Professeur Abderrahmane MEBTOUL Car, le calcul des réserves rentables financièrement, scientifiquement, est fonction des vecteurs coûts/prix pouvant découvrir des milliers de puits mais non rentables financièrement. Les USA, premier importateur les années passées, seront exportateurs net horizon 2020, et la bulle gazière risquant d'aller au-delà de 2014/2015. Ainsi est posée l'urgence d'une gestion active de nos réserves de change, en majorité à l'extérieur ( plus de 80% selon la déclaration officielle du ministre des Finances en décembre 2008 à l'APN) au moment où le taux d'escomptes des principales banques centrales occidentales et asiatiques tend vers zéro, donc un rendement faible voire négatif pondéré par le taux d'inflation et à l'épuisement des ressources pétrolières et gazières ( pétrole 16ans à moins 'un miracle). Pour le gaz cela sera fonction du scenario cout/prix international l'option la plus optimiste tenant compte selon les prévisions officielles , de 100 milliards de mètres cubes d'exportation horizon 2020 plus 50/60 de consommation intérieure , étant 25/30 ans (4500 milliards de mètres cubes gazeux de réserve selon BP) si le cours du MTBU est de 11 dollars pour le gaz par canalisation (GN dont Medgaz et Galsi ) et 14/15 dollars pour le gaz naturel liquéfié ( GNL) dans moins de 30 années et dans moins de 20 ans si le cours fluctue entre 6/8 dollars.( voir ma contribution sur ce sujet au quotidien international financier Les Afriques 27 août 2010). Or, un jeune de 5 ans aujourd'hui aura 35 ans où la situation serait comparable à celle de certains pays les plus pauvres d'Afrique si l'Algérie entre 2010 et 2020, n'aurait pas préparé l'après hydrocarbures. Le constat à travers ce cheminement historique est que durant cette période de transition difficile d'une économie étatisée à une économie de marché concurrentielle et l'Etat de droit et la démocratie tenant compte de notre anthropologie culturelle est que les réformes sont timidement entamées malgré des discours apparemment libéraux, et moralisateurs que contredisent journellement les pratiques sociales. Les banques, lieu de distribution de la rente, continuent de fonctionner comme des guichets administratifs, et du fait des enjeux les réformes souvent différés s'attaquant plus aux aspects techniques qu'organisationnels, alors qu'elles sont le moteur des réformes, la privatisation et le partenariat comme moyens d'investissement et de valeur ajoutée piétinent faute de cohérence et de transparence ; la facture alimentaire continue d'augmenter malgré le fameux programme agricole (PNDA) dont il conviendra de faire le bilan du fait de dépenses de plusieurs milliards de dollars , la bureaucratie et la corruption continuent de sévir. Comme conséquence, résultats de la pratique de plusieurs décennies et non seulement de la période actuelle, nous assistons à des tensions à travers toutes les wilayates contre la hogra- la corruption, la mal vie, d'une jeunesse dont le slogan " nous sommes déjà morts " ce qui traduit l'impasse du système économique à générer une croissance hors hydrocarbures, seule condition d'atténuation des tensions sociales pour faire face à ce malaise social, comme en témoigne le passage de la musique Rai qui exprime la mal vie depuis les années 1980, puis ces jeunes qui tiennent les murs et le paradoxisme du désespoir les harragas ,ces jeunes qui bravent la mort. 5.- Une transition inachevée Nos responsables ont -ils analysé l'impact de l'exode des cerveaux et vu les longues filles d'attente auprès des ambassades pour le visa, depuis l'aube du jour au crépuscule où le rêve est de s'enfuir du pays et un émigré, opérateur, cadre ou intellectuel étant surtout attentif au sort de ses concitoyens locaux qui se dégrade de jour en jour et ces séminaires sur la diaspora à coup de millions de dollars sont-ils utiles, devant retenir le peu qui existe déjà ? A-t-on analysé objectivement l'importance de la sphère informelle drainant plus de 40% de la masse monétaire en circulation, employant plus du quart de la population occupée, fonctionnant dans un espace social de non droit, dont la croissance est proportionnelle au poids de la bureaucratie et de la corruption et les moyens de l'intégrer loin des mesures administratives autoritaires. S'est- on soucié de la connaissance du bouleversement mondial et du rôle de notre diplomatie car n'existent pas de divergences fondamentales en termes géostratégiques entre les Etats Unis et l'Europe mais pour paraphraser les militaires seulement des tactiques divergentes à court terme et notre diplomatie ne devrait-elle pas s'adapter à cette nouvelle donnée différente des années 1970, période de la guerre des blocs avec l'implication plus importante des organisations non gouvernementales crédibles et non crées artificiellement car un chef d'Etat ou un ambassadeur n'obligeant pas les opérateurs à investir dans un pays désigné, ces derniers étant mus par la seule logique du profit fonction des contraintes internes/externes. A t- on analysé sérieusement non pas en statique, ( à court terme l'Algérie perd entre 1,5 