Les cours des métaux de base échangés au London Metal Exchange (LME) ont dégringolé cette semaine à leurs plus bas niveaux depuis plus de deux mois, plombés par la perspective d'un resserrement monétaire en Chine et les inquiétudes sur la santé budgétaire de la zone euro. Les cours des métaux industriels, qui avaient grimpé de concert les semaines précédentes -cuivre et étain enregistrant même des records historiques -, se sont très nettement repliés dans un marché nerveux où les craintes macroéconomiques l'ont emporté sur la robustesse de la demande mondiale. "Les prix sont tombés comme des pierres. Les inquiétudes sur l'inflation en Chine tout comme la crise budgétaire de l'Irlande ont généré des incertitudes assez fortes pour tirer fortement le marché vers le bas en très peu de temps", commentait Nicholas Snowdon, analyste de Barclays Capital. L'Irlande, confrontée à un déficit colossal et susceptible de menacer l'équilibre de la zone euro, a affolé les marchés et pesé sur la monnaie unique européenne, tombée mardi à son plus bas niveau depuis deux mois. Le raffermissement de la devise américaine qui en découlait était de nature à rendre moins attractifs les achats de métaux de base, libellés en dollars. "La détérioration en zone euro a rejoint dans les préoccupations des investisseurs la situation de plus en plus inquiétante en Chine, où l'inflation est montée à son plus haut niveau depuis deux ans", soulignait de son côté Edward Meir, de MF Global. Alors que le gouvernement chinois s'est dit prêt à prendre toute les mesures nécessaires pour lutter contre les tendances inflationnistes, le marché redoute qu'un resserrement de la politique monétaire de Pékin n'obère la demande du pays, premier consommateur mondial de métaux de base. Les cours des métaux esquissaient cependant vendredi un léger rebond et pourraient ne pas tarder à reprendre des couleurs, grâce à un rétrécissement persistant du marché entre une offre insuffisante et une consommation toujours solide. "La décorrélation croissante avec les fondamentaux suggère que la baisse des prix pourrait offrir aux investisseurs l'opportunité d'achats à bon compte, notait M. Snowdon, tout en anticipant "une volatilité accrue" à court terme. Le cuivre est tombé mercredi jusqu'à 7920 dollars la tonne, son plus bas niveau depuis fin septembre, ce qui représente un effondrement de 13% par rapport au record historique de 8966 dollars enregistré la semaine précédente. Le métal rouge était cependant toujours soutenu par la poursuite de la grève entamée il y a deux semaines dans la mine chilienne de Collahuasi, troisième mine de cuivre du monde (3% de la production mondiale). L'étain a terminé la semaine en baisse de 5%, après avoir atteint mercredi son plus bas niveau depuis le 28 septembre, à 23.602 dollars la tonne. L'Indonésie, premier exportateur mondial, dont la production est affectée par des pluies diluviennes, a pourtant annoncé une hausse de 24% de ses exportations d'étain raffiné en octobre, contribuant à apaiser les tensions sur les prix. Le plomb s'est effondré de 12% cette semaine, tandis que le ZINC accusait un recul de 13%, tous deux touchant leur plus bas niveau depuis fin août. Le Groupe d'Etudes internationales sur le plomb et le zinc (ILZG) a indiqué dans sa dernière étude que le marché mondial du plomb raffiné était redevenu excédentaire en septembre, avec un surplus de 11'000 tonnes, tandis que celui du zinc raffiné affichait un excédent de 31'000 tonnes après trois mois de déficit. Sur le LME, une tonne de cuivre pour livraison dans trois mois valait 8385 dollars la tonne vendredi à 13H30 GMT contre 8695 dollars la tonne vendredi dernier à 15H30 GMT. Pour leur part les prix du coton ont chuté au cours de la semaine à New York, poursuivant une correction entamée en fin de semaine précédente qui a éloigné les cours de leurs sommets historiques. La livre pour livraison en mars, désormais le plus échangé sur l'IntercontinentalExchange, valait 1,2325$ vendredi vers 11h10, contre 1,3418$ à la clôture une semaine plus tôt. Le contrat pour décembre s'établissait à 1,2790$ contre 1,4018$ vendredi dernier. "Ce marché est monté tellement haut tellement vite, la correction a lieu", a observé Rich Ilczyszyn, de Lind-Waldock, soulignant que le marché pourrait trouver un seuil de soutien à 1,16$. Monté jusqu'à plus de 1,50$ la livre le 10 novembre, le coton a enregistré un repli d'environ 20% depuis. "De nombreux acheteurs étrangers sont réticents à acheter quand les prix du coton baissent parce qu'ils espèrent que les prix seront encore plus bas le lendemain", a noté John Flanagan, de Flanagan Trading. Les inquiétudes quant à un relèvement des taux en Chine, pays qui cherche à juguler l'inflation, ont dominé les échanges toute la semaine. Elles se sont concrétisées vendredi par l'annonce d'une hausse du taux de réserves obligatoires des banques. Ces velléités contre une surchauffe de l'économie "font craindre que la demande de la Chine en matières premières ne s'affaiblisse", a rappelé John Flanagan.