L'industrie algérienne, qui ne contribue qu'à hauteur de 5 % au produit intérieur brut (PIB), fait face à de nombreuses difficultés. En plus de la sous qualification des personnels, c'est la vétusté des équipements qui semble poser le plus des problèmes aux industriels algériens. Ainsi et selon une enquête de l'Office national des statistiques (ONS), réalisée auprès de plusieurs chefs d'entreprise publiques et privées, et publiée hier, 78% du potentiel de la production du secteur public et près de 80% de celui du privé ont connu des pannes d'équipements, dues essentiellement à leur vétusté et au manque de maintenance ainsi qu'à la sur-utilisation. Ces pannes ont occasionné des arrêts de travail de plus de 6 jours pour plus de 68% des entreprises publiques interrogées au cours de cette enquête, dont 22% à plus de 30 jours et à plus de 13 jours pour plus de 69% de celles du privé. Plus de 81% des représentants du public affirment avoir remis en marche l'équipement en panne. Tandis que plus de 77% des chefs d'entreprise du privé déclarent que leur équipement a fait l'objet d'une extension. Aussi, l'enquête de l'ONS révèle que près de 68% des chefs d'entreprise du public et 92% de ceux du privé déclarent pouvoir produire davantage en renouvelant l'équipement et sans embauche supplémentaire du personnel, et près de 44% du public et de ceux du privé affirment pouvoir produire davantage seulement "en réorganisant le processus de production sans renouvellement ni extension". Il est utile de rappeler, dans ce sens, que les enquêtes de l'Office ont révélé à plusieurs reprises les problèmes occasionnés par la sous qualification de personnels aux entreprises industrielles. Cette dernière enquête de l'ONS indique d'ailleurs que 15% des chefs d'entreprise du public et près de 49% de ceux du privé jugent que le niveau de qualification du personnel reste insuffisant. 17% des représentants du secteur public et plus de 42% de ceux du privé déclarent, d'autre part, avoir trouvé des difficultés à recruter surtout le personnel d'encadrement et de maîtrise. Par ailleurs, près de 81% des industriels publics et près de 79% de ceux du secteur privé jugent qu'en embauchant du personnel supplémentaire, les entreprises ne vont pas produire davantage. Le taux d'absentéisme reste inférieur au 3e trimestre 2010 par rapport au précédent selon plus de 14% des chefs d'entreprises publiques et près de 25% de ceux du privé. Quant aux effectifs, ils continuent de chuter en raison des départs en retraite non remplacés, selon les représentants du secteur public. En revanche, ils continuent d'augmenter suite à l'installation de nouvelles capacités, à la hausse du volume des commandes et l'amélioration des conditions de production, selon les représentants du privé. De façon plus générale, l'activité industrielle a connu une baisse au 3e trimestre 2010 dans le secteur public et une hausse dans le secteur privé par rapport au trimestre précédent, selon une enquête d'opinion réalisée auprès des chefs d'entreprises. L'enquête qui porte sur le type et le rythme de l'activité industrielle et non pas sur la production révèle que près de 73% du potentiel de production du secteur public et plus de 43% du secteur privé ont utilisé leurs capacités de production à plus de 75%. L'enquête, qui a touché 740 entreprises dont 340 publiques et 400 privées, relève que le niveau d'approvisionnement en matières premières reste inférieur aux besoins exprimés, selon 26% des industriels publics et près de 15% de ceux du privé. En conséquence, près de 29% du potentiel de production du secteur public et 64% de celui du privé ont enregistré des ruptures de stocks ayant causé des arrêts de travail de plus de 30 jours à plus de 26% des entreprises publiques, et à moins de 29 jours pour celles du privé, dont près de 45% à moins de 10 jours. Sur un autre plan, près de 16% du potentiel de production du secteur public et plus de 59% du privé ont enregistré des pannes d'électricité, ayant provoqué des arrêts de travail inférieurs à 6 jours pour la majorité des entreprises concernées des deux secteurs. Selon l'enquête, plus de 97% des patrons du secteur public et plus de 92% de ceux du privé ont déclaré que l'approvisionnement en eau a été suffisant durant ce trimestre. Par ailleurs, la consommation d'énergie a connu une augmentation selon les privés, contrairement à ceux du public qui, eux, déclarent une baisse durant la période de référence. Malgré la hausse des prix de vente, la demande en produits fabriqués a aussi augmenté pour les représentants des deux secteurs, plus prononcée selon ceux du secteur public. Plus de 74% des chefs d'entreprises du secteur public et près de 64% de ceux du privé ont déclaré avoir satisfait toutes les commandes reçues. Cependant, près de 87% des chefs d'entreprise du public et près de 62% de ceux du privé ont déclaré avoir des stocks de produits fabriqués, situation jugée normale par la plupart des chefs d'entreprise du secteur public, contrairement à ceux du privé. Pour le troisième trimestre 2010, la trésorerie des entreprises est jugée "bonne" selon plus de 33% des chefs d'entreprises du secteur public et plus de 30% pour celles du secteur privé. Elle est par contre jugée "mauvaise" selon plus de 16% des représentants du secteur public et près de 33% pour le privé. En outre, "l'allongement des délais de recouvrement des créances, les charges élevées et le remboursement des emprunts continuent d'influer sur la situation de la trésorerie des entreprises", avertit l'enquête. Ainsi, près de 31% du potentiel de production du secteur public et plus de 44% de celui du privé ont eu recours à des crédits bancaires, et seulement 16% des chefs d'entreprises du public et plus de 6% de ceux du privé ont trouvé "des difficultés à les contracter", relève l'enquête.