Des milliers de personnes sont revenues sur la place Tahrir au Caire, ce dimanche, où l'armée tentait de disperser des manifestants qui se sont engagés à occuper le rond-point, épicentre de la révolution, jusqu'à ce que l'armée tienne ses promesses, rapportent des témoins. "L'armée et le peuple sont unis", "Révolution, révolution jusqu'à la victoire", ont-ils scandés. Un peu plus tôt, le chef de la police militaire avait appelé les manifestants à démonter leur tentes et à quitter la place pour permettre à la vie de reprendre son cours normal. Alors que la police militaire encerclait les manifestants dans le centre du rond-point pour ne pas perturber la circulation, des manifestants guidaient les voitures à un autre bout de la place. Le porte-parole du nouveau gouvernement a indiqué que ce dernier resterait en place jusqu'à la fin de la période de transition, date à laquelle, "un nouveau gouvernement sera alors nommé sur la base de principes démocratiques". Des portefeuilles ministériels pourraient néanmoins changer de mains dans les prochains mois, a-t-il ajouté. "La tâche principale de ce gouvernement sera de rétablir la sécurité et l'ordre, d'entamer le processus économique et de s'occuper des affaires courantes", a-t-il précisé. Des coups de feu ont par ailleurs retenti ce dimanche près du ministère égyptien de l'Intérieur, au Caire, lors d'une manifestation de plusieurs centaines de policiers venus réclamer une hausse de leurs salaires, rapportent des témoins. Selon un garde de la sécurité, les policiers ont tiré des coups de feu en l'air. Les Egyptiens tentaient hier de reprendre le cours de leur vie quotidienne dans un pays qu'ils ont pourtant bouleversé deux jours plus tôt en obtenant le départ d'Hosni Moubarak après quasiment 30 années de pouvoir autoritaire. Pour ce premier jour ouvré de l'après-Moubarak, les commerces vont rouvrir et de nombreux Egyptiens vont reprendre le chemin du travail après 18 journées qui ont changé le cours de l'histoire moderne de l'Egypte et peut-être de la région. Certains dirigeants du mouvement de contestation fatal à Hosni Moubarak ont toutefois menacé d'organiser de nouvelles manifestations si leurs revendications en faveur de changements démocratiques n'étaient pas exaucées par l'armée. Les militaires, qui ont pris les rênes du pays via un conseil suprême des forces armées, se sont engagés à remettre le pouvoir aux civils à l'issue d'un processus transparent et démocratique. Ils n'ont cependant fourni aucun calendrier détaillé. Quelques précisions pourraient être apportées à l'issue d'une réunion ministérielle prévue ce dimanche. Le rétablissement de l'ordre est l'une des priorités des militaires, qui protègent les bâtiments stratégiques en l'absence de la police, qui semble s'être volatilisée. Des centaines de personnes ont encore campé durant la nuit sur la place Tahrir dans le centre du Caire pour maintenir la pression sur la hiérarchie militaire. "Si l'armée ne remplit pas nos exigences, notre soulèvement et ses manifestations concrètes repartiront de plus belle", a prévenu Safouat Hegazi, l'un des chefs de file de la contestation. Les protestataires réclament la levée de l'état d'urgence et la dissolution du parlement issu des élections législatives de novembre, largement considérées comme truquées au profit du Parti national démocrate (PND) au pouvoir. Une foule joyeuse a continué dans la nuit de samedi à dimanche à célébrer la chute d'Hosni Moubarak dans les rues du Caire, animées par de la musique et colorées par les drapeaux égyptiens. L'ancien président, âgé de 82 ans, semble s'être retiré dans sa résidence de Charm el Cheikh, sur les rives de la mer Rouge.