Selon un rapport de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), publié jeudi, la production mondiale de gaz naturel liquéfié (GNL) devrait théoriquement doubler d'ici 2015. L'AIE, qui représente les intérêts des pays consommateurs, a estimé que la production de GNL, encore limitée, devrait passer de 240 milliards de mètres cubes en 2005 à 360 md m3 en 2010 puis à 470 mds m3 voire 600 mds m3 en 2015. Le gaz naturel fournit environ 20% de l'approvisionnement mondial d'énergie et d'ici 2015, le GNL devrait représenter près d'un quart de la consommation de gaz naturel de l'OCDE, précise encore le rapport. Alors que les pays européens s'inquiètent de leur dépendance de plus en plus forte, l'AIE a indiqué que le GNL est un moyen de diversifier les zones d'approvisionnement géographique, d'autant qu'il est transportable sur de longues distances à l'inverse du gaz non liquéfié qui, lui, transite par des gazoducs. L'AIE a, par ailleurs, souligné que la consommation de gaz dans le monde en 2006 avait été largement inférieure aux attentes en raison d'un hiver plus doux que d'ordinaire en Europe et aux Etats-Unis, mais qu'elle était restée malgré tout "soutenue". Ce doublement de la production d'ici 2015 devrait, néanmoins, subir les contre- coups de l'envolée du coût des projets gaziers et du retard important pris par certains d'entre eux. En effet, le marché gazier devrait rester "tendu au moins jusqu'en 2010", à moins que l'investissement dans de nouvelles infrastructures décolle pour doper la production, a souligné l'AIE. Les investissements gaziers pâtissent notamment des coûts en très forte hausse, de retards dans la construction, qui affectent particulièrement les projets de GNL. Le GNL nécessite en effet la construction de coûteux terminaux de liquéfaction et de regazéification. "Le retard sur certains de ces projets atteint presque un an, avec des dépassements de coûts de 2 milliards de dollars par projet", détaille le rapport, qui ajoute qu'un seul projet majeur de GNL a été lancé en plus d'un an et demi. Par ailleurs, les investissements pâtissent également du manque de clarté de la réglementation énergétique de long terme, particulièrement en ce qui concerne la lutte contre le réchauffement climatique. "Le protocole de Kyoto expire en 2012 et rien n'a été fixé pour la suite", a insisté Claude Mandil, directeur de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), lors de la conférence de presse de présentation du rapport, ajoutant qu' "un horizon de 5 ans n'est pas suffisant quand les investissements se font sur 15 ans". Le protocole de Kyoto est entré en vigueur en février 2005 et comporte notamment l'objectif d'une réduction globale de 5,2% des émissions de dioxyde de carbone d'ici 2012 par rapport aux émissions de 1990. Enfin, M. Mandil a répété, à l'occasion, qu'il était peu inquiet de la possible création d'une Opep du gaz en raison de la spécificité de ce marché, très régionalisé et fonctionnant sous des contrats de gré à gré à très long terme.