Des pneus brûlés au grand milieu des chaussées, des jets de projectiles par-ci par-là, des rues infestées par les bombes lacrymogènes, des routes barrées et de la violence à flots, empêcheraient, certainement, beaucoup d'Algériens de se rendre à leur travail. Ce qui aura comme conséquences, entre autres, une économie en partie bloquée : un luxe que nous ne pourront, bien évidemment, nous offrir à l'ère où chaque minute est comptée. Le gouvernement devrait-il, dans ce sens, prendre, en plus d'autres mesures de différents ordres à l'instar de celles qui ont trait à réprimer la violence par les forces de l'ordre, des mesures économiques et sociales qui feront apaiser la colère, remettre les choses à la normale et le quotidien des citoyens sur les rails habituels ? L'intervention de M. Dahou Ould Kablia, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale, qui a été peinte d'un certain optimisme quant à un retour au calme, promettait certaines mesures qui seront prises par le gouvernement dans le cadre de la réunion interministérielle, tenue hier et qui a étudié, entre autres questions, celle de la flambée des prix des produits de première nécessité. De cette intervention qui met déjà cette hausse sur le compte de la spéculation, on déduira que c'est là une hausse décidée par les différents intervenants sur la chaîne de la distribution, puisque les prix affichés par les producteurs et les importateurs sont toujours les mêmes. Doit-on s'attendre, de là, à des sanctions à l'égard de ces commerçants "indélicats" qui ont du mal à digérer la pullule cuisante de la série de mesures dictées par le ministère du Commerce dans le but d'assainir l'activité commerciale ou à un rachat de la paix sociale sur le compte de la rationalité économique ? L'abdication du ministère du Commerce face aux commerçants qui n'ont pas, à ce qui paraît, beaucoup de mal à imposer leurs "lois" peut s'avérer un indice peu reluisant de la fragilité d'une telle institution quant à la maîtrise de tout ce qui se trame dans le secteur et donne comme première impression le penchant à une solution que supportera le Trésor public. M. Benbada, qui a promis un retour à la normale dans peu de temps, avait déclaré la suppression des nouvelles mesures imposées aux commerçants et faire, de nouveau, dans l'informel, ce qui appuie la thèse de la paix sociale à tout prix. M. Moufek Abderrahmane, directeur général de l'Inped, contacté par nos soins et profitant de l'occasion pour déplorer le fait que "la violence soit la forme dominante de la protestation et de la revendication à laquelle les Algériens font le plus appel", revient sur les conséquences des violences qui secouent le pays depuis quatre jours. Il les qualifiera de la "destruction du pays par nous-mêmes", ce qui est "amèrement désolant", dira t-il. Ne croyant pas au père noël et aux baguettes magiques, M. Moufek, rappelle que "les solutions doivent être bien réfléchies et se rapporteront sur le moyen et le long terme" en mettant en avant la rationalité économique. Ce dernier prône un débat où toutes les parties seront impliquées pour une meilleure vision des réalités économiques et sociales du pays. Il fait appel, entre autres, à la société civile pour une meilleure prise en charge des préoccupations des populations et plaide, dans ce sens, pour la création d'associations de protection des consommateurs qui auront leur mot à dire dans les débats socioéconomiques tout comme les autres acteurs à l'instar des employeurs et des organisations syndicales. Il dira, en outre, que les "solutions ne pourront être immédiates" et qu'un débat national doit être amorcé pour une meilleure promotion de l'emploi et la création des richesses, sans quoi l'on continuera à voir ces violences dans nos rues.