Le prix du blé a beau avoir bondi de 40 % en un an, ce n'est qu'en Amérique du Nord que la production de cette céréale augmentera le plus en 2011. Les surfaces mondiales de blé pour la récolte de la campagne 2011-2012 pourraient progresser de 3,1%, à 223,6 millions d'hectares, selon le rapport mensuel sur le marché du Conseil international des céréales (CIC), publié jeudi. En se basant sur des rendements dans la moyenne, la production mondiale pourrait ainsi rebondir de 4%, à 670 millions de tonnes (Mt) en 2011-2012, contre 647 Mt pour la campagne actuelle. La hausse des cours soutient la progression des surfaces dans beaucoup de pays, explique le CIC, qui table également à un " taux d'abandon " qui reviendrait à la normale, plusieurs pays ayant subi d'importants aléas climatiques en 2010-2011 (mer Noire, Canada, Australie, notamment). Les surfaces récoltées progresseraient de 2% dans l'UE, à 26,4 millions d'hectares. La hausse pourrait être de 14% au Canada, de 5% aux Etats-Unis où les semis d'hiver sont estimés en augmentation de 10%. Malgré une baisse des semis d'hiver, les surfaces récoltées en Russie pourraient gagner 15%, à 26 millions d'hectares. En Ukraine, la hausse prévue est de 3%, à 6,7 millions d'hectares. Concernant la campagne actuelle, le CIC a revu en hausse de 3 Mt, par rapport au mois de novembre 2010, ses estimations de production, à 647 Mt. La récolte australienne est notamment révisée en hausse de 2 Mt, à 25 Mt, même si la qualité s'est dégradée de façon significative. La production de l'Argentine est également revue en hausse de 1Mt, à 14 Mt. Les stocks mondiaux de blé à la fin de la campagne actuelle sont quant à eux relevés de 5 Mt, à 185 Mt, contre 198 Mt fin 2009-2010. Concernant le maïs, les prévisions de production et de stocks mondiaux sont révisées en baisse de 1 Mt, à respectivement 809 Mt et 120 Mt (153 Mt en 2009-2010). Globalement la production mondiale de céréales (hormis le riz) en 2010-2011 a reculé de 3,8%, à 1.726 Mt, selon les estimations du CIC, tandis que la consommation diminuerait de 1,4%, à 1.787 Mt. Les stocks mondiaux perdraient ainsi globalement 62 Mt, à 342Mt, avec des réductions chez les principaux exportateurs, comme l'UE (-15 Mt), la Russie (-11Mt), les Etats-Unis (-30 Mt), le Canada (-3 Mt). Notons par ailleurs que la Commission canadienne du blé (CCB) prédit une production mondiale de 649,5 millions de tonnes en 2011, une hausse d'à peine 0,6 % par rapport à l'année qui vient de se terminer. Au Canada, la production de blé devrait croître de 2,9 % en 2011, pour s'établir à 23,8 millions de tonnes. Dans un article sur AgWeb, l'analyste de la CCB Neil Townsend prédit que les superficies de blé dans l'Ouest canadien passeront de 20 à 21 millions d'acres. À long terme, par contre, il craint que le canola reprenne du terrain. Aux Etats-Unis, le USDA prévoit que les superficies ensemencées en blé augmenteront de 10 % cette année, atteingnant 41 millions d'acres. Dans un document présentant les perspectives pour l'année qui débute, la CCB explique qu'en dépit des prix élevés, la production mondiale de blé en 2011 sera minée par la sécheresse en Russie et de possibles inondations au Canada. Le blé devra aussi s'incliner face à d'autres cultures, dont les prix sont aussi très élevés en ce moment. La CCB estime que pour 2010-2011, les producteurs canadiens toucheront environ 50 % de plus pour leur blé de printemps, soit 265 $ la tonne pour la meilleure qualité. Selon le dernier rapport du USDA, les stocks mondiaux de blé sont à la baisse, mais ils sont encore loin des niveaux critiques de 2007-2008. Toutefois, les conditions humides des récoltes canadiennes et australiennes ont grandement affecté la qualité du blé disponible sur le marché. Malgré des stocks à des niveaux convenables, une part inhabituelle du blé ira à la consommation animale. Les réserves de blé adéquat pour la consommation humaine sont très basses. En Australie, des inondations d'une ampleur jamais vue continuent de frapper l'est du pays. Cela fait déjà deux mois que Dame Nature fait des siennes, causant d'importants dommages aux récoltes du quatrième pays exportateur de blé (après les Etats-Unis, le Canada et la Russie). Le blé qui n'a pas encore été récolté devrait être de qualité inférieure, de sorte qu'en Australie, le prix du blé de consommation humaine pour livraison en mars prochain est actuellement le plus cher au monde, à 321 $CAD la tonne.