La Commission européenne prévoit que le futur mécanisme européen permanent d'entraide financière "administre un volume de 500 milliards d'euros" et fonctionne sur le modèle du Fonds monétaire international (FMI), rapporte le magazine Der Spiegel. Chaque pays contribuera au prorata de sa participation à la Banque centrale européenne à ce fonds, qui aura 100 milliards d'euros de fonds propres mais "administrera un volume d'aides de 500 milliards d'euros", selon un projet de la Commission cité par le Spiegel. Selon le projet de Bruxelles, ce futur fonds permanent, qui doit prendre à la mi-2013 la relève de l'actuel Fonds de secours provisoire, pourra octroyer des lignes de crédit "sur le court terme et le moyen terme" aux pays en difficulté financière, dont il pourrait aussi racheter de la dette sur les marchés. Les ministres de la zone euro s'étaient entendus fin novembre sur une implication "au cas par cas" des créditeurs privés (banques et fonds d'investissement qui détiennent des titres de dette des Etats) dans le futur fonds permanent. Selon la Commission, cette implication des investisseurs privés se fera sur une base volontaire, et ne sera contraignante qu'en "ultime recours", "si les autres alternatives compatibles avec le marché ont échoué", écrit Der Spiegel. Après la mise en place d'un Fonds de secours provisoire au printemps dernier pour faire face à la crise grecque, les pays de la zone euro ont décidé fin 2010 de pérenniser l'idée avec un fonds permanent (Mécanisme européen de stabilité ou MES). Il vise à rassurer les marchés sur la capacité de réaction de la zone euro. Actuellement, le fonds provisoire -auquel seule l'Irlande a dû recourir- jouit des garanties de tous les pays de la zone euro. Il a un volume théorique de 440 milliards d'euros mais ne peut en réalité lever qu'environ 250 milliards d'euros (en raison des encaisses de précaution). Les pays de la zone euro réfléchissent à renforcer sa taille et sa portée. Ils doivent se retrouver lors d'un sommet en mars pour s'entendre sur la manière de le faire. Ce fonds provisoire ne peut pas pour l'instant acheter d'obligations souveraines sur les marchés financiers -- contrairement à la BCE, qui l'a largement fait depuis mai pour aider les pays les plus fragiles de la zone euro. Dix jours après un sommet européen aux résultats mitigés et avant deux échéances cruciales en mars, les ministres européens des Finances s'efforceront lundi et mardi à Bruxelles d'avancer dans la définition d'une réponse globale de l'Union européenne à la crise de la dette. Lors de réunions mensuelles de l'Eurogroupe et de l'Ecofin, ils auront ainsi à se pencher sur la réforme envisagée du Fonds européen de stabilité financière (FESF) et sur la création du Mécanisme permanent de stabilité (MES). Ils devront aussi plancher sur la convergence budgétaire et macroéconomique des économies européennes, appelée de leurs voeux par les dirigeants des Vingt-Sept le 4 février. Concernant plus précisément le pacte de compétitivité proposé par Angela Merkel et Nicolas Sarkozy, les ministres devraient revenir sur certaines des propositions les plus controversées, comme celle de mettre fin à tous les systèmes d'indexation des salaires sur l'inflation. La Commission européenne, de son côté, cherchera à se replacer au centre du jeu sur ce dossier. "Elle est inquiète que les choses lui échappent, que tout se passe de manière intergouvernementale", explique-t-on de source européenne. Les négociations sur la réforme du Pacte de stabilité et de croissance sont moins sujettes à controverse et le texte final "ne devrait pas être loin des propositions initiales de la Commission", dit-on de même source. L'exécutif communautaire a notamment proposé d'instaurer un objectif chiffré de réduction de dette de 5% par an sur la partie excédentaire des 60% du PIB permis par le pacte ou de limiter les dépenses des pays dont la trajectoire s'éloignerait du cadre budgétaire européen. Alors qu'il ne devait s'agir que d'un sujet annexe, le jeu de chaises musicales à la tête de la Banque centrale européenne devrait aussi occuper une place de choix. Contre toute attente, le gouverneur de la Bundesbank Axel Weber ne sera pas candidat à la succession de Jean-Claude Trichet à la présidence de la BCE, a-t-on appris mercredi de sources européennes. Cette nouvelle rebat les cartes à quelques mois de la fin du mandat de Jean-Claude Trichet - en octobre - et alors que les pays de la zone euro souhaitent se mettre d'accord sur le nom de son remplaçant d'ici l'été.