La ministre française de l'Economie, des Finances et de l'Industrie, Mme Christine Lagarde a brossé lundi à Paris les grands objectifs du prochain sommet du G20, prévu en novembre prochain à Cannes, et que la France va présider. Lors d'une conférence de presse, la ministre a indiqué que l'objectif du sommet du G20 est de répondre aux grands défis mondiaux ''pour créer les conditions d'une croissance forte, équilibrée et durable''. Selon Mme Lagarde, il s'agira à travers ce sommet de s'attaquer à la volatilité en matière de changes, des prix des premières et l'amélioration de la gouvernance mondiale.Brossant un tableau général de la situation économique mondiale, elle a dans ce cadre rappelé que le centre de gravité de l'économie internationale s'est déplacée au cours des dernières années vers les pays émergents, qui représentaient le 1/3 du PIB mondial il y a 30 ans, affirmant qu'on prévoit actuellement que les seuls pays émergent représenteront 50 % du PIB mondial. ''Les exportations dans le PIB des pays émergents représentaient en 1985 à peu près 18%. Aujourd'hui, elle dépasse les 30%'', a-t-elle dit. Les objectifs du sommet du G20, a précisé Mme Lagarde, seraient ainsi d'identifier les déséquilibres macro-économiques pour établir les fondements d'une croissance forte, réformer le système monétaire international pour assurer la stabilité d'un monde multipolaire, réduire la volatilité excessive des prix des matières premières, en amortir les effets, développer les infrastructures dans les pays en voie de développement et apporter des financements innovants à la lutte contre le changement climatique. La France a décidé d'inviter à ce sommet cinq pays non membres: les Emirats Arabes Unis, Singapour, l'Espagne, l'Ethiopie en qualité de présidente du Nepad et la Guinée équatoriale en qualité de présidente de l'Union africaine. Le G20 représente 85% du PIB mondial, 81% des exportations mondiales, et plus de 2/3 de la population mondiale. Le sommet du G20, sera précédé par une réunion des ministres des Finances et les gouverneurs de banques centrales les 18 et 19 février, à Paris. Outre les dirigeants d'une dizaine d'institutions internationales, de l'ONU au FMI en passant par le Conseil de stabilité financière, les financiers privés seront dans les coulisses. Le lobby des grandes banques, l'Institute of International Finance de Washington, tient ses agapes les 16 et 17 février dans un grand hôtel de la place de l'Opéra. Quant à la Banque de France, elle organise le débat le plus élitiste, à deux pas de la place Vendôme, avec les cinq banquiers centraux les plus puissants (Etats-Unis, Chine, Japon, zone euro, Royaume-Uni), sur le thème "Déséquilibres mondiaux et stabilité financière". En tant que maîtresse de céans, Christine Lagarde a indiqué lundi sa priorité immédiate d'aboutir à un "accord sur les indicateurs de performances économiques". Une façon élégante de cerner les déséquilibres internationaux, véritable pomme de discorde au sein du G20. À l'automne dernier, sous la présidence de la Corée, le secrétaire au Trésor américain Tim Geithner avait pointé du doigt "les pays qui enregistrent des excédents commerciaux persistants", s'attirant les foudres de Pékin et de Berlin. Il avait dû rengainer sa proposition stigmatisant les déséquilibres de balance des paiements courants dépassant plus ou moins 4% du PIB des pays. Les suggestions de Bercy visent à instaurer trois ou quatre indicateurs, dont les paiements courants extérieurs, les dettes et les déficits publics. Il n'y a pas "d'accord à ce jour", admet Christine Lagarde. Au-delà de la mesure des déséquilibres, c'est tout l'enjeu des parités des devises qui est posé. Si les Américains paraissent plutôt "allants", les Chinois se montrent "taiseux", selon les termes d'un expert français. Sur les trois sujets qui tiennent particulièrement à cœur à la présidence française du G20 (réforme du système monétaire international, lutte contre la volatilité des matières premières, régulation financière "sans faille"), les discussions de Paris constitueront tout au plus une rampe de lancement, reconnaît-on à Bercy.