Qu'entendre par réformes économiques ? Préparer les entreprises publiques à une économie de concurrence ou carrément à leurs privatisations totales ou partielles alors que pour certains ultras, la réforme , le cœur des réformes, est la disparition totale des entreprises publiques. Réformer le fonctionnement de l'économie par l'apparition de nouveaux acteurs ? En réalité, pourquoi des réformes et pourquoi des privatisations quand il était tenté de faire accréditer la thèse selon laquelle le secteur public n'était pas apte à entrer en économie de marché ? Par le biais des privatisations, de la fin des assainissements financiers des entreprises publiques, donc de la fin de la protection sociale qui consistait à maintenir massivement les emplois existants, ce qui ne pouvait se faire que par le maintien en vie des entreprises publiques, cela permettrait d'équilibrer le budget de l'Etat par des coupes dans les dépenses publiques. C'était du moins ce qui se disait autour de l'idée de pouvoir réunir les conditions d'un remboursement des dettes étatiques contractées. Avions-nous épuisé le débat sur les raisons d'entrer dans l'économie de marché de façon à pouvoir dégager un consensus mobilisateur ? Pas du tout. Même le rééchelonnement auquel avait procédé le gouvernement de Réda Malek avait suscité des "moqueries" du genre "bââh le bled". C'était ces moqueries que les populations en avaient fait les leurs., Il est peut être temps de jeter un regard sur les conditions qui avaient motivé l'entrée de l'Algérie à la fois dans l'économie de marché et la consécration du pluralisme politique. Peut-être que cela permettrait de lever les obstacles rencontrés à ce jour dans la réalisation des objectifs poursuivis par les réformes. Tard, mais peut-être sur les deux voies, l'avancée n'a pas été conforme. Trop de promesses avaient été faites à l'époque. Bien au contraire, cela avait induit plutôt des impasses que des solutions, et cela avait engendré ce qu'on a appelé la tragédie nationale. Ouvrir le monde à l'Algérie ou l'Algérie au monde ? Cela fait depuis longtemps qu'il a été promis une victoire sur les deux tableaux. Ouvrir l'Algérie au monde et le monde à l'Algérie. Nous sommes en général dans le premier cas dans un contexte où c'est notre capacité financière qui est convoitée car elle fait de notre pays un excellent et fidèle client qui paie en plus dans les délais définis par contrat. On dit que l'Algérie a une signature de qualité. On le dit depuis longtemps déjà pour expliquer que notre pays paie ses dettes rubis sur l'ongle, malgré que les engagements étrangers à transmettre le savoir-faire et l'expertise technologique n'ont pratiquement jamais été tenus. Ouvrir donc l'Algérie au monde a été perçu comme procédant de la volonté d'ouvrir tout notre marché aux importations, ce que redoutaient à l'époque nos différents experts qui conjuraient le fait que cette ouverture fasse de notre pays un immense "souk", un bazar, disaient ils, avec des marchandises venues de toute part chez nous ; Les gouvernants étrangers ainsi que leurs entrepreneurs nous avaient bien promis qu'en " récompense " des réformes économiques libérales et de l'ouverture de notre économie au monde, les investisseurs étrangers ne manqueraient pas de se précipiter en masse chez nous et de contribuer énormément à notre développement. Depuis la déclaration de l'intention, avant même que cela ne fut une décision d'intégrer notre économie dans le courant capitaliste du monde ( un courant dénoncé durant trois décennies comme étant d'essence impérialiste), rien ne s'est produit de bien pour nous. L'individualisme a pris le dessus sur le sentiment d'une destinée commune à tous, à part le football ou plutôt la dignité nationale qui nous rappelle que nous partageons la plus grande des valeurs nationales et que peut-être que tout n'est par perdu encore.