Par communiqués interposés, syndicat et DG se rejettent la responsabilité de ce naufrage qui a coûté la vie à 17 marins. “Un commandant ne peut raisonnablement lancer un appel de détresse à chaque fois qu'un avis de coup de vent est annoncé (bulletin météo spécial), celui-ci restant le seul habilité à apprécier l'ampleur du péril sur lequel repose la décision de lancer un SOS. Dans le cas précisément du Béchar, nous estimons que le commandant, ayant épuisé tous les moyens de sauvetage mis à sa disposition, a fini par se résigner à l'appel au secours qui a été lancé largement à temps. En tout état de cause, le véritable SOS a été lancé effectivement le 1er août 2004 par le commandant Chabani”, se défend le Syndicat national des officiers de la marine marchande (Snommar), section CNAN-Group, suite à une véritable polémique qui l'oppose non seulement au ministre même des Transports, mais également au chargé de la communication de leur propre entreprise. Dans un communiqué parvenu hier à notre rédaction, le syndicat va jusqu'à souligner que “le ministre est mal informé en déclarant que le SOS aurait dû être lancé plus tôt” et fait remarquer qu'il serait plus judicieux de “s'intéresser au rôle que doit jouer la cellule de crise à terre conformément aux procédures qui doivent être mises en branle en cas de situation d'urgence dans le cadre de l'ISM Code (chapitre IX de la Solas)”. M. Maghlaoui, ministre des Transports, est, rappelle-t-on, intervenu mercredi dernier sur les ondes de la Chaîne III et s'est prononcé sur la tragédie qui a fait couler le cargo Béchar à proximité du port et échouer le Batna sur le rivage de la plage des Sablettes, également non loin du port. Dans ce même document, les officiers de la marine marchande font état de leur désapprobation quant aux déclarations erronées, selon eux, émises par le chargé de la communication au niveau de leur propre entreprise Cnan. “Il dit que le Batna était chargé de fret (marchandises) et que le Béchar ne pouvait manœuvrer correctement car vide. Nous faisons remarquer à ce monsieur que le Batna est hors d'exploitation (sans aucune marchandise à bord) depuis trois ans et demi et que le Béchar a maintes fois effectué vide de longs voyages par mauvais temps, sans pour autant que sa capacité manœuvrière en soit affectée”, dénoncent-ils. Ils enfoncent le clou en accusant les responsables de Cnan-Group d'ignorer ce qui se passe exactement sur leurs navires et d'être incapables, par conséquent, d'anticiper et de prévoir une prise en charge sérieuse et effective de la flotte. Ils résument cette défaillance dans une phrase lourde de sens : “Les derniers mots du commandant, après avoir compris que personne n'allait venir à son secours, étaient “nwekkel alikoum rabbi” (vous rendrez des comptes à Dieu).” Par communiqués interposés, la direction générale de Cnan-Group n'y est pas allée par quatre chemins pour accuser un groupe d'officiers de la marine marchande de faire des déclarations “graves et tendancieuses” à la presse à propos du naufrage des deux navires. “Le Snommar, constitué essentiellement d'un groupe d'officiers revanchards et non représentatifs de la masse des officiers de la Cnan, tente de manipuler l'opinion publique (…). Faut-il préciser que trois des principaux officiers animateurs du Snommar, dans leur précipitation à fausser les données réelles du naufrage, omettent volontairement de signaler que le choix de demeurer en rade est un problème économique et commercial et qu'aucun navire ne peut rester en rade au port sans avoir ses moyens de sécurité et de propulsion, ainsi que la permission officielle des autorités portuaires”, écrit la direction générale qui ajoutera : “Faut-il également dévoiler que les animateurs du Snommar ont “récupéré” le commandant du Batna, absent au moment de l'échouage de son navire, qui a abandonné son poste de travail et trompé la confiance de son armateur. Et, comble de l'ironie, il s'est présenté en victime expiatoire aux médias avec la complicité de ceux censés défendre les droits des marins.” N. S.