Les données de l'Office national des statistiques (ONS) sont-elles fiables ? Cette question a été au centre du débat ayant réuni, hier, les membres de la commission des affaires économiques de l'APN avec leur invité, le directeur général de l'ONS, M. Mounir Khaled Berrah. Celui-ci, ayant annoncé que le taux de chômage actuel est de 10,4 %, s'est confiné dans la défensive, avant même que les questions et les critiques des membres de la Commission ne commencent à "pleuvoir". Il a soutenu, à cet effet, que l'ONS calcule le taux de chômage suivant les règles de l'Organisation internationale du travail. "Nous n'inventons rien nous travaillons dans les normes universellement admises", s'est-il défendu tout en reconnaissant un "manque de communication" au niveau de l'ONS. Il arguera, en ce sens, que la "défiance" vis-à-vis des chiffres officiels est le résultat de "la mauvaise perception des statistiques". Se voulant plus convaincant, il expliquera que le taux de chômage est calculé sur la base de la population active dont la tranche d'âge varie entre 15 et 59 ans. Selon M. Berrah la population active en Algérie compte, actuellement, 10.812.000 âmes et elle est scindée en deux catégories. La première concerne la population occupée qui englobe les emplois permanents et ceux temporaires alors que la deuxième concerne les non- occupés (en chômage). Le DG de l'ONS a ajouté, dans le même contexte, que les personnes déclarées comme travailleurs concernent uniquement, "la semaine de référence" pendant laquelle on a effectué l'enquête. Une règle, a-t-il noté, appliquée par l'OIT et le FMI dans l'élaboration de leurs statistiques sur le chômage. Un autre détail, M. Berrah précisera, aussi, que le taux de chômage n'implique pas les personnes qui n'ont pas fait des démarches pour chercher du travail. D'autre part, M. Berrah fera savoir que les statistiques de l'ONS sont faites à partir d'"enquêtes déclaratives", effectuées auprès d'un échantillon de 17 000 ménages. Les chiffres de l'ONS, a-t-il dit, sont sur la base de cet échantillon. Pour ce qui concerne les données économiques, Berrah fera savoir que l'ONS travaille en collaboration avec d'autres organismes publics à l'instar des ministères ou, pour le commerce extérieur, avec le Cnis. Interpellé au sujet de l'indépendance de son organisme vis-à-vis des pouvoirs publics, Berrah répondra que "ça fait des années que je suis à la tête de l'ONS mais je n'ai, à aucun moment, subi quoi que ce soit". Ceci, avant d'ajouter que "nous soutenons la mise en place d'un organisme de statistiques indépendant. Nous l'appelons de tous nos vœux." Pour lui, la création d'un département ministériel chargé de la statistique et de la rétrospective est de nature à améliorer la collecte de données socioéconomiques en Algérie. La production de statistiques " coûte cher" et a besoin de plus de ressources humaines dont l'ONS n'en est pas dotée suffisamment, a-t-il dit. Signalons, enfin, que le DG de l'ONS, qui s'est montré très ouvert aux critiques de membres de la commission, a considéré que "l'indépendance se construit progressivement".