Docteur Abderrahmane MEBTOUL Expert International en management stratégique 4-Le système financier est -il adapté afin qu'il réponde tant aux politiques économiques internes qu'à la nouvelle logique industrielle mondiale, 'objectif de la réforme du système financier, condition d'accompagnement de la politique industrielle, n'est il pas de promouvoir l'investissement dans des actifs tangibles, les investissements devant être adossés à des actifs réels, le banquier ne devant pas être seulement prêteur mais co-investisseur et partenaire du projet financé, ses revenus correspondant à une quote-part des résultats issus du projet financé, permettent d'atténuer le risque selon le principe des 3P (Partage des Pertes et Profits) ? 5.- Cela ne suppose-t-il pas d'autres modes de financement, sans bien entendu renier les instruments classiques adaptés à certains secteurs, afin de dynamiser les projets facteur de croissance dont le retour du capital est lent et dont la rentabilité n'est qu'à moyen terme, dont par exemple l'extension du crédit-bail ? Les petites et moyennes entreprises (PME) jouant un rôle vital dans le développement économique, par l'accroissement de la concurrence, la promotion de l'innovation et la création d'emplois, ne sont-elles pas souvent confrontées à plusieurs défis en matière de croissance, qui varient des environnements macroéconomiques, les barrières administratives et la bureaucratie les pénalisant dans l'accès aux services financiers ? 6.-.A l'instar des pays développés ( USA/Europe) ne faudrait-il pas favoriser également en cohabitation avec les instruments classiques la finance islamique où d'ailleurs, certains savants musulmans ont pu émettre l'idée du cycle d'investissement concernant la durée de détention d'un titre de société intervenant par exemple dans le domaine agricole qui correspond au temps nécessaire pour semer, récolter et commercialiser, la décision de vente du titre étant alors justifiée par une véritable stratégie d'investissement mesurée par le retour sur investissement post cycle de récolte ? II- Une nouvelle gouvernance d'entreprise au Maghreb comme facteur d'adaptation Le terme " gouvernance " désigne la capacité d'une organisation d'être en mesure de contrôler et de réguler son propre fonctionnement afin d'éviter les conflits d'intérêts liés à la séparation entre les ayants-droits (actionnaires) et les acteurs. Le terme de " gouvernance politique " est utilisé dans le cas de l'interaction entre l'Etat (gouvernement) et la Société (citoyens et entreprises privées). Dans le cas d'une société ou un groupe industriel, on parle plutôt de " gouvernance d'entreprise ".La gouvernance du système d'information (Gouvernance SI ou en anglais IS Governance) consiste d'abord à fixer des objectifs liés à la stratégie de l'entreprise. Cette démarche permet de définir la manière dont le système d'information contribue à la création de valeur par l'entreprise et précise le rôle des différents acteurs en tenant compte de leurs enjeux de pouvoir. Les systèmes d'information "représentent une partie significative de la valeur ajoutée créée par les entreprises et les administrations. En moyenne, ils représentent 15 à 20 % du chiffre d'affaires des entreprises, soit environ 50 % de la valeur ajoutée générée par les entreprises. Mondialement, cela représente un montant de l'ordre de 20.000 à 25.000 milliards de dollars". Mais ce ne sont pas que des dépenses sans contreparties car une partie importante est constituée par des investissements qui permettent de développer la capacité de l'entreprise à créer de la valeur. Ceci fait que les différents métiers de l'entreprise sont directement impactés par la gouvernance des systèmes d'information. D'une manière plus générale les systèmes d'information jouent un rôle fondamental dans le processus de la croissance économique mesurée par le ratio valeur ajoutée/salarié. La gouvernance d'entreprise , à ne pas confondre avec la gouvernance des technologies de l'information qui se limite à l'utilisation efficace de l'informatique afin d'améliorer l'efficacité et la productivité des entreprises ou des organisations, a pour but d'améliorer le fonctionnement des organisations englobant la direction du Système d'Information mais également tous les métiers de l'entreprise qui concourent à la création de valeur afin de dégager plus de chiffre d'affaires par salarié, d'améliorer le taux de marge de l'entreprise et ainsi d'améliorer sa rentabilité globale. Elle est liée aux règles de pilotage en fixant des objectifs liés à la stratégie de l'entreprise, en liant les innovations permis par le système d'information en créant de nouveaux produits, des processus innovateurs ou des services plus efficaces et enfin en prenant en compte la valeur ajoutée créée par le système d'information et pas seulement de se concentrer sur ses dépenses. L'approche opérationnelle est celle de l'urbanisation du SI (Système d'Information) qui consiste à étudier les différents secteurs fonctionnels d'une entreprise (production, administration, ventes, etc.), afin d'être en mesure d'en réaliser une cartographie, puis d'étudier de la même manière son système d'information., ce terme étant utilisé par analogie avec les travaux d'architecture et d'urbanisme dans une ville en comparant une entreprise avec une ville et ses différents quartiers, zones et blocs. L'objectif d'une démarche d'urbanisation est donc d'aboutir à une structuration du système d'information permettant d'en améliorer ses performances et son évolutivité et ce grace aux systèmes de réseaux, le " réseau " étant défini comme un ensemble d'entités (objets, personnes, etc.) interconnectées les unes avec les autres, permettant de faire circuler des éléments matériels ou immatériels entre chacune de ces entités selon des règles bien définies. Cependant, la mondialisation de l'économie et les tentatives de régulation du commerce exacerbant la compétitivité économique entre les pays et entre les entreprises ont conduit les Etats à mettre en œuvre une politique publique participative d'intelligence économique plus ou moins évoluée en fonction de leur culture. La théorie de l'intelligence économique permet aux entreprises et aux institutions de connaître mieux et plus vite leur environnement concurrentiel, vivant dans un monde incertain et instable d'apporter des éléments de décisions non financiers en amont de fusions acquisitions lors des prises de participation, et d'aider à augmenter l'efficacité commerciale. On désigne sous le nom d'Intelligence Economique d'Entreprise l'instrument qui permet d'accroître notablement la performance c'est-à-dire de manière organisée et pilotée, à la création de valeur grâce à l'information juste, juste à temps ", selon la formule de Robert Guillaumot. Gérer l'intelligence économique se traduit par la capacité des entreprises à anticiper les éventuelles fluctuations et savoir prendre des décisions, et ce par la mise en place des systèmes d'informations. (1) Voir Abderrahmane Mebtoul " les enjeux de l'entreprise dans le cadre de l'intégration maghrébine " contribution ronéotypée Institut arabe des chefs d'entreprises décembre 2010 disponible sur le site IACE. L'ensemble des contributions de ce séminaire international seront publiées le premier trimestre 2011 en un ouvrage collectif conjointement avec la collaboration de la commission économique européenne.