Les nouvelles exigences des services consulaires français en Algérie concernant la demande de visa d'entrée en France fait réagir politiciens et hommes d'affaires algériens. Ces restrictions ont claqué tel un coup de fouet. La lecture faite laisse comprendre humiliation et dédain. Mais, cela n'est nullement fortuit à voir la série de déclarations politiques à caractère xénophobe faite par l'extrême droit et applaudie par l'UMP, les sondages établis par IFOP à propos de l'intégration des musulmans de France estimant à " 68 %" les musulmans et les personnes d'origine musulmane " plutôt pas intégrés ", le refus de visa à des officiels algériens représentant le ministre de la Pêche et la toute dernière restriction généralisée sur les visas d'entrée en France. Autant d'artifices cachant à peine le désir de la France officielle de limiter la circulation des Algériens vers l'Hexagone. Paradoxalement, à voir les multiples ballets officiels qui ont déferlé ces derniers temps, l'Algérie ne cesse d'être l'objet d'attraction et de convoitises des opérateurs français qui voient en notre pays une opportune et prodigue région de profits. Ce double et incompréhensible langage contribue encore plus à mettre à mal les relations bilatérales déjà affectées par de récurrentes questions séculaires. Aucune mesure ne vient apaiser ce différend et aplanir les désaccords. Pire encore, les nouvelles mesures instaurées par les autorités françaises pour l'obtention du visa pour les Algériens jette de l'huile sur le feu. Celles-ci suscitent, d'ailleurs, un " consensus national ", selon le secrétaire d'Etat auprès du ministre des Affaires étrangères, chargé de la communauté nationale à l'étranger, M. Halim Benatallah. Il a affirmé, jeudi, que "l'ensemble des Algériens considèrent ces mesures discriminatoires" et considère que " ces nouvelles mesures d'octroi de visas aux Algériens, plus restrictives encore, sont de nouveaux obstacles qui vont créer de nouvelles difficultés dans les mouvements d'affaires ". M. Benatallah qui s'est réuni avec les représentants d'organisations patronales et des opérateurs économiques algériens ainsi que les éditeurs de la presse algérienne, a soutenu que ces nouvelles mesures " ont profondément touché les hommes d'affaires, la dignité de l'ensemble des Algériens. Cela devient, assurément problématique ", notamment, "le questionnaire que les demandeurs de visa doivent remplir, (qui) comporte des questions intrusives qui laissent supposer que tout Algérien, même s'il est aisé, est considéré comme un immigrant potentiel". Le ministre a relevé la nécessité de "s'interroger sur les nouvelles mesures et quant à leur portée" en affirmant que "tout Algérien a des raisons légitimes de se déplacer ". M. Benatallah a relevé l'importance de cette réunion avec les opérateurs économiques algériens, estimant que cette rencontre constitue "un éclairage important pour nous (les diplomates algériens" en prévision des négociations consulaires prévues à la fin du mois avec le partenaire français. Il a assuré, à ce titre, que ces négociations vont intégrer ce nouvel élément dans l'octroi de visas de court séjour aux Algériens. Principaux concernés, les patrons algériens ne cachent pas leur ire. La réaction des représentants des industriels et operateurs algériens est plutôt vive, ne se laissant pas attendre. Si le président de la Confédération générale des entrepreneurs algériens (CGEA), M. Habib Yousfi, a exprimé son "indignation " à propos des nouvelles mesures instaurées par les services consulaires français, attestant qu'elles suscitent le mécontentement" de tous les opérateurs économiques algériens, qualifiant cette démarche des services consulaires français de "dangereuse" en avertissant que "ces nouvelles mesures se répercuteront négativement sur les relations économiques entre les deux pays", le président de la Confédération nationale du patronat algérien (CNPA), M. Mohand Saïd Naït Abdelaziz, a qualifié les nouvelles mesures d'octroi de visas aux hommes d'affaires algériens de " discriminatoires dans la mesure où cela ne concernent que les Algériens ". M. Mohand Saïd Naït Abdelaziz considère que " c'est une mesure inacceptable et inutile " et compte interpeller ses partenaires économiques français pour " faire pression sur les autorités françaises afin d'annuler cette mesure ". De son côté, le vice-président de la Confédération algérienne du patronat (CAP), M. Nadir Bouabbes, a tenu à exprimer aux autorités algériennes le mécontentement des hommes d'affaires algériens à l'égard de ces mesures "restrictives". Commentant cette décision ubuesque, le représentant de la CAP a estimé que "c'est l'ensemble des procédures d'octroi de visas pour la France qu'il faut revoir pour faciliter la libre circulation des personnes et encourager les relations économiques".