La Kabylie est toujours dans l'expectative. Cette tension finira-t-elle par baisser un jour ? Alors que la ville de Tizi Ouzou vivait son premier jour de calme, avec le retrait du groupement de la compagnie et de la brigade de gendarmerie des locaux qui ont été les leurs, depuis la nuit des temps, c'est Larbaâ Nath-Irathen qui a occupé «le haut du pavé». Depuis dimanche soir, la ville s'est transformée en un véritable champ de bataille. C'est vers 18 h que des jeunes ont commencé à lapider la brigade de gendarmerie locale. Les gendarmes ont répliqué avec force - bombes lacrymogènes - à partir de la terrasse de la brigade. Hier matin, à partir de 10h, la ville renoue avec la tension. Les commerces baissent rideau. Certains commerçants ont même enlevé leurs marchandises appréhendant quelques saccages. Des jeunes s'agglutinent à proximité de la brigade et veulent «en finir». Pour eux, «il n'est pas question de tolérer la présence de la gendarmerie avec tout ce qui s'est passé ici». La tension monte de plusieurs crans, on brûle des pneus, une épaisse fumée noire emplit le quartier. Les cocktails Molotov pleuvent sur la gendarmerie. Hier la RN 15, allant de Larbaâ Nath-Irathen à Aïn El-Hamman, à l'entrée de la ville, était bloquée par des troncs d'arbres. Les gendarmes sortent et occupent une partie de la ville, principalement l'avenue Abane- Ramdane. Les émeutiers rassemblent les urnes de 4 communes de la daïra et les brûlent en face de la statue du chahid Abane. Les échauffourées ont fait trois blessés dont l'un par balle en caoutchouc, heureusement sans gravité. Le second interpellé par les gendarmes a sauté du fourgon en marche. Ce dernier, comme le premier, a reçu les premiers soins à l'hôpital local. On parle également d'un troisième jeune évacué par la Protection civile sur l'hôpital, mais aucune information fiable quant à la nature des blessures et la cause. Plus bas, à Irdjen, une commune distante d'environ une dizaine de km au nord du chef-lieu de daïra, Larbaâ Nath-Irathen, les affrontements ont repris dans la journée d'hier. Dans la daïra de Boghni, c'est à Mechtras, une petite ville, sise à environ 4 km à l'est, que la tension est montée hier matin. Des jeunes ont commencé à lancer divers projectiles, dont des pierres et des cocktails Molotov, sur le siège de la brigade locale, récemment installée. Sur l'axe principal de la cité, les pneus brûlent, les routes menant vers le lieu où est implantée la brigade sont barrées. Les échanges de projectiles entre les manifestants et la gendarmerie sont intenses. Les grenades lacrymogènes font leur apparition. Mechtras, une petite ville calme jusque-là, fait connaissance avec l'émeute et son lot de victimes puisqu'on parle de 4 blessés dont 1 par balle en caoutchouc, un second par lacrymogène et deux autres par jets de pierres. La Kabylie est toujours dans l'expectative. Cette tension finira-t-elle par baisser un jour? A l'heure où nous mettons sous presse, la tension continue de peser.