Sonatrach quitte enfin son état comateux, sort de son mutisme et entame sa phase de communication avec le monde extérieur. Son P-DG, M. Nordine Cherouati, a opté pour la voie directe en tenant, hier, au siège de l'entreprise, une conférence à laquelle la presse a été conviée. C'est même la première fois, depuis le scandale qui a éclaboussé cette entreprise, qu'une pareille initiative est entreprise. D'ailleurs, à ce sujet, le nouveau patron du groupe Sonatrach reste catégorique en déclarant, à propos des changements survenus au niveau du staff dirigeant, qu'"avec ou sans, Sonatrach continue de tourner !". Aux yeux de l'orateur "la Sonatrach reste une belle entreprise". Une entreprise appelée apparemment à faire peau neuve et se refaire surtout une virginité autant à l'intérieur du pays qu'à l'extérieur. C'est donc, aussi, une autre manière de tourner la page et de regarder vers de nouveaux horizons. Des horizons qui semblent prometteurs aux dires du patron du géant de la pétrochimie qui a annoncé, en passant la dissolution de l'entreprise de pétrochimie Enip et son intégration au groupe Sonatrach à compter du mois en cours, révélant, ensuite, fièrement la réalisation de 14 milliards de dollars en termes d'investissements engagés en 2010, soit une hausse de 7% par rapport à 2009. "Les investissements engagés par la société permettront d'enregistrer une légère hausse, en 2011", affirme M. Cherouati. Ce dernier qui a dressé un bilan positif d'une année de gestion auréolée par des exportations d'un montant de 56 milliards de dollars d'hydrocarbures en 2010 et des investissements en hausse de 7%, a tenu aussi à préciser l'importante retombée de la fiscalité pétrolière sur le Trésor public et qui est de 2 844 milliards de dinars, en prenant en compte la taxe sur les profits exceptionnels (TPE) qui est versée par les compagnies étrangères lorsque le prix du baril de pétrole dépasse les 30 dollars. En matière d'emploi, la Sonatrach comptera d'ici à 2012 quelque 51 000 postes de travail susceptibles d'être revus à la hausse si le projet d'exploitation de gaz de schiste venait à se concrétiser. A ce sujet, et parmi les actions prévues en 2011 et "sortant de l'ordinaire", on peut compter, notamment, "le dédoublement des efforts" en matière d'exploration, "le lancement du Galsi" qui, en passant, desservira, via une bretelle, la centrale électrique d'El Kala. L'annonce faite à propos de la fin des travaux opérés sur la station de pompage du projet Medgaz ainsi que sa livraison définitive à la mi-février, permettra à ce projet d'entrer dans sa phase de production. Nordine Cherouati citera, dans le même sillage en guise d'investissements qui seront lancés durant l'année courante, celui de quelques études et projets qui vont voir le jour, la construction d'un gazoduc entre In Amenas et Hassi Messaoud pour la collecte de quelques milliards de m3 de gaz. Mais, le projet d'envergure qui semble tenir à cœur la compagnie reste l'exploration de gaz de schiste. Le projet, qui est en cours, a trouvé déjà un écho auprès de beaucoup d'investisseurs étrangers, des américains pour la plupart et qui ont d'ores et déjà émis le vœu de prendre part à cette opération. A ce propos, expliquera M. Saïd Sahnoun, vice-président Aval "un potentiel énorme existe mais cela implique une situation où il faut se battre pour faire des profits". Les capacités de gaz de schiste relevées "varient entre 2400 et 3000 milliards de m3 mais son exploitation est compliquée car ce n'est plus de l'industrie de rente. Cela servira à peine à créer des emplois !". Notre interlocuteur confirme l'intérêt de l'entreprise pour ce genre de gaz fossile non conventionnel mais "demande de la prudence" dira-t-il. Un projet pilote existe et consiste en la stimulation de la roche. Les deux pays à avoir recouru à cette ressource sont les USA et le Canada et ont réussi à plomber le marché du gaz conventionnel. L'exploitation de ce gaz n'est pas une priorité pour notre pays mais le sera à long terme. Le gaz de schiste est susceptible d'être une alternative intéressante dans un contexte où les réserves actuelles de gaz naturel finiront par décliner, en plus de la hausse de la demande interne.