Les crédits accordés par la Banque mondiale à la Côte d'Ivoire ont "déjà" été gelés, a annoncé mercredi le président de la Banque mondiale Robert Zoellick après un entretien avec le président français Nicolas Sarkozy à l'Elysée. Interrogé par la presse sur le gel des crédits à la Côte d'Ivoire, M. Zoellick a répondu: "nous l'avons déjà fait" M. Zoellick a déclaré avoir discuté avec le président malien Amadou Toumani Touré de la nécessité, avec l'UEMOA (Union économique et monétaire ouest-africaine), de geler les prêts accordés à la Côte d'Ivoire - "ce qu'ils ont fait", a-t-il précisé. "Ils ont aussi programmé une réunion de ministres cette semaine pour affirmer et renforcer cette approche", a ajouté M. Zoellick. Pour plusieurs pays africains, notamment le Mali, la Côte d'Ivoire est un "partenaire économique essentiel", a-t-il rappelé. La Banque mondiale "travaille avec la Banque africaine de développement (BAD) pour suivre les pays de la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest) qui ont d'énormes enjeux, à la fois économiques et sur le plan monétaire", a-t-il expliqué. Nicolas Sarkozy et Robert Zoellick "sont convenus que les institutions financières internationales et les partenaires au développement de la Côte d'Ivoire ont un rôle à jouer pour favoriser une résolution rapide et pacifique de la crise actuelle, dans le respect de la volonté du peuple ivoirien exprimée lors des récentes élections", a précisé la présidence de la République dans un communiqué. Les organisations internationales ont quant à elles commencé à prendre des sanctions contre le clan Gbagbo, pour faire pression sur le président ivoirien sortant, qui refuse de céder la place au président élu reconnu par la communauté internationale Alassane Ouattara. Alassane Ouattara, reconnu président de la Côte d'Ivoire par la communauté internationale, a qualifié de manoeuvre politique la proposition de Laurent Gbagbo de faire venir un comité d'évaluation international chargé de vérifier les résultats du scrutin. A l'issue du second tour de la présidentielle, le 28 novembre, Laurent Gbagbo, chef de l'Etat sortant, a été désigné vainqueur par une Cour constitutionnelle acquise à sa cause. Il a réaffirmé mardi soir qu'il avait remporté l'élection présidentielle et a invité un "comité d'évaluation" international à venir vérifier la validité des résultats du scrutin. Ce comité, dirigé par un représentant de l'Union africaine, comprendrait des représentants de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cedeao), de l'UA, de la Ligue arabe, des Nations unies, des Etats-Unis, de l'Union européenne, de la Russie et de la Chine, a-t-il précisé. "Nous en avons fini avec ces ruses", a réagi Patrick Achi, porte-parole d'Alassane Ouattara, proclamé vainqueur par la commission électorale. "Ces cinq dernières années, il a tenté de faire reporter ces élections. Finalement, nous y sommes, il a perdu et il ne veut pas abandonner le pouvoir. Nous pensons qu'il n'a pas changé d'un iota", a-t-il dit à Reuters par téléphone. L'Onu n'a pas encore réagi à l'offre formulée par Laurent Gbgabo. Des diplomates ont estimé pour leur part qu'il s'agissait d'une stratégie pour gagner du temps. Le blocage institutionnel a fait ressurgir la perspective d'un conflit en Côte d'Ivoire, premier producteur mondial de cacao. Près de 5.000 Ivoiriens, craignant de nouvelles violences après la guerre civile de 2002-2003, ont fui vers l'étranger. La France a recommandé mercredi à ses ressortissants de quitter le pays dans l'attente d'une normalisation de la situation. Selon Navi Pillay, Haut Commissaire des Nations unies pour les droits de l'homme, de graves violations des droits de l'homme ont été commises en Côte d'Ivoire où, selon elle, une cinquantaine de personnes ont été tuées et plus de 200 autres blessées en trois jours. "Je ne veux plus que le sang soit versé, je ne veux plus de guerre", a expliqué Laurent Gbagbo dans son discours mardi. "Je suis donc prêt dans le respect de la Constitution (...) à accueillir un comité d'évaluation post-électoral", a ajouté le président sortant. Ce comité aurait pour mission "d'analyser objectivement" le processus électoral "pour un règlement pacifique de la crise", a-t-il expliqué. Le Conseil de sécurité des Nations unies a prolongé lundi de six mois le mandat des 10.000 casques bleus de l'Onuci, défiant ouvertement Laurent Gbagbo qui avait réclamé leur départ. Le chef des casques bleus a dit que ceux-ci riposteraient si on les attaquait. Les Etats-Unis ont, pour leur part, imposé mardi des restrictions aux déplacements de Laurent Gbagbo et de ses proches en raison de son refus de céder le pouvoir. La secrétaire d'Etat Hillary Clinton a signé l'ordre de sanctions qui interdit les déplacements aux Etats-Unis à Gbagbo et à des dizaines de ses partisans. Les pays de l'UE ont annoncé quant à eux lundi qu'ils imposeraient sous peu des restrictions de déplacement à Laurent Gbagbo et son épouse ainsi qu'à 17 de leurs collaborateurs.