Je me propose de livrer quelques remarques et propositions sur les finalités du processus de privatisation en Algérie, résultats non concluants à ce jour, d'autant plus que l'Algérie a adhéré à la zone de libre échange avec l'Europe, et que ce dossier pose problème dans les négociations avec l'organisation mondiale. Nous nous retrouvons toujours, à quelques variantes près, avec les mêmes listes élaborées en 1999 et depuis avec des dépenses de voyage et d'expertise importantes et inutiles. La privatisation est un élément fondamental d'une politique de relance et doit être au cœur de la nouvelle politique économique pour trois raisons essentielles : à savoir sa contribution à l'effort de stabilisation macro économique, à la promotion des exportations hors hydrocarbures et à la transformation globale de l'économie par la réduction du chômage. Le premier effet concerne son impact sur la réduction du déficit budgétaire. En effet l'expérience de ces dernières années (plus de 40 milliards de dollars consacrés à l'assainissement des entreprises publiques plus 4 milliards de dollars dans la loi de finances 2008 de quoi créer un million de logements de 70 m2) a montré ses limites. Car selon les estimations officielles du Gouvernement pour 2007, plus de 70% des entreprises publiques sont déstructurées sur les 1255. Seuls 365 ont un actif net supérieur au quart de leur capital social et une trésorerie supérieure à un mois de leur chiffre d'affaires et les dettes à court terme représentent les 2/3 de leur endettement. Par ailleurs, ils pèsent moins de 10% de la valeur ajoutée de l'économie nationale et n' emploient que 335.000 salariés sur 710.000 de l'ensemble du secteur économique public (EPE- secteur de l'énergie et les hydrocarbures EPIC) et les principaux indicateurs chiffre d'affaires, productivité, emploi régressent d'année en année. Ce déficit cumulé avec l'envolée des dépenses improductives (peu de rigueur dans la gestion des services collectifs) explique le retour pour les années 2007/2008 du chômage et du processus inflationniste, élevés, l'endettement intérieur et extérieur que l'on a épongé provisoirement grâce aux recettes exceptionnelles des hydrocarbures, remettant en cause la stabilité des équilibres macro-économiques éphémères sans les réformes structurelles , donc risquant de revenir à la case de départ, car ne s'attaquant pas aux causes qui rongent le corps social, enfermant le pays dans la stagflation (cumul de la croissance négative de l'inflation et du chômage). A cet effet la privatisation, qui n'est certes pas la panacée, est un moyen d'atténuation des déficits budgétaires et des dépenses publiques par l'optimalisation des dépenses. Le deuxième effet positif est que la privatisation est l'élément incontournable de la dynamisation des exportations hors hydrocarbures. En effet, au vu de données, et en fonction de différents scénarios, il est démontré que seule une dynamisation des exportations hors hydrocarbures qui restent plafonnées à moins de un milliard de dollars (moins de 2% avec 50% de déchets ferreux et non ferreux depuis des décennies) est à même de permettre au pays une croissance durable et par là la résorption du chômage, l'actuelle stratégie industrielle étant déconnectée des nouvelles mutations mondiales. En effet reposer le développement tant sur les monopoles, source de surcoût et de gaspillage (les grosses sociétés nationales organisation des années 1970) et sur une ressource éphémère fluctuante, peut conduire le pays à une impasse, voire à une réédition des scénarios d'endettement des années 1986 et de 1994. La privatisation peut constituer une alternative dans la mesure où seule 1' entreprise privée de par ses mécanismes souples de gestion est à même de s'adapter rapidement aux aléas tant commerciaux que d'ordre monétaires et financiers d'où l'urgence à l'avenir de saisir les évolutions erratiques des cours des monnaies, notamment le Yen, le Dollar et l'Euro ainsi que les mécanismes boursiers. Enfin le troisième effet positif est que les structures étatiques sont rigides par définition, malgré souvent la bonne volonté des gestionnaires soumis à des interférences administratives. Seule la privatisation est à même d'être le moteur de la croissance de l'économie nationale car favorisant l'émergence de structures concurrentielles, de nouveaux comportements fondés sur le risque et une nouvelle culture de l'entreprise. Ainsi les nouveaux managers naissants s'adapteront au changement tant interne qu'externe du fait que la nouvelle logique de la politique économique reposera sur la demande (la sanction étant le marché) et non plus exclusivement sur l'offre comme dans l'ancien système de gestion centralisé. Les faillites, les alliances favoriseront donc cet esprit d'entreprise sans lequel il ne peut y avoir une croissance durable mettant fin à cette illusion de versement de salaires sans contreparties productives, de création d'emplois fictifs que certaines statistiques officielles ne décodent toujours pas. Il appartiendra à l'Etat régulateur de faire respecter le contrat entre les employeurs et les salariés afin que la logique du profit ne porte atteinte à la dignité des travailleurs. Mais en n'oubliant jamais que la plus grande dévalorisation morale dans toute société et d'être un chômeur ou un assisté. L'important n'est pas de travailler chez le privé national, international ou chez l'Etat, l'important pour nos enfants est de trouver un emploi durable. Car le secteur public économique a montré ses limites. Longtemps perçu comme le porteur du progrès social, il est considéré aujourd'hui comme un gaspilleur de ressources. Ce secteur public serait quelque part devenu " antisocial " ou perçu comme tel. Une telle image se répercute