Quelle mission pour le 11e forum des pays exportateurs de gaz ? N'étant ni une OPEP-Bis et encore moins un organe de régulation, le FPEG servira-t-il à redresser le marché gazier ? Pourtant de cette réunion, beaucoup de choses sont attendues puisque même, informelles, les décisions prises lors de cette rencontre pourront influer sur le cours des événements. Et le ministre de l'Energie et des Mines, M. Youcef Yousfi, et en partie prenante "affectée" par la situation du gaz, se rendra, aujourd'hui, à Doha pour présider ce forum des pays exportateurs de Gaz (FPEG). Les Onze pays membres qui prendront part aux travaux de cette réunion ministérielle qui doit se porter au chevet du marché gazier assurent un quota de production estimé à 42 % de la production totale mondiale du gaz et disposent de 73 % des réserves mondiales de ce produit énergétique. L'ordre du jour de cette rencontre ne semble pas bien chargé puisque et en plus de la question d'organisation et du fonctionnement du forum, une seule question prend les devants de la scène. Il s'agirait vraisemblablement de la situation du marché international du gaz qui connaît une stagnation, notamment sur la demande du fait de la saturation du marché par des quantités en surplus. Cette réunion qui sera précédée par une autre destinée à des experts venus se pencher sur ce cas se tient dans un climat morose pour l'industrie gazière. Les prévisions de production de gaz pour les cinq années à venir sont plutôt alarmantes en attendant que la demande retrouve son niveau normal. Pour cela il faudra attendre 2013, prévoient les experts. Le déséquilibre du marché du gaz rejoint par de nouveaux operateurs est généré, en partie, par le développement par les Etats-Unis du gaz non conventionnel rendant les réserves de gaz américaines très importantes. Ces quantités de gaz non conventionnel représentent à peine 4 % des réserves mondiales de gaz, L'arrêt des importations de gaz par les USA a créé un surplus de production sur le marché international, favorisant ainsi l'ébullition des marchés spot. Les prix du gaz qui sont de 4 dollars contre 12 dollars sont aussi à l'origine de cette débâcle et nécessitent une révision à la hausse. Cela a emmené aussi beaucoup de pays de surseoir à leurs projets d'investissements trouvant peu encourageant de s'engager dans des constructions coûteuses pour un produit qui souffre de plus en plus et dont le marché ne cesse de s'effondrer. Ce qui ne semble pas être le cas de l'Algérie dont la baisse enregistrée sur le chapitre des exportations de gaz naturel et du GNL est estimée à 11% alors que le volume des échanges de gaz dans le monde s'est développé de 8,1% et ne l'empêchant pas d'engager des investissements dans ce secteur. D'ailleurs, "M. Yousfi refuse de remettre en cause la politique d'investissements à long terme adoptée par Sonatrach, en dépit de la morosité actuelle des marchés gaziers et pétroliers" rapporte l'APS. Le ministre algérien de l'Energie et des Mines est clair à ce propos : "Les investissements réalisés par Sonatrach pour le renforcement de ses capacités de production et d'exportation de gaz naturel, s'inscrivent dans une vision à long terme et ne dépendent pas de conjonctures ou de circonstances particulières et ponctuelles". L'Algérie considère que "la rentabilité de ses projets ne peut-être évaluée que sur une période de 20 à 30 ans. La production de GNL issu des trains de liquéfaction en construction n'interviendra que dans un horizon de deux à trois ans". M. Yousfi affiche même de l'optimisme et déclare que "nous sommes optimistes quant au timing de nos projets car la croissance de la demande devrait bientôt être au rendez-vous avec le redémarrage de l'économie des principaux pays consommateurs" expliquant "ce qui devrait absorber le surplus actuel". Selon le premier responsable du département de l'énergie et des mines "l'état actuel du marché gazier en Europe, avec une offre abondante de la Russie et l'arrivée d'autres fournisseurs sur ce marché très porteur et où la demande est constante, n'est pas de nature à mettre en danger les exportations de gaz algérien". Un choix qui peut être judicieux si l'on croit les avis des experts de l'Agence internationale de l'énergie (AIE) qui affichent un optimisme quant aux redressements des prix du gaz d'ici à une dizaine d'années.