peine à sortir de la léthargie dans laquelle elle est plongée depuis le début des années 1980. Une léthargie qui n'a épargné aucun secteur d'activité et qui a eu pour conséquence directe un chômage endémique. «Ce ne sont pourtant pas les domaines où la relance est possible qui manquent dans cette belle région», semble s'étonner ce membre de la Chambre de commerce et d'industrie Seybouse, pour qui les opportunités d'investissement sont immenses dans différents créneaux. Et d'énumérer : «Le développement du transport urbain et rural, de l'agroalimentaire (aliment de bétail, aviculture, lait et dérivés, levurerie, huilerie, semoulerie, aquaculture, pisciculture) et de l'industrie de conditionnement et d'emballage. Et ce n'est pas tout, la wilaya de Annaba possède d'autres atouts à même de contribuer à la relance de l'investissement, à l'instar des secteurs de l'hydraulique (forage, fabrication d'équipements hydromécaniques et électriques, pompes hydrauliques, tuyauterie-robinetterie, maintenance du réseau hydraulique et des stations de pompage, de relevage et de traitement et gestion des lagunes).» A cela il faudrait ajouter, selon notre interlocuteur, les opportunités qui s'offrent dans les secteurs des forêts, de la pêche, des mines et carrières, de l'industrie et de la pharmacie. Faire sortir la wilaya de son marasme économique et social La fabrication de pipes, la coupe et la transformation du bois, la réalisation de distilleries industrielles et artisanales, la transformation des produits de la pêche, le développement de l'aquaculture, la construction et la rénovation d'embarcations de pêche représentent des créneaux d'activités porteurs de valeur ajoutée, tout comme ceux des matériaux de construction (briqueterie, faïence, production d'agrégats et pavés ornementaux) et des pièces de rechange. Cet élu en est à se demander si les pouvoirs publics sont conscients de toutes ces possibilités d'investissement pour faire sortir la wilaya de son marasme économique et social. Devant cette panoplie plus que généreuse d'opportunités de création de richesses, il est regrettable, en effet, de constater que rien de palpable n'a été fait jusqu'à présent pour la prise en charge sérieuse de la problématique de l'emploi qui se pose avec de plus en plus d'acuité à Annaba. Un environnement administratif défavorable Les espoirs placés ces dernières années dans les partenaires étrangers des complexes sidérurgiques d'El Hadjar et d'Asmidal, quant au maintien des postes de travail existants, faute d'en créer de nouveaux, se sont envolés les uns après les autres. Pis encore, l'annonce faite récemment par le premier responsable du complexe sidérurgique ArcelorMittal Annaba d'une compression des effectifs de l'ordre de 1500 postes d'emploi dans le cadre du «départ volontaire» ainsi que la fermeture en début de mois de la cokerie pour cause de vétusté, ne sont pas pour rassurer. «La problématique de l'emploi continuera à se poser, en l'absence d'options sérieuses en matière de relance de l'investissement productif. Les signes de paupérisation sont là avec la prolifération du commerce informel et de l'insécurité. Les solutions préconisées pour revigorer le marché de l'emploi n'ont pas eu les résultats qu'on en attendait», constate de son côté cet économiste enseignant de l'université Badji Mokhtar. De son point de vue, «les dispositifs de soutien de l'Etat à l'emploi tels que la Cnac, l'Ansej, l'Angem et autres Blanche Algérie ont également démontré leurs limites à cause d'un environnement socioéconomique et administratif plutôt défavorable à l'investissement. Dans ces conditions, il est illusoire d'espérer créer ou préserver des emplois durables dans des secteurs d'activités en stagnation». Optimiste tout de même, l'universitaire assurera qu'à son avis «il n'y pas lieu de s'alarmer outre mesure de la défection de ce partenaire étranger qui proposait la réalisation d'un complexe touristique intégré à Sidi Salem ainsi que d'autres projets d'investissement susceptibles de résorber une masse importante de chômeurs, annoncés de manière toute aussi officielle lors de la dernière visite de travail du président de la République dans cette wilaya». Compter sur soi «Il faut compter sur soi et ne plus continuer à compter sur un hypothétique partenariat étranger pour prétendre relancer l'investissement, et par-là même résorber le chômage. La région de Annaba dispose d'une infinité de créneaux susceptibles d'être mis en valeur. Ces opportunités s'offrent par exemple dans la gestion de la ville dans le cadre du développement durable, la collecte et le traitement des déchets solides et liquides, qui représentent quelque 900 t/jour, le recyclage du verre, du papier et du plastique, la maintenance des réseaux d'éclairage public, l'assainissement de la voirie et du mobilier urbain, ainsi que l'aménagement et l'entretien des espaces verts, des lieux publics et des plages sont autant de secteurs d'activités à investir, comme cela se fait un peu partout dans le monde. Alors faisons preuve d'imagination et agissons» conclut-il.