Le président russe Dmitri Medvedev a ouvert hier à Davos (Suisse) la grande réunion annuelle du Forum économique mondial qui réunit le gotha des affaires et de la politique, dans un climat de turbulences après l'attentat de Moscou et les contestations dans le monde arabe. Selon les experts, M. Medvedev redoublera surtout d'efforts pour assurer face aux centaines de grands patrons d'entreprises et argentiers présents que la Russie reste un lieu sûr pour les investissements. Il doit notamment évoquer le projet russe de construire des stations de ski dans le Caucase du Nord. Plus de trente chefs d'Etat, quelque 1.400 chefs d'entreprise et huit présidents de Banque centrale vont se réunir à Davos, station de ski helvétique qui accueille chaque année le Forum économique mondial. Le président du Forum, Klaus Schwab, a estimé que les pays souffraient du syndrome de "burn out" (épuisement) et étaient trop fragiles pour s'attaquer aux menaces auxquels sont actuellement confrontés les entreprises et les gouvernements. Face à ces gouvernements débordés par la diversité des menaces, le Forum va lancer cette année un réseau mondial permettant notamment aux dirigeants politiques et aux chefs d'entreprise d'échanger des informations sur les risques et menaces potentiels. Le président français, Nicolas Sarkozy, qui assure la présidence tournante du groupe des vingt plus grandes puissances économiques (G20), devrait consacrer son discours de jeudi à la lutte contre la volatilité du prix des matières premières afin d'éviter les émeutes de la faim et de ne pas pénaliser la croissance. La flambée du prix des matières premières pourrait en effet inciter certains gouvernements à adopter des mesures protectionnistes ou encore conduire à une multiplication des troubles sociaux et soulèvements populaires comme ceux qui se sont produits en Tunisie. Des prix élevés sont également susceptibles de freiner la consommation dans les marchés émergents et de mettre en péril la timide reprise économique mondiale. "Si nous ne faisons rien, nous risquons des émeutes de la faim dans les pays les plus pauvres, et par ailleurs un impact très défavorable sur la croissance mondiale", a déclaré lundi le président français. En marge du sommet, Nicolas Sarkozy pourrait discuter de façon informelle avec la chancelière allemande Angela Merkel des options à mettre en oeuvre pour renforcer le Fonds européen de stabilité financière (FESF). Selon certains analystes, plusieurs gouvernements européens pourraient tôt ou tard procéder à une restructuration de leurs dettes et contraindre les banques créancières à demander de l'aide. Le secrétaire américain au Trésor, Timothy Geithner, sera également présent à Davos, vendredi, tout comme le ministre chinois du Commerce, Chen Deming. Le président russe, Dmitri Medvedev, prononcera quant à lui le discours d'ouverture mercredi mais a annulé la rencontre en amont prévue avec les dirigeants suisses en raison de l'attentat qui a tué 35 personnes lundi à l'aéroport international de Moscou. Selon Michala Marcussen, chef économiste de la Société générale, Davos constitue une tribune pour les dirigeants européens pour expliquer la situation de la dette souveraine européenne au reste du monde. "Ce qui fait de Davos un endroit unique est ce mélange des patrons d'entreprises et de dirigeants politiques. Davos sera l'une des opportunités pour les responsables européens de savoir comment le reste du monde perçoit et comprend la situation européenne."