directement sur l'Etat qui demeure très attaché à la sauvegarde des équilibres sociaux. Par ailleurs, la quasi-dépendance de notre économie de la conjoncture pétrolière incite à développer notre degré de liberté pour la résolution de l'équation financière externe, le problème étant de remplir les conditions auxquelles sont subordonnés les apports internationaux de capitaux, d'accès aux nouvelles technologies et de pénétration de marchés. De cet axe d'analyse, il en ressort que des évolutions déterminées devraient intervenir pour démarquer et reformuler le rôle de l'Etat. En d'autres termes l'Etat entrepreneur et exploitant direct doit s'effacer peu à peu pour laisser place à un Etat exerçant la puissance publique et qui sera conforté dans ses missions naturelles d'arbitrage et de régulation par un front économique interne. Ce front devrait permettre aux différents acteurs économiques de réhabiliter leur rôle stratégique dans une vision nouvelle du développement. Ceci implique le transfert du secteur public à un statut privé de façon à passer d'un système productif foncièrement extensif à un système intensif, le but essentiel étant de mieux gérer les entreprises et de maximiser la création de richesses. En parallèle à ce nouveau " deal " entre l'Etat et les entrepreneurs, une série d'évolutions et de réformes liées à l'environnement économique est à même d'une part de créer un climat de confiance afin de susciter l'intérêt des investisseurs nationaux et étrangers et d'assurer la crédibilité de l'Etat d'autre part. Dans ce cadre, la bureaucratie héritage d'une économie administrée constitue une des contraintes les plus fortes dont l'éradication est absolument nécessaire pour insuffler au marché la dynamique et la fluidité attendues. Sur le plan du système financier, il est fondamental de promouvoir l'adaptation du système bancaire et de la fiscalité. La mise à niveau du système bancaire est un des axes de promotion à privilégier, car c'est au sein de cette sphère que les rythmes de croissance seront arbitrés à titre principal. L'objectif à viser, est d'aboutir à un système bancaire affranchi des ingérences, plus efficient et plus en harmonie avec les exigences d'une intermédiation financière performante et orientée vers l'économie de marché de capitaux. Jusqu'ici, la situation financière des banques publiques a constitué une contrainte qui a inhibé toute velléité de restructuration. Aussi il y aurait lieu de dégager un scénario pour leur sauvegarde et leur insertion dans la stratégie globale de privatisation. Pour ce qui est du système fiscal, celui-ci doit être plus incitatif tout en autorisant une grande rigueur dans son application en vue de la lutte contre l'évasion fiscale par la mise en place d'un système d'information et de communication plus moderne et moins sujet à interprétation. Il est également proposé d'améliorer la lisibilité de la politique générale de l'Etat par référence notamment à une nouvelle loi cadre de planification budgétaire. Il est enfin préconisé de simplifier et regrouper dans un cadre plus cohérent, l'organisation institutionnelle chargée d'exécuter une politique désormais plus claire de libéralisation de l'économie et pourquoi pas un grand Ministère de l'Economie scindé en plusieurs Secrétariats d'Etat techniques. 3. Définir clairement les objectifs et maîtriser les techniques d'évaluation La privatisation ne peut intervenir avec succès que si elle s'accompagne d'un univers concurrentiel et un dialogue soutenu. Un processus de libéralisation doit porter le transfert au secteur privé des activités entrepreneuriales. Cela implique, par exemple :1-la suppression des barrières à l'entrée, afin de favoriser l'introduction de nouveaux produits sur le marché. ;2.- la réorganisation interne de l'entreprise privatisée (aux normes des entreprises concurrentes internationales) ; 3- et enfin, la mise en place d'une instance de régulation, véritablement impartiale . La privatisation répond à de nombreux objectifs qui ne sont pas tous compatibles et qu'il convient de hiérarchiser dans la formulation d'un programme de privatisation, synthétiquement et sans être exhaustif on peut citer les items suivants en soulignant le fait qu'elles ne sauraient s'assimiler au bradage du patrimoine public : Dans le cas de l'Algérie, les objectifs peuvent varier et être adaptés en fonction de l'activité ou de l'entreprise objet de la privatisation. Docteur Abderrahmane MEBTOUL Expert International Ex Président du conseil National des privatisations -08 mai 2008- A suivre... Abderrahmane MEBTOUL- Diplômé en expertise comptable de l'Institut supérieur de gestion de Lille France, Docteur d'Etat Es Sciences Economiques ( 1974) Ex Président du Conseil National des Privatisations (Algérie) ;enseigne actuellement les doctorats à l'Université d'Oran , spécialité management stratégique des institutions (1) Communication du docteur Abderrahmane MEBTOUL " Le développement de l'Afrique :un enjeu majeur " suite à l'invitation de M. Steve GUNDERSON Président et Directeur Général du Council on Foundations (Conseil des fondations de Washington ) et Miss Jennifer KENNEDY " GCDF Gunderson Council Foundation " qui sera versée à une importante rencontre internationale consacrée à l'Afrique pour ce IIème Congrès qui se tiendra du 26 au 30 mai 2008 à New York (USA) rencontre co-organisée avec la fondation Bill et Melinda Gates et sponsorisée notamment par les importantes fondations Rockefeller, Ford, MacArthur, Andrew Mellon, Carnegie et Hewlett ,qui verra la présence de plusieurs centaines de personnalités mondiales, et qui traitera du développement humain à travers les sommets sur l'OMD ( Objectif du Millenium pour le développement) et l'OMC (Organisation Mondiale du Commerce).