à 2 milliards de dollars dus au dégrèvements tarifaires) mais en dynamique (effets positifs à moyen e tong terme fonction de réformes internes) , des impacts réels de notre adhésion à la zone de libre échange avec l'Europe (applicable depuis le 01 septembre 2005) et du futur accord avec l'organisation mondiale du commerce (OMC) et les moyens de s'y adapter . Le mal n'est-il pas surtout en nous (gouvernance mitigée) avant de faire porter la responsabilité à l'extérieur ? Comment ne pas rappeler les ambiguïtés dans la gestion des capitaux marchands de l'Etat qui traduisent en réalité la neutralité des rapports de forces au sommet de l'Etat. De cette situation il est utile de rappeler que de l'indépendance politique à nos jours, l'économie algérienne a connu différentes formes d'organisation des entreprises publiques. Avant 1965, la forme d'autogestion était privilégiée ; de 1965 à 1980, nous avons de grandes sociétés nationales et de 1980 à 1988, nous assistons à une première restructuration découpant les grandes sociétés nationales. Comme conséquence de la crise de 1986 qui a vu le cours du pétrole s'effondrer, des réformes timides sont entamées en 1988 : l'Etat crée 8 fonds de participation qui étaient chargés de gérer les portefeuilles de l'Etat. Comme conséquence de la cessation de paiement en 1994 (avec le rééchelonnement), en 1996, l'Etat crée 11 holdings en plus des 5 régionaux avec un Conseil national des privatisations ; en 2000, nous assistons à leur fusion en 5 mega holdings et la suppression du Conseil national des privatisations ; en 2001, nouvelle organisation et l'on crée 28 sociétés de gestions des participation de l'Etat (SGP) Lors de différents Conseils de gouvernements tenus durant toute l'année 2007, une nouvelle organisation est proposée par le ministère de la Promotion de l'Investissement, ( les deux grandes sociétés hydrocarbures Sonatrach et Sonelgaz, régies par des lois spécifiques n'étant pas concernés), articulée autour de quatre grands segments : des sociétés de développement économique qui relèvent de la gestion exclusive de l'Etat gestionnaire ; des sociétés de promotion et de développement en favorisant le partenariat avec le secteur privé international et national ; des sociétés de participation de l'Etat appelées à être privatisées à terme ; et enfin, une société chargée de la liquidation des entreprises structurellement déficitaires. Courant février 2008, cette proposition d'organisation, qui n'a pas fait l'unanimité au sein du gouvernement et certainement au niveau de différentes sphères du pouvoir, est abandonnée et le Ministre de l'investissement annonce en mars 2009 que les SGP seront dissoutes et remplacées par des groupes industriels qui seraient certainement sous la coupe des Ministères. Or les assainissements des entreprises publiques ont couté au trésor algérien des dizaines de milliards de dollars et elles sont revenues à la case de départ, donc ce n'est pas une question d'argent. C'est qu'un groupe industriel peut -il naître par décret et des injonctions administratives par miracle et n'est-il pas come cela se passe de par le monde par la demande c'est-à-dire le marché. En réalité , ces changements d'organisation périodiques, les interférences ministérielles sur la gestion des entreprises démobilisent les cadres du secteur économique public, les investisseurs locaux et étrangers montrant clairement la dominance de la démarche bureaucratique au détriment de la démarche opérationnelle économique assistant à un gaspillage des ressources financières et à un renforcement de la dynamique rentière montrant clairement que le blocage essentiel de l'investissement local et étranger est dans le terrorisme bureaucratique qui se nourrit du manque de visibilité et de cohérence dans la réforme globale, supposant la définition d'objectifs précis, des institutions solides au lie des relations personnalisées, impliquant essentiellement de poser la problématique du futur rôle de l'Etat dans le développement économique et social de l'Algérie à l'ère de la mondialisation . Cette situation du divorce Etat citoyens est favorisé d'ailleurs par l'effritement du système d'information où nous assistons à un dialogue de sourd et comment ne pas se rappeler cette image de la télévision algérienne où à une question sur le taux de chômage un Ministre affirmera que les enquêtes donnent 11% et qu'un journaliste lui répliqua : êtes vous sur de vos données. Oui répond le Ministre. C'est à quoi le journaliste répliqua sous l'œil amusé de la présentatrice non convaincue d'ailleurs, qu'il irait faire un tour dans les quartiers Algérie et qu'il dirait aux chômeurs que dorénavant leur appellation n'est plus chômeur mais travailleur. Car comment avec un taux de croissance avoisinant 2/3% entre 2006/2009 peut-on, afficher un accroissement de l'emploi utile supérieur aux années précédentes inférieur au taux de croissance de la population active, où le taux était 5% sachant pertinemment que la majorité sont des emplois rentes sans compter les sureffectifs dans les administrations et les entreprises publiques.