L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a annoncé son intention de développer le premier classement de la médecine traditionnelle et la création d'une base de données pour identifier ce type de pratique médicale. Ainsi, le Dr Marie-Paule Kieny sous-directrice générale de l'OMS pour l'innovation, l'information, les bases factuelles et la recherche, a remarqué que de nombreuses personnes ont recours à la médecine traditionnelle sur une grande échelle. Elle a déclaré, dans un communiqué publié sur le site officiel de l'organisation, qu'aujourd'hui ce type de médicament est pour beaucoup de gens, en particulier dans les régions de l'Océan pacifique, du Sud-Est asiatique, d'Afrique et d'Amérique latine, la première source de soins de santé, en notant l'utilisation croissante de la phytothérapie, l'acupuncture, et d'autres pratiques médicales traditionnelles dans différentes parties du monde. Kieny a indiqué que de nombreux pays ont élaboré des normes nationales pour la classification de la médecine populaire, mais il n'y a pas de système international de normalisation des données pouvant être utilisées à des fins cliniques, épidémiologiques et statistiques. L'OMS définit la médecine traditionnelle comme des connaissances, des compétences et des pratiques fondées sur des théories, des croyances et des expériences autochtones, appartenant à différentes cultures, qui sont utilisées pour maintenir la santé et la prévention des maladies physiques et psychologiques, ou d'un diagnostic ou un traitement, ou l'amélioration des conditions de la personne concernée. Et si la première étape essentielle est justement cette classification de l'OMS, ce serait une première qui pourrait changer la donne. Car, classifier la médecine traditionnelle voudrait dire en partie sa reconnaissance. Et ainsi, il va falloir penser également à la suite la plus complexe : celle de recenser les médicaments de la médecine traditionnelle et en faire la jonction avec la médecine moderne. Il est utile de savoir que la liste des médicaments essentiels est un inventaire des médicaments utilisés pour traiter des problèmes de santé préoccupants à l'échelle mondiale. Ils sont retenus sur la base d'un processus s'appuyant sur des bases factuelles et ayant pour principaux critères la qualité, l'innocuité, l'efficacité et le rapport coût-efficacité. La liste modèle, préparée pour la première fois par un groupe d'experts de l'OMS en 1977, puis révisée tous les deux ans pour tenir compte de l'évolution des problèmes de santé, donne aux Etats membres un exemple à adapter aux besoins nationaux. Dans cette première liste, 208 médicaments essentiels ont été inscrits pour combattre la charge mondiale de morbidité de l'époque. Aujourd'hui, la liste comporte 340 médicaments pour traiter des maladies prioritaires, comme le paludisme, le VIH/sida, la tuberculose, les problèmes de santé génésique et, de plus en plus, des maladies chroniques comme le cancer ou le diabète. Ainsi, une liste des médicaments de la médecine traditionnelle reconnue un jour par l'OMS serait une véritable révolution dans le monde de la santé et en particulier de la pharmacologie.