La cinémathèque d'Oran connait une influence plutôt mitigée du public oranais. Comme quoi les préoccupations sont ailleurs... Jeudi, la veille de la clôture du Festival international du film arabe, le commissaire du dit festival, M.Hamraoui Habib Chawki, en présence du wali d'Oran et du vice-président de la Ligue arabe, Mohamed El Khamlidji a, lors d'une cérémonie, qui s'est déroulée à l'hôtel Sheraton, tenu à rendre hommage au grand acteur égyptien Ahmed Zaki, disparu à l'âge de 56 ans, en 2005, après avoir campé son tout dernier rôle au grand écran, le rôle du majestueux chanteur de charme Abdelhalim Hafez. Un trophée d'honneur représentant l'Ahaggar a été remis au président du jury, l'acteur Hussein Fehmi, à la mémoire de feu Ahmed Zaki dont Hussein dira avoir été son ami intime. Un second est remis à Lakhdar Hamina qui saluera la louable initiative de HHC «grâce à qui ce festival connaitra assurément une ascension fulgurante» d'après ses dires avant d'être chaleureusement applaudi par l'assistance. Le détenteur de la Palme d'or à Cannes en 1975, fera remarquer aussi, que c'est la première fois dans l'histoire du cinéma qu'il est honoré dans son pays après l'avoir été dans le monde. Cette cérémonie a été, en outre, marquée par la projection de son film La dernière image. Dans la journée, plusieurs films ont été projetés à la Cinémathèque. D'abord, un film égyptien intitulé Jeux d'amour. Du réalisateur Mohamed Ali (2006), ce film évoque les relations homme/ femme dans la société égyptienne. Un regard nouveau braqué sur la vie moderne de ces jeunes gens. Quel regard porte- t- on sur la femme émancipée dans la société arabe? Comme espace, le monde de la mode, censé être ouvert, l'on constate que les mentalités étriquées ont la peau dure. Et les qu'en-dira-t-on aussi. Leïla, créatrice de mode, femme libre et forte se voit abandonnée par l'homme avec qui elle vit et ce, dès qu'elle lui parle de mariage et son patron n'a de cesse que de se disputer avec sa femme. Manque de communication, hypocrisie des sociétés arabes sont dévoilées dans ce film tourné à l'américaine, style Coup de foudre à Nothing Hill. On y passe un bon moment, en se regardant dan ce miroir..Under the ceiling, (sous le toit) est un film syrien de Nidhal Edabs qui, dans un autre registre, met en scène également le rapport complexe qui lie les humains. Entre amour et militantisme, ce film ambigu et long laisse entrevoir grâce à Marwan, un vidéographe et réalisateur et son amie qui vient de perdre son mari Ahmed, leur chef de file, un sentiment de tristesse et de désolation profonde. Un monde où le malaise est certain et dégouline comme cette eau qui suinte de ce plafond usé... Ce long métrage sombre décrit aussi le sentiment d'exil que ressentent les Syriens après la fameuse guerre de 1967 et cette profonde blessure qu'ils garderont toute leur vie...De la sensualité peinte, ce long métrage dessine les traits d'une Carmen syrienne désabusée. L'Egypte est revenue le soir avec un autre film à la veine sociodramatique. Couper coller de la réalisatrice Hala Khalil est un film qui possède tous les bons ingrédients pour retenir l'attention du public et nous plonger dans les problèmes de l'Egypte d'aujourd'hui. Chômage, envie de partir et quitter le pays pour un ciel plus clément, l'amour, le sexe, la pauvreté...Le film peint le portrait d'une société qui malgré toutes les embûches rencontrées, essaye de s'en sortir par tous les moyens et ne baisse pas les bras. Car si le pays les a laissés tomber, eux sont obligés de se battre...De la vie enfin coûte que coûte! Un film qui nous apprend à lâcher du lest pour pouvoir s'abandonner un peu à notre destinée, car notre vie n'est pas une série d'événements qu'on pourrait copier et coller pour réaliser un superbe tableau...tel est un peu son message. Ce film est rehaussé par la présence de la figure montante du cinéma égyptien Hanane Turk, déjà remarquée dans le film Dounia. Toujours en compétition officielle, la veille a été projeté Making off. Un film original du tunisien Nouri Bouzid, qui montre avec une intelligence pointue comment on arrive à embrigader un jeune adolescent pourtant mordu de musique et de danse, dans le camp intégriste terroriste. Une évolution tangible de la descente aux enfers est rendue avec une réelle précision. La pertinence de ce long métrage réside dans la partie «making off,» réalisée en vrai. Si ce dernier est tracé dans le scénario, les dialogues de ce chapitre sont, par contre, complètement improvisés. L'on découvre ainsi l'objectif et les appréhensions du réalisateur qui craint pour la suite de son film et dévoile ses idéaux: séparer la religion de la politique. Un film qui dénonce, ainsi, l'instrumentalisation de la religion au profit des causes partisanes. A saluer. Que des films en somme qui racontent leur société via l'image. Comme quoi le cinéma, en plus de divertir sert à cela aussi.