Le ministère du Commerce vient d'établir deux listes de produits dont "le retrait n'a pas encore eu lieu" parmi les marchandises bénéficiant d'une exonération des droits de douanes, selon M. Mustapha Benbada. Le ministre du Commerce plaide pour "un temps de réflexion", d'ici à 2020, pour se préparer au démantèlement tarifaire dans le cadre de l'accord d'association avec l'Union européenne. Ce recul calculé a le mérite de reconnaître que notre pays n'est pas encore fin prêt pour livrer une bataille commerciale dans un environnement où la concurrence est féroce. Ce temps d'arrêt permettra surtout aux entreprises nationales et aux produits algériens de se frayer un chemin et s'imposer sur le marché mondial. Ce qui est loin de la coupe aux lèvres. Ce retrait stratégique s'est illustré par l'indexation des listes 2 et 3 comportant des produits finis et dont la plupart sont produits en Algérie et qui sont sujets à des discussions avec l'UE. Elles portent sur l'introduction d'une liste négative de 1 740 produits industriels destinés, dans leur majorité, à la consommation finale. Interrogé sur les négociations liées à la liste négative des produits importés des pays arabes dans le cadre de la Zone arabe de libre-échange (ZALE), le ministre a répondu que les autorités algériennes avaient entamé des pourparlers avec le Comité de négociation au sein de la Ligue arabe en vue de valider cette liste. La seconde liste contient 36 autres produits agricoles et agroindustriels. Mustapha Benbada fait remarquer que " lever les barrières douanières tuerait le produit "made in Algeria". Les pertes des recettes douanières se sont élevées à 2,5 milliards de dollars entre 2005 et 2009 et atteindront 8 milliards de dollars d'ici à 2017. Selon M. Cherif Zaâf, directeur général du commerce extérieur au ministère du Commerce "sur chaque dollar exporté vers l'UE, l'Algérie importe 20 dollars". C'est donc pour parer à cela que les pouvoirs publics veulent préserver le produit "Made in Algeria" et préfèrent, d'ailleurs, prendre du recul à propos du démantèlement des dispositions tarifaires et douanières relatives à l'accord d'association entre l'Algérie et l'Union européenne. Une demande vient d'être formulée auprès de l'UE et concernant la révision du rythme de démantèlement. Cette requête concerne particulièrement le report à 2020 du délai de démantèlement total des barrières prévu pour l'année 2017 et rentrant dans le cadre de l'accord entré en vigueur le 1er septembre 2005. M. Benbada explique la démarche de l'Algérie qui a proposé de décaler les dates butoir du démantèlement progressif et final. Ce qui était initialement prévu pour 2012, 2015 et 2017 passera respectivement à 2015, 2017 et 2020. Cela permettra "d'accorder une phase de transition supplémentaire à nos entreprises pour se préparer à l'ouverture", affirme le ministre du Commerce qui rassure que "nous sommes en train d'exercer notre droit " et " les autorités algériennes avaient agi, pour cette demande dans le cadre des termes de l'accord d'association, notamment les articles 9 et 11". Des pourparlers sont en cours avec le partenaire européen. "Ce n'est pas des négociations, mais, des consultations et des discussions". M. Benbada précise qu'"il s'agit d'une révision du calendrier et du rythme de démantèlement des dispositions tarifaires et douanières. Il n'y a pas de problème sur la légalité de cette démarche ni une remise en cause de l'accord, c'est juste une question d'interprétation". Le ministre a, par ailleurs, exclu que les révisions faites par l'Algérie sur les termes des accords avec l'UE et la ZALE pourraient avoir des retombées sur les négociations en vue d'accéder à l'Organisation mondiale du commerce (OMC). "Ces révisions s'inscrivent dans le cadre du principe de souveraineté nationale et de la protection des intérêts économiques du pays. Elles n'auront pas un impact sur le processus d'adhésion à l'OMC", a-t-il affirmé rappelant que tous les pays, y compris ceux les plus libéraux, étaient "contraints d'engager des procédures protectionnistes suite à la crise économique mondiale en 2008".