La province libyenne de Cyrénaïque (Banghazi, Tobrouk) ne serait plus sous le contrôle de Kadhafi, selon le gouvernement italien. Selon un premier bilan officiel, les violences qui ont accompagné la révolte contre le régime libyen ont fait 300 morts. Le ministre italien des Affaires étrangères parle de plus de 1 000 morts. Un médecin français qui vient de fuir Benghazi évoque "plus de 2 000 morts" la semaine dernière dans cette ville. Les Nations-unies évoquent des crimes contre l'humanité, plusieurs représentants de l'UE parlent de "génocide". Pour sa part, l'Union européenne se rapproche de sanctions à l'encontre du colonel Mouammar Kadhafi et son régime face à la violence de la répression, actant l'échec de sa politique de rapprochement menée depuis des années avec le dirigeant libyen. Après la Finlande et l'Allemagne, la France et le Luxembourg sont montés au créneau mercredi pour demander qu'on sévisse à l'encontre du dirigeant libyen et des auteurs de la sanglante répression dans le pays qui a fait plusieurs centaines de morts. Le président français Nicolas Sarkozy s'est prononcé en faveur de "sanctions concrètes" de l'UE, ciblées contre des caciques du régime, et souhaité la suspension des relations économiques et financières avec Tripoli. L'Espagne a été le premier pays de l'UE hier à estimer que le colonel Kadhafi, au pouvoir depuis près de 42 ans, n'était plus un interlocuteur légitime pour l'Europe. Même le ministre italien des Affaires étrangères Franco Frattini a haussé le ton, après n'avoir cessé de plaider en faveur d'une extrême retenue face à la Libye du fait du risque d'un afflux d'immigrés clandestins sur les côtes de son pays. Il y a "une limite" au-delà de laquelle on ne peut "rester silencieux", a-t-il dit hier. Outre un gel des avoirs et des interdictions de visa à l'encontre du clan Kadhafi, l'Europe dispose d'un levier potentiel autrement plus important: l'arrêt de ses importations d'hydrocarbures en provenance de ce pays. Les livraisons de gaz à l'UE représentent 55% du Produit intérieur brut libyen, alors qu'à l'inverse pour l'UE elles ne représentent pas une part importante de ses importations, selon la Commission européenne. L'Europe a d'ores et déjà suspendu mardi ses négociations sur un tout premier accord de partenariat avec la Libye, entamées en 2008. L'UE est aussi à l'initiative d'une session spéciale du Conseil des droits de l'homme de l'ONU qui aura lieu vendredi sur la situation en Libye. Par ailleurs, la pression s'est accentuée mardi sur le président américain Barak Obama pour que les Etats-Unis interviennent en Libye et tentent de mettre un terme à la répression sanglante des manifestants anti-gouvernement orchestrée par le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi. Des voix s'élèvent aux Etats-Unis pour demander l'adoption de sanctions et de mesures immédiates contre le régime du colonel Kadhafi, au pouvoir depuis plus de 40 ans, allant du bombardement des aérodromes libyens à une zone d'exclusion aérienne dans l'espace libyen. Certains détracteurs se sont interrogés sur le silence observé par le chef de la Maison blanche face aux violences qui ont fait au moins 233 morts selon l'organisation de défense des droits de l'homme, Human Rights Watch, basée à New York. Le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, confronté à une révolte populaire sans précédent depuis une semaine, a durci le ton. Il a juré mardi de rétablir l'ordre en brandissant la menace d'une répression sanglante. Promettant de se battre "jusqu'à la dernière goutte" de son sang, il a appelé la police et l'armée à reprendre la situation en main et assuré que tout manifestant armé méritait la "peine de mort". Mais les appuis du dictateur à l'intérieur même du pouvoir commencent désormais à se déliter. Le ministre de l'Intérieur, Abdel Fatah Younes, a notamment déclaré qu'il se ralliait à la cause du peuple qui réclame le départ du colonel Kadhafi. Plusieurs ambassadeurs libyens ont annoncé leur démission depuis mardi. La situation à l'aéroport de Tripoli est "chaotique". Des passagers se battent pour monter dans les avions, raconte le capitaine d'un avion maltais, Philip Apap Bologna, de retour de la capitale libyenne où il a embarqué des compatriotes. "La confusion règne car les forces de sécurité libyennes ne laissent pas entrer dans le terminal les gens qui ne disposent pas d'un billet d'avion".