Que se passe t-il donc au port d'Alger ? L'opacité y règne continuellement, tel un brouillard à cacher un quelconque horizon. Tout est mutisme et secret. Rien ne filtre et aucune information n'est livrée. Un silence suspect entoure cette infrastructure censée être la devanture du pays. D'ailleurs une ville est ouverte grâce à sa proximité avec son port, ce qui n'est pas le cas ici. Du ministère des Transports, à l'autorité portuaire en passant par la direction de la marine marchande et des ports, pas un mot. Nos maintes tentatives à glaner quelques informations se sont révélées toutes stériles et vaines. L'on nous répond évasivement en se cachant derrière "le devoir de réserve" tout en oubliant le principe de la non-rétention d'information. Cela nous mène forcement à un manque d'objectivité et du coup, laisse libre cours aux supputations. Pourtant, un malaise existe bel et bien autant chez les travailleurs qui viennent de tirer la sonnette d'alarme en déplorant les lourdes conséquences sur l'activité portuaire depuis la prise en main du port par DPW, en mars 2009. A en croire les travailleurs, les dépenses sont considérables et représentent un important taux de recettes réalisées par le port. Au même moment, l'Union nationale des transitaires et commissionnaires en douane a dénoncé les lenteurs en matière de gestion du terminal à containers par DP World. De son côté les Douanes algériennes lancent des signaux avertisseurs. Les Douanes reconnaissent les lenteurs de traitement des conteneurs et comptent renforcer leurs effectifs à 20 000 cette année. Un des responsables de cette institution, en l'occurrence, M. Mourad Mosteghanemi, qui intervenait la semaine dernière sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale affirmait : "Les responsables des Douanes algériennes ne sont pas satisfaits des délais de traitement des dossiers et beaucoup reste à faire pour réduire le temps de dédouanement des marchandises", c'est le constat du directeur de la formation aux Douanes algériennes qui impute cette situation à plusieurs facteurs, la situation est identique dans plusieurs pays et en Algérie aussi l'opération n'est pas réussie à 100% en termes de délais de traitement. Les lenteurs sont le fait du nombre important de conteneurs qui arrivent dans les ports, notamment celui d'Alger qui traite à lui seul " 450 000 conteneurs par an ". Le bilan du trafic global des marchandises au niveau de l'ensemble des ports commerciaux du pays, il a atteint un volume de près de 78,5 millions de tonnes entre janvier et fin août 2009. Le port de Béjaïa a réalisé 151 000 conteneurs en 2009, celui de Skikda 110 050 conteneurs soit 758 000 tonnes de marchandises durant la même année et enfin le port d'Alger qui a réalisé quelque 450 000 conteneurs. Cela est infiniment minime en comparaison avec les ports de Rotterdam qui traite 420 millions de tonnes de marchandise dont 10 millions de conteneurs /an et celui de Shanghai, premier port au monde, qui a traité en 2008 quelque 500 millions de tonnes dont 28 millions de conteneurs. A sa prise de possession du port , DPWorld s'était engagée à faire passer le trafic d'Alger de 500 000 conteneurs par an à 2 millions dès 2012 et prévoyant pour cela des investissements de 96,2 millions d'euros, notamment dans le domaine des équipements et pour la mise en place d'un système de gestion informatique. Depuis aucun bilan n'a été dressé ou rendu public. Les seuls résultats enregistrés proviennent des délais de rade des navires et de séjours à quai des marchandises qui ont augmenté au lieu d'être réduit comme prévu. Connu par les armateurs pour être un port congestionné et imposant aux navires de longs séjours en rade pouvant durer jusqu'à deux mois, la charge du port d'Alger a été réduite de près de la moitié en 2010, le faisant passer à une attente moyenne en rade estimée à 1,58 jour du 1er janvier au 1er décembre 2010 contre 3,14 jours en 2009. Le manque de réalisation d'infrastructures ainsi que celui des moyens de manutention imposent le recours aux grues des navires contribuant à la congestion de ce port. Mais, selon certaines sources d'information, la nécessité d'investir près de 100 millions d'euros est impérative pour mettre un terme aux problèmes des retards et de l'engorgement du port et permettre ainsi au port d'Alger de retrouver sa place de leader. D'ailleurs le problème de marchandises en souffrance et d'engorgement du port d'Alger avaient incité, en janvier 2009, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, à saisir son ministre des Transports pour lui demander des explications à propos de l'encombrement de la rade d'Alger. Le département de M. Amar Tou avait, alors justifié ces retards par les procédures assez lentes de traitement de la marchandise par les services des Douanes et du commerce ainsi que de la saturation des postes à quai et des terre-pleins ainsi que la faiblesse des enlèvements par les usagers due à la saturation des aires d'entreposage générant d' importants séjours à quai des navires et engendrant de considérables surestaries payables en devises fortes. Ces retards engagent des surestaries autant pour les armateurs que pour les clients qui, au-delà d'un fret, celles-ci (les surestaries) avoisinent les 8 000 dollars par jour pour un navire de 3 000 tonnes.