En ce moment même, se déroule dans trois endroits différents trois festivals internationaux qui concernent le cinéma, la danse et la musique. Ouvert jeudi dernier à Oran, le Festival international du film arabe d'Oran aurait survécu malgré les supputations et les hésitations des décideurs qui semblet-il, n'étaient pas très enclins à maintenir une manif qu'ils n'avaient pas eux-mêmes enfantées. Au Théâtre national algérien (TNA) se déroule, depuis samedi, la deuxième édition du Festival international de la danse contemporaine englobant 12 compagnies de danse venues de 14 pays dont l'Algérie, la Suède, la France, le Portugal, la Syrie, les USA, le Liban, la Tunisie. Au total 240 danseurs se relayeront sur la scène du TNA pour montrer leurs plus prestigieuses inventions et ce, jusqu'au 23 décembre. Toujours à Alger, à la salle Ibn Zeidoun de Riad El Feth s'ouvrira aujourd'hui, le Festival international de musique andalouse et de musiques anciennes (Fimama) qui se poursuivra jusqu'au 30 du mois. A peine un festival se clôt qu'un autre s'ouvre. La semaine dernière, l'excellent festival de la musique symphonique internationale qui s'est étalé sur cinq jours, a permis à tous les amoureux des arts lyriques de retrouver les plus beaux morceaux classiques au TNA, chaque soir dans une ambiance pieuse. Plus à l'est à Batna exactement, s'était clôt le 18 décembre dernier, le deuxième festival national du théâtre amazigh. Onze pièces de différents genres étaient à l'affiche dans ce rendez-vous placé sous la thématique "Réalité et perspectives". Un thème que les organisateurs trouvent justifié par le renforcement des échanges entre les associations, les coopératives et les théâtres régionaux pour contribuer au développement du théâtre amazigh, et renforcer l'identité amazighe. Le festival national du théâtre amazigh de Batna est conçu pour faire entendre des textes de théâtre et les représenter avec une langue amazighe. Durant la cinquième édition du Fimama, les mélomanes pourront s'abreuver de Artemandoline, l'orchestre baroque qui va interpréter le Concerto di ripieno do maggiore d'Antonio Vivaldi. Cet orchestre est entièrement constitué d'instruments d'époque. La cérémonie d'ouverture prévue demain sera marquée par le concert de Smaïl Hakem et celui de Shirin et son mari Ranajit Sengupta, deux chanteurs qui nous viennent d'Inde. La musique indoue, une des plus anciennes au monde, s'est beaucoup conservée malgré la marque du temps. Les " ragas " indoues seraient à rapprocher des " tubû' " andalous. Transmise grâce à une pédagogie traditionnelle, la musique de l'Inde s'appuie sur une chaîne de transmission maître à élève. Le couple indou vous invitera à un voyage musical dans le " khyal ", un genre prisé dans le nord de l'Inde. Shirin a fait ses classes chez des maîtres traditionnels avant de compléter sa formation à la " Sangeet Research Academy ". Ranajit Sengupta est considéré, quant à lui, comme un des plus talentueux joueurs de Sarod, un instrument créé au XIXème siècle pour remplacer l'ancien sitar. Avec le festival de la danse contemporaine, les algérois auront toute la latitude de choisir selon leur goût où aller. Plus coûteux et plus rare, le festival du cinéma dont beaucoup ont disparu à l'image de Cannes juniors qui n'a vécu que le temps de deux éditions, le festival du film arabe d'Oran attire plus d'attentions que les autres. La preuve, c'est que les salles comme la cinémathèque ou alors le Maghreb refaites à neuf ne désemplissent pas, tant le public n'a pas toujours la chance d'aller à la rencontre d'œuvres cinématographiques qui n'ont pas été vues ailleurs. Ce qui est regrettable en revanche, c'est que la grande majorité des festivals se déroule dans la capitale, privant ainsi la quasi-totalité des algériens de bénéficier de rencontres culturelles qui peuvent apporter beaucoup à un peuple qui n'a pratiquement pas d'endroit de loisirs. " En 2010 nous sommes arrivés à institutionnaliser 150 festivals contre 3 en l'an 2000 !" a souligné la ministre de la Culture, Khalida Toumi lors de son passage, samedi dernier, dans une émission politique de la chaîne III. Le nombre est important, mais les algériens ne semblent pas encore être dans la peau de ceux qui réfléchissent par et pour la culture. Un travail de fond est nécessaire pour avoir un regard neuf sur des festivités purement distractives et activistes.