Les corps calcinés de 5 personnes ont été découverts dans une banque de la ville marocaine de Al-Hoceima (Nord), incendiée lors de troubles ayant suivi les manifestations pro-réformes de dimanche. Le ministre marocain de l'Intérieur, Taib Cherkaoui, a également indiqué que 128 personnes, dont 115 membres des forces de l'ordre, avaient été blessées lors de troubles survenus dans plusieurs villes dont Al-Hoceima, Larache et Marrakech, après les manifestations largement pacifiques de la veille. Il a annoncé l'arrestation de 120 personnes, et des mineurs dont il n'a pas précisé le nombre. En Libye, l'ONG Human Rights Watch fait état de plus de 233 morts depuis le début de la contestation mardi. Des tirs nourris ont été entendus dans plusieurs quartiers de la capitale Tripoli dans la nuit de dimanche à lundi. Des témoins joints par téléphone ont par ailleurs rapporté que le siège d'une télévision et d'une radio publiques ont été saccagés dans la soirée par des manifestants. Près du centre-ville, la "salle du peuple", où se déroulent souvent des manifestations et des réunions officielles, a également été incendiée et une colonne de fumée s'élevait lundi matin au-dessus de cet important bâtiment gouvernemental, où les pompiers étaient toujours à l'oeuvre. Des postes de polices ont en outre été incendiés. Depuis mardi, le bilan des émeutes atteint au moins 233 morts selon Human Rights Watch (HRW), qui se base sur des sources médicales. Selon al-Jazeera, 61 personnes auraient perdu la vie lundi à Tripoli. Dimanche soir, pour la première fois, le régime a officiellement réagi par la voix de Seïf Al-Islam, un des fils du colonel Mouammar Kadhafi. Dans une allocution télévisée, il a crié au complot étranger contre la Libye, affirmant que les bilans donnés par "les médias étrangers" sont "très exagérés". Selon lui, le peuple doit choisir soit de construire une "nouvelle Libye", soit de plonger dans la "guerre civile". Chez le voisin, quelque 4000 Tunisiens ont manifesté dimanche à Tunis pour réclamer la démission du gouvernement de transition dirigé par Mohamed Ghannouchi, premier ministre de Ben Ali de 1999 à sa chute. La manifestation s'est déroulée sans violence devant la résidence du premier ministre. Après la chute de Ben Ali le 14 janvier, un gouvernement de transition a été formé par Mohamed Ghannouchi. Des élections libres ont été annoncées d'ici à six mois. Une commission a été nommée pour préparer les élections tandis que plusieurs partis d'opposition ont réclamé l'élection d'une Constituante et la création d'un comité de sauvegarde de la révolution. Au Yemen, des milliers de personnes ont entame, ce lundi à Sanaa, un sit-in pour exiger le départ du président Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis 32 ans. Les manifestants - étudiants, députés de l'opposition, militants - se sont massés sur une place devant l'Université, foyer de la contestation dans la capitale, qu'ils ont rebaptisée "place Tahrir", en référence au soulèvement en Egypte. Ce sit-in intervient au lendemain de la décision de l'opposition parlementaire de se joindre au mouvement de contestation du régime, mené surtout jusqu'à présent par des étudiants. Lesquels, pour la première fois dimanche, n'ont pas été inquiétés par les partisans du pouvoir, tenus à l'écart par la police. A Aden en revanche, les forces de sécurité continuent à tirer à balles réelles sur les manifestants, faisant un nouveau mort, lundi, selon des sources médicales. Ce décès porte à 12 le nombre de manifestants tués depuis le 16 février, au début des manifestations quotidiennes tournant à l'émeute dans la principale ville du sud. Le président Ali Abdallah Saleh a déclaré lundi que les manifestants réclamant son départ du pouvoir ne parviendraient pas à leur objectif par "l'anarchie et les tueries", à la suite des troubles qui ont fait 12 morts à travers le pays depuis jeudi. Au Bahrein, un responsable de l'opposition a annoncé lundi la mort d'un manifestant chiite, blessé d'une balle dans la tête vendredi soir lorsque l'armée avait tiré sur des manifestants à Manama. Ce décès porte à sept le nombre des morts de la répression à Bahreïn. Au moins 95 personnes ont également été blessés lors de ces heurts vendredi soir, selon un responsable de l'opposition chiite. Sur la place de la Perle, épicentre de la contestation du régime, les protestataires qui campent depuis deux jours se sont enhardis lundi à réclamer ouvertement la fin du règne de la dynastie des Al-Khalifa. Les manifestants étaient revenus sur la place samedi, juste après le retrait de la police et de l'armée. R.I.