Avec son éternel look d'étudiant, son physique de bon papa, on croirait à peine son âge ; car Djamel Allam ne fait pas ses 63 ans. Il célèbre pourtant cette année 40 années de chansons, et ça il l'a fêté hier au Cabaret Sauvage, dans le 19ème arrondissement de Paris. De 16 heures jusqu'à 20h30, le public venu nombreux pour écouter l'enfant de Béjaïa entouré d'une pléiade de créateurs venus de nombreux horizons. Djamel Allam, a également invité un groupe instrumental berbère d'enfants issus des banlieues parisiennes. Il a proposé plusieurs de ses titres notamment celui puisé du mémorable, "Les youyous des anges " signé en 2008 chez Belda. Pas plus loin que 2004, il avait signé Gouraya, une compilation qui n'a pas réellement cartonné puisque le chanteur y avait servi la plupart de ses vieux succès revus et corrigés. Djamel Allam, a servi en 2008 sa véritable cuvée, de ceux qui vieillissent sans perdre de leur attrait. L'album qui fut largement médiatisé, est doté d'un titre tiré tout droit du fantasmagorique : "Les Youyous des anges " ! En toute honnêteté, le chanteur avait révélé que l'idée de ce titre lui était venue en écoutant une chanson de Farid Ali racontant le récit d'un combattant qui meurt pendant la guerre de libération. " Il y a un passage qui m'a séduit, celui où il dit " le jour où je mourrai, je verrai le visage du prophète Muhammad (QSSSL), enflammé de youyous des anges." C'est de là qu'est parti ce succulent titre révélé comme une prémonition pour le reste de l'album travaillé durant trois années entières. Enregistré en majorité au Canada et en France, cet album va au-delà de ce qui se fait actuellement chez nous, et de ce que fait Djamel Allam d'habitude. L'artiste a pris son temps certes mais à aussi tenu à ce qu'il soit entouré de professionnels et de mécènes. Djamel Allam s'était entouré de nombreuses institutions, de nombreux noms comme le King du raï Cheb Khaled, Mohamed Lamine, Fellag, Akli D, la fratrie des Djemaï, Sid Ahmed Agoumi etc… Hommage à Guerrouabi Distribué par Belda Diffusion, ce produit contient 10 titres et 7 minutes d'hommage à Guerrouabi. L'auteur de " Les youyous des anges " avait insisté sur le fait que son produit n'ait pas fait de reprises mais plutôt de récits qui raviveraient selon lui les anciens. " C'est mon hommage à El Hachemi Guerrouabi, Allaoua Zerrouki, Ahmed Malek… C'est ma manière de pérenniser la mémoire de ces artistes." dira t-il ajoutant que "la disparition d'El Hachemi Guerrouabi m'a anéantie ". El Hachemi, est plus qu'un ami, c'est un frère. C'est également une voix, une maîtrise, un style, une école, un état d'esprit et une histoire. J'ai eu cette chance de le côtoyer. Ce titre "El Hachemi", je l'ai voulu hommage, pour l'homme qui se cache derrière l'artiste". Des projets, Djamel Allam en a plein la tête, il compte réaliser un court-métrage de 12 minutes et d'écrire un livre. Auteur de sept albums et d'un grand nombre de succès, Djamel Allam a toujours mis plusieurs cordes à son arc. Auteur, compositeur, acteur dans plusieurs films notamment le dernier d'Ahmed Rachedi, "Benboulaid ", les prestations de l'artiste sur scène sont uniques. Rieur, blagueur, narrateur, il communique avec son public en lui livrant non seulement des tubes, mais de brefs récits préambulaires qui le rapprochent du public en émouvant ce dernier. Après Gouraya, un opus dédié à la sainte patronne de sa ville de Béjaïa et réalisé avec la complicité de Safy Boutella, Djamel Allam a vu publier Tella tamkant eg-ul-iw (Il y a une place dans mon cœur), un coffret de 9 CD représentant l'intégralité de l'œuvre de l'artiste. Né en 1947 à Béjaïa, le jeune Mohamed Allam effectue un passage au conservatoire de musique de la ville où il s'initie aux répertoires andalou et chaâbi sous la conduite du maître et ténor Sadeq Lebjaoui. Quittant le pays en 1967, il débarque à Marseille où il est un temps machiniste au Théâtre du Gymnase et où il fait la rencontre de nombre de têtes d'affiche de la chanson comme Léo Ferré, Georges Brassens, Georges Moustaki, Boby Lapointe et Bernard Lavilliers. Il se rend ensuite à Paris où il s'essaye un temps dans les cabarets de la rue Mouffetard, avec un répertoire de chansons françaises. La notoriété vient avec Arjouth, son premier opus en 1974, et surtout avec le succès de Maradioughal (Quand il reviendra), un air régulièrement revisité depuis par des artistes qui l'ont écouté comme Cheb Mami, Zebda ou le danseur et chorégraphe Mourad Merzouki.