La France et l'Egypte jugent nécessaires des initiatives "fortes" pour relancer le processus de paix au Proche-Orient. L'impasse des négociations israélo-palestiniennes a été au coeur d'un déjeuner de travail du président français Nicolas Sarkozy avec son homologue égyptien Hosni Moubarak à l'Elysée Selon son entourage, le président français "a plaidé très vigoureusement pour qu'on arrête de laisser du temps au temps", parce que le temps joue, selon lui, "pour les extrémistes". Il a aussi demandé que la France, l'Egypte "et d'autres" prennent, en liaison avec les Etats-Unis, "des initiatives fortes pour pousser les parties à reprendre le chemin des négociations", a-t-on ajouté de même source. Nicolas Sarkozy a ainsi de nouveau évoqué son idée d'une conférence internationale "au plus haut niveau" pour débloquer les discussions et créer une dynamique de paix, si l'impasse perdure, afin de "mettre chacun devant ses responsabilités". L'Assemblée générale des Nations unies, en septembre à New York, pourrait être l'occasion d'expliquer les intentions françaises et égyptiennes et de sonder les partenaires de Paris et du Caire, explique l'Elysée. Lors d'une tournée au Proche-Orient pour mettre fin à une offensive israélienne à Gaza, en janvier, Nicolas Sarkozy avait souhaité la convocation rapide d'une telle conférence, afin de "poser les bases d'une paix durable". Cette conférence n'a jamais eu lieu. Selon son entourage, le président français a retiré de son entretien de mardi avec Hosni Moubarak le sentiment que celui-ci était convaincu de l'urgence de relancer le processus. "L'important pour les deux présidents est le sentiment croissant qu'il faudra une initiative politique forte à haut niveau pour vraiment faire bouger les choses", souligne un conseiller de Nicolas Sarkozy. "Une conférence pourrait devenir très bientôt très nécessaire." A l'issue de son entretien avec Nicolas Sarkozy, Hosni Moubarak a cependant laissé entendre qu'il ne croyait guère à une percée rapide des discussions entre le mouvement islamiste Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza, et le Fatah, force dominante au sein de l'Autorité palestinienne en Cisjordanie. Un accord entre le Hamas et le Fatah est considéré comme une des clefs de la relance des négociations israélo-palestiniennes en vue d'un accord de paix. "Je ne sais pas si on peut faire quelque chose au cours du mois d'août dans cette région", a dit le président égyptien à la presse. "Il faut qu'ils (Hamas et Fatah) puissent résoudre les désaccords qui existent entre eux. Nous essayons de notre côté de rapprocher les points de vue." Nicolas Sarkozy et Hosni Moubarak ont par ailleurs réitéré la nécessité d'un gel complet des colonies israéliennes dans les territoires palestiniens et attendent du gouvernement israélien "des gestes crédibles à cet égard", dit-on à l'Elysée. Un peu plus tôt, lors d'une conférence de presse, le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, a annoncé que l'ambassadeur d'Israël à Paris avait été convoqué au Quai d'Orsay sur cette question des colonies israéliennes. Il devait être reçu mardi après-midi ou mercredi, a précisé le chef de la diplomatie française. Selon l'Elysée, Nicolas Sarkozy et Hosni Moubarak n'ont pas eu le temps d'évoquer, lors de leur déjeuner de travail, le sort du soldat franco-israélien Gilad Shalit, détenu depuis plus de trois ans par le Hamas dans la bande de Gaza. "Plus on parle de Gilad Shalit, plus cela complique les choses pour nous", a pour sa part déclaré le président égyptien en réponse à une question d'un journaliste. Lors de sa conférence de presse, Bernard Kouchner avait dit craindre qu'il n'y ait pas encore d'avancée sur ce front-là.