Les prix du coton se sont stabilisés sur la semaine écoulée à New York, non sans avoir atteint un nouveau record historique à quelques encâblures de 1,60 dollar la livre, portés par les problèmes des récoltes des grands pays producteurs. La livre pour livraison en mars s'échangeait à 1,5037 dollar jeudi vers 16H25 GMT sur l'IntercontinentalExchange, contre 1,5012 dollar une semaine auparavant. Mardi, la livre était montée à 1,5912 dollar, du jamais vu depuis environ un siècle et demi, à l'époque de la Guerre de Sécession américaine (1861-1865). "La situation de l'offre et de la demande sur le marché du coton reste tendue, avec une offre réduite et des stocks limités", a rappelé Sudakshina Unnikrishnan, de Barclays Capital. Aux Etats-Unis, premier exportateur mondial de coton, les chiffres du département de l'Agriculture augurent une récolte historiquement faible à la fin de la campagne actuelle, en juillet 2011. Et le deuxième exportateur mondial, l'Inde, a fortement restreint ses exportations. Les prix ont connu une nouvelle flambée en début de semaine, avant de se replier dans des échanges peu étoffés à l'approche de Noël. La journée de vendredi est fériée aux Etats-Unis. "Des usines textiles sont arrivées à court de coton et ont exercé des options d'achat. Cela a poussé rapidement les prix à la hausse, on a eu trois jours où la limite journalière de progression a été atteinte", a relaté John Flanagan, de Flanagan Trading. Toutefois, le marché, en manque de soutien, s'est replié dès le lendemain du record touché mardi. "On est maintenant dans une situation où le marché cherche un équilibre", a ajouté M. Flanagan. L'analyste a tout de même souligné que la situation délicate de l'offre risquait de perdurer jusqu'à la prochaine récolte, tandis que les ventes à l'exportation, même à des prix records, restaient soutenues, comme en a témoigné le relevé hebdomadaire du département américain de l'Agriculture. L'indice Cotlook A, moyenne quotidienne des cinq prix du coton les plus faibles sur le marché physique dans les ports d'Orient, valait vendredi 181,25 dollars (pour 100 livres), contre 175,15 dollars une semaine auparavant. Notons par ailleurs que les cours des matières premières alimentaires ont poursuivi leur progression cette semaine, toujours portés par des inquiétudes pour l'offre, le café et le sucre atteignant de nouveaux sommets, dans des marchés calmes qui sont restés fermés à New-York à la veille de Noël. Les cours du cacao ont continué de grimper cette semaine, s'approchant même d'un plus haut depuis août atteint début décembre à Londres, portés par un regain de violence en Côte d'Ivoire, premier producteur mondial de fève brune. La Côte d'Ivoire connaît une grave crise politique, le président sortant Laurent Gbagbo voulant se maintenir au pouvoir face à Alassane Ouattara, reconnu par la communauté internationale comme chef de l'Etat légitime du pays. "La crise politique en Côte d'Ivoire s'intensifie (...) et les flambées de violence de ces derniers jours alimentent les craintes de voir une nouvelle guerre civile éclater", ont commenté les analystes de Commerzbank. "L'incertitude persistante sur la situation politique ivoirienne (...) a déjà entraîné des interruptions dans l'expédition de cacao", a relevé Commerzbank. Les cours du café ont continué à grimper cette semaine, les prix de l'arabica montant même à un sommet depuis 13 ans, portés par des inquiétudes persistantes sur la quantité et la qualité des fèves venant d'Amérique centrale et de Colombie (3e exportateur mondial), où des pluies abondantes affectent les récoltes. "La raréfaction des grains d'arabica et un regain d'intérêt des investisseurs spéculatifs continuent de porter la hausse des cours", notaient les analystes de Commerzbank. Le cours de l'arabica est monté mercredi à New York jusqu'à 242,25 cents la livre, son plus haut niveau depuis 13 ans, battant ainsi les records enregistrés les jours précédents. Le cours du robusta a atteint quant à lui mercredi 2043 dollars la tonne à Londres, au plus haut depuis six semaines. Les cours du sucre ont poursuivi leur progression cette semaine, atteignant de nouveaux records en près de 30 ans à New York, sur fond d'inquiétudes persistantes quant à un rétrécissement de l'offre face à une consommation robuste. Sur le marché new-yorkais, le prix de la livre de sucre pour livraison en mars est monté jeudi jusqu'à 34,06 cents, un niveau sans précédent depuis janvier 1981. "La production de sucre de l'Australie, troisième exportateur mondial, devrait être durement affectée" par le phénomène climatique La Nina, tout comme le Brésil, premier producteur mondial, "où une sécheresse excessive augure mal de la prochaine récolte", ont noté les experts de Commerzbank. Et "les tensions sur les fondamentaux (de l'offre et de la demande, ndlr) devraient continuer à soutenir les cours tout au long du premier semestre 2011", prévenait Sudakshina Unnikrishnan, analyste chez Barclays Capital.