Les matières premières ont achevé l'année 2010 sur des hausses record, avec un plus haut historique pour le cuivre et une huitième hausse annuelle en neuf ans pour le pétrole. Les métaux précieux ont subi des hausses impressionnantes, à commencer par le palladium, qui a gagné 96,5% en 2010. Après une dernière hausse, vendredi, de 2,18%, le contrat sur le palladium à échéance mars a clôturé à New York à 803,30 dollars l'once, contre 408,85 dollars le 31 décembre 2009. L'argent s'est apprécié sur l'année de 84%. Au terme de la séance de vendredi, qu'il termine en hausse de 1,39%, le contrat à échéance mars termine à 30,9370 dollars l'once. La hausse annuelle de l'or est plus modeste, à 29,7%. Il s'agit toutefois de sa plus forte augmentation en trois ans, et de sa dixième année consécutive achevée en hausse. L'once d'or termine l'année à 1.421,40 dollars, après avoir gagné 1,1%, soit 15,50 dollars, lors de la séance de vendredi. Après s'être stabilisé la semaine précédente suite à son record absolu de 1431,25 dollars l'once enregistré le 7 décembre, l'or a été de nouveau porté par l'engouement du marché, engrangeant quelque 40 dollars sur les cinq dernières séances de l'année. Le métal jaune profitait de son statut d'actif refuge sur un marché toujours hanté par le spectre de la crise des dettes souveraines européennes. De fait, les émissions obligataires réalisées cette semaine par l'Italie à des taux en forte hausse témoignaient de la défiance persistante des marchés, tout comme l'envolée des taux grecs à 10 ans à un nouveau niveau historique. L'institut de recherche britannique CEBR, dans ses prévisions pour 2011 publiées cette semaine, envisage la possibilité d'"une nouvelle crise de la zone euro au printemps, sinon plus tôt", en pointant les besoins de refinancement colossaux de l'Espagne et de l'Italie. De façon symptomatique, le franc suisse, autre valeur refuge très prisée des investisseurs, s'est envolé cette semaine à de nouveaux records face à l'euro, au dollar et à la livre sterling. Les doutes sur la solidité de la reprise mondiale, la crise des dettes de la zone euro, mais aussi l'affaiblissement du dollar, nourri par la politique monétaire américaine, et un regain de spéculation ont contribué cette année à propulser l'or à des niveaux sans précédent. Le métal jaune aura grimpé de plus de 25% en 2010, et tous les analystes s'accordent à lui prédire pour 2011 une année dorée, à l'instar des experts de la banque américaine Goldman Sachs qui misent sur une once montant jusqu'à 1690 dollars, tandis que BNP Paribas a relevé ses prévisions et anticipe désormais un prix moyen de 1500 dollars sur l'ensemble de l'année. Dans ce contexte, les prises de bénéfices observées jeudi n'ont guère réussi à renverser durablement la tendance. "Elles étaient encouragées par l'approche de la fin de l'année et un accès de prudence sur des marchés sans grand volume" a estimé James Moore analyste du cabinet Bullion Desk. Sur le London Bullion Market, l'once d'or valait 1413,35 dollars vendredi vers 15H00 GMT/16h00 HEC contre 1380,50 dollars le vendredi précédent au fixing du soir. L'argent, imitant l'or, a sensiblement progressé cette semaine, grimpant jusqu'à 30,90 dollars l'once jeudi, un prix sans précédent depuis mars 1980. Sur l'année, il aura engrangé plus de 80%. Le métal gris bénéficiait à la fois de son statut de valeur refuge et de son usage industriel, alors qu'une salve d'indicateurs économiques favorables aux Etats-Unis pouvait venir conforter la confiance des investisseurs. Autre soutien pour les cours: le Pérou, premier pays producteur mondial, a annoncé mardi que sa production d'argent avait chuté de 12% sur un an en novembre, en raison d'une exploitation plus difficile de ses mines. Le prix du métal gris terminé vendredi à 30,63 dollars l'once contre 29,07 dollars une semaine auparavant. Les métaux platinoïdes ont eux aussi terminé l'année très en forme: le palladium a grimpé jeudi jusqu'à 798,28 dollars l'once, son plus fort prix depuis mars 2001, tandis que le platine ressortait au plus haut niveau depuis début novembre. Sur l'ensemble de l'année, le prix du palladium a presque doublé tandis que celui du platine progressait de plus de 20%. Comme l'argent, les métaux platinoïdes ont profité d'un regain d'appétit pour le risque (et donc pour les métaux industriels) de la part des investisseurs. En outre, le marché restait soutenu par la perspective d'une diminution voire d'un épuisement des stocks russes de palladium, susceptible de faire tomber le marché en déficit. Sur le London Platinium and Palladium Market, l'once de platine ressortait à 1748,50 dollars vendredi vers 15H00 GMT, contre 1725 dollars lors de la clôture du vendredi précédent. L'once de palladium s'échangeait à 796,25 dollars contre 764 dollars une semaine plus tôt. A Londres, le cuivre a clôturé vendredi à un plus haut historique de 9.660 dollars la tonne, qui porte ses gains à 31% sur l'année. La hausse annuelle atteint 35% pour le nickel, qui a atteint vendredi 24.950 dollars la tonne, 59% pour l'étain (26.870 dollars la tonne), 5% pour le plomb (2.560 dollars la tonne) et 11% pour l'aluminium (2.467 dollars la tonne). Le zinc a en revanche reculé de 5% sur l'année, retombant à 2.440 dollars la tonne. Sur les marchés pétroliers, le baril de brut américain a terminé l'année en hausse de 15,14%, à 91,38 dollars. Son cours moyen de l'année 2010 est ressorti à 79,61 dollars. La tendance haussière a également touché les matières premières alimentaires. Le blé a gagné terminé l'année en hausse de 46,7%, à 7,94 dollars le boisseau à la Bourse de Chicago. La hausse du blé a atteint 17% sur le seul quatrième trimestre, en raison d'abord d'un climat sec aux Etats-Unis, puis de pluies abondantes en Australie, qui ont réduit la qualité des récoltes. La sécheresse dévastatrice subie cet été par la Russie a également contribué au phénomène, en contraignant Moscou à suspendre ses exportations de blé. Le maïs a également touché cette semaine un plus haut de plus de deux ans en raison du climat sec qui prévaut en Argentine, deuxième exportateur mondial de cette denrée. R.T.M.