Des milliers de manifestants continuaient à défier le pouvoir hier sur la place Tahrir au Caire, malgré les tentatives du gouvernement Moubarak pour mettre un terme à deux semaines de crise politique qui paralyse le pays. Les responsables de l'opposition réclament la démission immédiate du président Hosni MOubarak, qui a prévu de rester jusqu'au terme de son mandat en septembre prochain tout en promettant de mettre en oeuvre des réformes d'ici là. Des protestataires ont affirmé avoir arrêté un homme voulant mettre le feu à ce symbole de l'Etat, pour ensuite imputer l'acte aux manifestants et discréditer le soulèvement populaire. L'homme a été remis à l'armée. Dans la mégalopole de 20 millions d'habitants, la vie reprend néanmoins doucement son cours. De nombreux commerces et banques ont ouvert à nouveau leurs portes, et la circulation sur les routes et ponts est rétablie. Pourtant, les groupes de jeunes, et notamment le Mouvement du 6 avril, à l'origine de la contestation, ont annoncé ce dimanche, la formation d'une coalition et assuré qu'ils ne quitteraient pas la place Tahrir tant que le président n'aurait pas démissionné. Certains des manifestants ont également passé une nouvelle nuit sous des bâches autour de chars de l'armée qui bloquent des accès de la place Tahrir, de crainte de voir les militaires manoeuvrer et laisser l'accès aux partisans du président Moubarak ou faire partir les manifestants. Par ailleurs, des hommes inconnus ont tiré ce lundi matin quatre roquettes sur une caserne de police dans la ville égyptienne de Rafah, située à la frontière de Gaza, faisant un blessé, a indiqué une source sécuritaire. Il n'était pas possible de savoir dans l'immédiat qui avait commis cette attaque ou si elle était liée au mouvement de contestation sans précédent contre le président Hosni Moubarak, au pouvoir depuis près de 30 ans. Le président américain Barack Obama a déclaré dimanche que l'Egypte, qui "ne va pas revenir à ce qu'elle était", devait entamer une transition immédiatement. Dans une interview accordée à la chaîne de télévision Fox, M. Obama a déclaré que seul le président égyptien Hosni Moubarak savait ce qu'il allait faire face aux manifestations massives menées pour qu'il lâche les rênes qu'il tient depuis 30 ans. "Lui seul sait ce qu'il va faire. Ce que nous savons, c'est que l'Egypte ne va pas revenir à ce qu'elle était. Les Etats-Unis ne peuvent dicter avec force, mais ce que nous pouvons faire, c'est dire : 'le temps est venu pour vous d'entamer un changement dans votre pays'", a noté M. Obama. Le président Obama a également mis l'accent sur les aspirations des Egyptiens pour la liberté et des élections libres et équitables. "Ils veulent un gouvernement représentatif, ils veulent un gouvernement qui réponde à leurs attentes", a-t-il souligné. M. Obama avait lancé un appel le 1er février en faveur d'une transition ordonnée en Egypte, souhaitant la voir s'amorcer "dès maintenant" et se dérouler de manière "pacifique". Le vice-président égyptien Omar Souleimane a rencontré dimanche des représentants des partis politiques, dont les Frères musulmans, l'une des principales composantes de l'opposition égyptienne, dans l'espoir de trouver une issue à l'actuel mouvement de contestation populaire déclenché le 25 janvier. Ils ont convenu de former un comité, qui, composé de personnalités judiciaires et politiques, sera chargé d'étudier et de proposer, avant la première semaine de mars, des amendements constitutionnels et des modifications législatives. M. Obama estime que les Frères musulmans sont une faction parmi d'autres en Egypte et qu'elle ne jouit pas du soutien de la majorité.