Au moment où les flux commerciaux se multiplient à la vitesse grand V, particulièrement en Méditerranée, l'Algérie manque cruellement d'un port de dimension mondiale. De l'aveu même du ministre des Travaux publics, M. Amar Ghoul, les ports commerciaux subissent une forte pression. Pour faire face à la situation, les pouvoirs publics ont initié un programme de mise à niveau des infrastructures portuaires. Un plan axé, selon les propos du ministre qui a accordé un entretien au cabinet de consulting britannique Oxford Business Group, autour " d'opérations de dragage, de confortement et d'extension". Amar Ghoul a également précisé que "le secteur des transports s'est engagé dans des opérations de modernisation de la gestion des ports de commerce et la mise en place d'équipements de manutention, de contrôle du trafic et de sécurité maritime".Néanmoins, une question demeure en suspens. Ces opérations suffiront-elles pour faire face à l'évolution rapide des échanges ? D'autant plus que les coûts du transport maritime, la faiblesse de la logistique et la lenteur des procédures administratives constituent un sérieux frein au développement des opérations de commerce extérieur en Algérie. Selon une récente étude du réseau Anima portant sur le développement des infrastructures portuaires en Méditerranée, l'Algérie cumule les mauvais points, tant du point de vue de la qualité des infrastructures et des services que des procédures administratives. L'Algérie se positionne, d'ailleurs, en bas du classement. De l'avis de M. Abdelkader Boumessila, consultant, ancien président-directeur général de l'entreprise portuaire de Béjaïa, les ports algériens ont évolué de manière très marginale par rapport aux changements intervenus au cours de ces vingt dernières années dans le monde des transports maritimes en général, ils ont cumulé fatalement d'importants retards à tous les niveaux. Le port algérien est demeuré recroquevillé sur lui-même, alors que l'ensemble des systèmes méditerranéens se sont, depuis longtemps, adaptés aux nouvelles exigences technologiques, managériales et organisationnelles. Ainsi, le paysage portuaire algérien ne s'est jamais débarrassé de la présence continue de ces armadas de navires qui n'ont cessé de le particulariser depuis le début de la décennie 70. Selon l'expert, aucun changement n'a été opéré dans la gestion portuaire, même les conditions et les modalités d'exercice des activités de remorquage, de manutention et d'acconage dans les ports n'ont subi aucun effet actif. Au-delà de la lourdeur de la gestion portuaire, les ports algériens sont devenus au fil des ans sources de pertes impactant la balance des paiements. Ainsi, l'économie algérienne perd chaque année 2,6 milliards de dollars en coûts de fret en raison de la taille de ses ports. Faisant le constat, Issad Rebrab, P-DG du groupe Cevital, estime qu'un container qui est transporté entre le port de Rotterdam ou Anvers et Singapour ou Hong Kong, sur 8.000 km coûte 500 dollars. Le même container qui viendrait de Singapour ou de Hong Kong vers l'Algérie coûte 3.000 dollars. Celui-ci a, d'ailleurs, plaidé pour la création de trois grands ports de 1.000 à 5.000 hectares, de 15 à 20 km de quais. Un avis partagé par Abdelkader Boumessila qui considère que l'Algérie doit, dans sa stratégie de développement, se doter de deux ou trois ports de taille mondiale envisagés dans chacune des wilayas (Skikda, Annaba, Boumerdès, Mostaganem), des ports qui offrent des avantages pour le développement industriel, des espaces assez aménagés avec un concept technologique conforme aux normes mondiales qui prévoient des surfaces de stockage de 70 000 ha et un tirant d'eau d 'eau moins 18 m de profondeur susceptible d'accueillir des navires de gros tonnage et à fort tirant d'eau.