L'Irlande commencera à puiser au début de l'année prochaine dans les 85 milliards d'euros mis à disposition par l'UE et le FMI, a annoncé vendredi le ministre des Finances Brian Lenihan. Les premiers fonds seront affectés à une partie des besoins d'emprunt du pays. "Il est prévu que l'utilisation des financements extérieurs commencera au début de l'année prochaine", a déclaré Brian Lenihan devant le parlement irlandais. Sur les 85 milliards d'euros, 50 milliards sont destinés à répondre pendant trois ans aux besoins de Dublin en matière d'emprunt. Les 35 milliards restants doivent servir à remettre sur pied le secteur bancaire. Notons que l'agence de notation américaine Fitch a dégradé de trois crans son appréciation de la dette souveraine de l'Irlande jeudi, jugeant que le plan de sauvetage international mis en place pour ce pays témoignait de la gravité de sa situation financière. La note est passée de A+ à BBB+. L'abaissement de la note a pour conséquence une augmentation des intérêts lorsque l'Etat emprunte sur les marchés financiers, qui se protègent ainsi contre le risque d'insolvabilité. Le coût du crédit et donc la dette s'alourdissent d'autant pour le pays concerné. Le directeur de la notation des dettes souveraines chez Fitch, Chris Price, a estimé que le plan de sauvetage de 67,5 milliards d'euros débloqués par l'Union européenne et le Fonds monétaire international (FMI) était la preuve de l'incapacité de l'Irlande à se sortir seule de sa crise de la dette. Dublin a accepté ce plan après avoir tenté pendant deux ans de secourir seul son système bancaire mis en péril par l'éclatement de la bulle immobilière. Le Parlement irlandais a adopté à une courte majorité mardi soir une première série de mesures dans le cadre d'un budget 2011 d'une sévérité sans précédent, contrepartie du plan de sauvetage international. Il prévoit six milliards d'euros d'économies par rapport à 2010, par des coupes claires dans les dépenses publiques et des hausses d'impôts dont le poids est estimé à 3.000 euros par an par foyer irlandais moyen. Dublin entend ainsi ramener son déficit public, actuellement de 32% du produit intérieur brut (PIB), dans la limite des 3% que sont censés respecter les pays de la zone euro, d'ici 2014. L'examen du budget et les divers votes pourraient durer jusqu'en mars. La Commission européenne estime de son côté qu'il faudra cinq ans pour atteindre l'objectif. C'est le quatrième budget d'urgence en Irlande depuis 2008. Par ailleurs, Dublin compte réprimander les banques, déjà dans le collimateur des régulateurs . L'Etat s'apprête à taxer à hauteur de 90% les bonus attribués par les établissements bancaires, sur fond de scandale déclenché par Allied Irish Bank (AIB). La Banque irlandaise a prévu d'accorder 40 millions d'euros de bonus à son personnel en 2009 alors même que l'Etat a déjà déboursé plus de 50 milliards d'euros pour venir à la rescousse de ses banques. Le sauvetage du système financier a d'ailleurs plombé les déficits publics de l' Etat et précipité le nécessaire soutien de l'Europe et du FMI. Et sur les 85 milliards d'aide accordée à l'Irlande, un montant de 35 milliards porte sur la restructuration des banques irlandaises. L'amendement que le ministre des Finances irlandais, Brian Lenihan, souhaite ajouter à la loi de finances qui sera examinée en début d'année prochaine ne concernera cependant pas les bonus qu'AIB s'apprête à verser à ses employés pour l'année 2009, a précisé une porte-parole du ministère des Finances. De fait, "la taxe ne s'appliquera pas de façon rétroactive" car ce serait illégal, a ajouté la membre du ministère.