Le président du Conseil de l'ordre des médecins algériens, M. Bekkat Berkani Mohamed, a appelé, jeudi à Tiaret, à "la dépénalisation des erreurs médicales" et "à ne pas engager de poursuites judiciaires à l'encontre des médecins pour non assistance à personnes en danger, car le médecin s'est voué au service de la santé de l'humanité et non le contraire". Intervenant à l'occasion d'un séminaire sur l'éthique et la déontologie, organisé par la section de Tiaret du Conseil de l'ordre des médecins et auquel ont pris part près de 250 médecins et magistrats, l'orateur a précisé que "l'erreur médicale, qui peut parfois conduire au décès du patient, a souvent pour origine le manque de moyens, un aléa qui ne peut être imputé au médecin". Cela dit, M. Bekkat a suggéré, au cours d'un point de presse qu'il a animé en marge des travaux de la rencontre, de faire adopter par le Parlement "un statut particulier du médecin" et a proposé dans le cadre de l'assistance aux patients, l'introduction d'une série de dispositions telles que l'augmentation du taux des cotisations des médecins, notamment des chirurgiens, auprès des compagnies d'assurances et la prise en charge des malades victimes d'erreurs médicales. "Les patients s'estimant victimes d'actes médicaux inappropriés doivent se plaindre non seulement à la justice, mais également au Conseil de l'ordre", a-t-il souligné. En outre, le président du Conseil de l'ordre a abordé, au cours de cette rencontre, des aspects liés au secteur de la santé comme le recrutement de médecins dans le cadre du dispositif du contrat de pré-emploi, qu'il a considéré comme "une offense à la profession et aux praticiens". "Actuellement, l'Algérie compte près de 45 000 médecins dont 60% de femmes. Environ 10% des nouveaux diplômés, soit près de 800 médecins par an, ne trouvent pas de postes d'emploi", a souligné le même responsable. Par ailleurs, M. Bekkat, qui a dénoncé les autorisations à des médecins polonais pour leur permettre de pratiquer au niveau de cliniques privées, a indiqué dans ce sens : "un pays comme la France, qui accueille près de 3000 médecins algériens, leur interdit toute possibilité d'intégrer ses structures médicales, puisqu'il ne reconnaît pas leurs diplômes". Pour lever cette entrave, la reconnaissance mutuelle des diplômes de médecine sera débattue à l'occasion d'un congrès médical euro-méditerrannéen qui se tiendra au mois de novembre prochain à Alger et auquel prendront part la France, l'Espagne, l'Italie, le Portugal, la Tunisie, le Maroc et l'Algérie, a annoncé M Bekkat. Abordant l'apparition en Algérie de la pratique de la "hedjama" (la saignée) qui doit faire l'objet d'un contrôle strict, l'orateur a estimé que cette méthode peut constituer un vecteur important du sida, appelant à la mise en place d'une agence nationale de contrôle des médicaments importés, "car a-t-il précisé, certains produits introduits sur le territoire national sont parfois dangereux".