"Les étrangers à eux seuls ne peuvent en aucun cas développer l'économie nationale". La déclaration a été faite, hier, par Issaâd Rebrab, PDG du groupe Cevital, lors d'une conférence qu'il a animée à l'université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou, à l'initiative de la faculté des sciences économiques. Abordant la question des investissements directs étrangers, dont le volume reste en deçà des attentes en Algérie, le pionnier de l'agroalimentaire se demande pourquoi accorder autant d'importance aux étrangers alors que le privé national, qui présente d'énormes potentialités et de capacités en matière d'investissement, est négligé. Rebrab estime aussi que les IDE peuvent être remplacés par l'investissement émanant des opérateurs économiques nationaux "à la seule condition de lever toutes les contraintes liées à la bureaucratie et au foncier". "La technologie est l'unique atout supplémentaire dont jouit l'investisseur étranger, et la technologie s'achète", a lâché Rebrab pour qui, "l'économie nationale aura à gagner beaucoup plus avec l'investisseur local qu'avec un étranger". Car, "le premier réinvestira ses fonds sur le marché national tandis que le second (l'étranger) procédera au rapatriement de ses bénéfices dans son pays", déclare-t-il, avant de conclure "en venant sur le marché national, l'investisseur étranger n'a que le profit comme objectif". Abordant la question de la contribution des entreprises privées au développement de l'économie nationale, M. Rebrab présentera des chiffres plus qu'appréciables sur la prospérité de son groupe : "En matière de fiscalité, nous avons payé près de 50 milliards de dinars depuis le lancement de la filière agroalimentaire en 1999, dont 14 milliards de dinars ont été versés au terme de l'exercice 2006 comme IBS, TVA, TAP et droits de douanes". Le chiffre d'affaires du groupe est passé de 3,2 milliards de dinars en 1999 à plus de 62 milliards de dinars en 2006. Pour ce qui est des perspectives de Cevital, Rebrab a présenté le programme des investissements qui s'étale de 2005 à 2010 que le groupe est en train de mettre à exécution actuellement. Le montage financier de ce programme est de l'ordre de 166 milliards de dinars, soit 2,3 milliards de dollars. Il comprend plus d'une dizaine de nouvelles unités dans des secteurs d'activité différents, dont l'agroalimentaire, avec sept nouvelles unités, le bâtiment avec le lancement d'une douzaine d'unités de production de bâtiment préfabriqué en béton. Le développement du secteur de l'agriculture est également au programme de Cevital avec son lancement, prochainement, dans la production et la transformation des agrumes, des fruits, la production laitière et animale, les cultures florales et la production d'aliments de bétail. En outre, Cevital compte se lancer dans la production de l'énergie solaire et de biodiesel. En plus de la production, le groupe de Rebrab compte dépasser le cap d'un milliard de dollars d'exportations d'ici 2009. Pour l'échéance 2015, Cevital compte réaliser le mégaprojet qu'il a prévu dans la région de Cap Djinet. En plus d'un port de 5000 ha, Rebrab avance toute une batterie de projets, dont un complexe sidérurgique, des unités de construction navale, automobile, des usines de production pétrochimique et d'électricité.