La créance détenue par l'Algérie sur le Vietnam vient d'être définitivement soldée avec, cependant, un petit bémol. Car à défaut de récupérer la partie restante de sa créance, l'Algérie s'est résignée à transformer ce qui restait à payer en aide humanitaire. Le contexte ne s y prête plus, pourtant, compte tenu de l'essor économique qu'a connu ce pays asiatique, depuis. S'agit-il d'une façon sibylline pour déclarer l'effacement d'une dette ? La genèse de cette dette remonte à l'époque durant laquelle le Vietnam subissait l'embargo appliqué sur lui, jusque dans les années 90, par les USA. Notre pays avait alors accordé une aide de 200 millions de dollars à ce pays ami. Désormais, c'est chose faite et l'annonce a été faite, avant-hier, par M. Benmeradi, ministre de l'Industrie de la PME et de la Promotion de l'investissement, en marge de la cérémonie de clôture de la commission mixte algéro-vietnamienne. "La dette du Vietnam envers l'Algérie a été soldée. Il y avait une dette de près 200 millions de dollars. A la suite d'un accord bilatéral, 60% de la dette ont été remboursés en espèce et 40% sous forme de marchandises. Il reste encore une quantité de marchandises que le Vietnam n'a pas encore remis mais que l'Algérie a décidé d'utiliser dans le cadre des aides humanitaires". Et l'aide humanitaire semble, d'ailleurs, avoir bien servie, puisque la santé financière et économique Vietnamienne ne fait que bien se porter ! Mais, pendant ce temps où notre ministre parlait de dette, l'ambassadeur du Vietnam à Alger, M. Do Trong Cuong expliquait à travers les pages de notre confrère El Watan la situation économique de son pays, se targuant même d'avoir réussi à exporter, en 2010, pour prés de 72 milliards de dollars. Dans ses déclarations le diplomate affirme, fièrement, qu'"en 2010, nous avons exporté pour 71,6 milliards de dollars" et que durant la même année "le PIB du Vietnam est de 101,6 milliards de dollars". Une situation qui est loin de nécessiter une quelconque aide humanitaire. Selon l'indice de développement humain du PNUD, l'Algérie se classe à la 104e place, pendant que le phénomène de la pauvreté a été estimé, lui, à 5.6% en 2007 et que le taux de chômage a été évalué à 10 % en 2010. Serait-ce donc l'histoire de l'hôpital qui se moque de la charité ? Pour rappel, le pétrole représente 20 % des revenus extérieurs et que "le Vietnam Jusqu'à fin du 2010, a attiré près de 12 000 projets d'investissements directs étrangers dont le montant des capitaux enregistrés s'élève à 191 milliards de dollars en provenance de 93 pays et territoires". L'ambassadeur vietnamien soutient que "le pourcentage des ménages pauvres, d'après la norme internationale, a baissé de 58% en 1993 à 9,5% en 2010. L'indice du développement humain a connu une amélioration considérable". Selon notre ministre, "l'Algérie pourrait servir de passerelle pour l'entrée du Vietnam sur le marché africain et le Vietnam pourrait faire de même avec l'Algérie pour faciliter son accès au marché du Sud-Est asiatique". Mais où sont nos relations avec la Chine donc ? Et puis, qu'y a-t-il donc à exporter en dehors des hydrocarbures ? Sonatrach dispose déjà d'un terminal gazier en Corée du Sud, cela n'a pas réussi à ouvrir les voies à l'Algérie qui peine à se placer sur le marché régional en dépit de ses accords avec la ZALE et l'UE. Le Vietnam a-t-il besoin de notre aide humanitaire ? Ses exportations durant l'année écoulée avaient "atteint 71,6 milliards de dollars" dont les principaux marchés sont les Etats-Unis avec 12,8 milliards de dollars, l'EU avec 10 milliards de dollars, 9,3 milliards de dollars pour l'Asean, le Japon pour 6,9 milliards de dollars et la Chine avec 6,3 milliards de dollars. Ce pays qui est "à la recherche de nouveaux marchés, parmi lesquels l'Afrique représente un marché potentiel considérable" a réussi à opérer des échanges commerciaux avec l'Algérie à hauteur de 119 millions de dollars. En 2005, c'était à peine 28 millions de dollars contre 55 millions en 2007 et 94 millions en 2009. Le Vietnam exporte vers l'Algérie du café, du riz, des produits aquatiques et des matériaux de construction et importe des produits agricoles.