Nicolas Sarkozy vient de lancer un avis d'appel d'offres aux investisseurs locaux concernant l'intégralité des créances détenues par Paris. «La dette de l'Algérie envers la France sera systématiquement transformée en contrats pour les entreprises françaises» a annoncé, jeudi, à partir de Juan-les-Pins, sud-est de la France où s'est tenue la 8e université d'été de commerce et d'industrie, Nicolas Sarkozy, ministre français de l'Economie, des Finances et de l'Industrie. Dans le but de convaincre les opérateurs économiques français d'adhérer à cette idée, le ministre de l'Economie a souligné qu'il faut raisonner «en complémentarité avec nos partenaires et c'est ce que nous faisons avec l'Algérie». Pour rappel, la dette algérienne envers la France est comprise, selon des sources économiques, entre 5 et 6 milliards de dollars. La locution «systématique» sous-entend que c'est toute la dette, et non pas une partie, qui a des chances d'être reconvertie en contrats commerciaux. Une aubaine inespérée pour notre pays, en pleine relance économique et profitant d'une conjoncture historiquement favorable. Paris demeure le premier partenaire commercial d'Alger, devant l'Italie et les Etats-Unis. Est-ce à dire que le gouvernement français est prêt à convertir la totalité de la dette ou une partie simplement quand il dit que «la dette sera systématiquement convertie en contrats»? La réponse reste pour le moment ambiguë. Néanmoins, quelle que soit la décision de l'Elysée, cette décision ne peut être considérée que comme une bouffée d'oxygène pour l'économie nationale. En outre, cette décision fait suite à celle annoncée déjà par le ministre de l'Economie lors de sa visite en Algérie effectuée en juillet dernier où il a fait part de l'octroi de concours financiers français de deux milliards d'euros à l'Algérie, dont 288 millions d'euros de conversion de dette en investissements. Cette volonté de Paris de convertir la dette algérienne a été également confirmé par Nicolas Sarkozy lors de sa dernière visite en Algérie par la volonté du gouvernement français de porter, auprès du Club de Paris, à 30 %, la conversion de la dette algérienne en investissements privés, en lançant un appel d'offres pour le montant de 61 millions de dollars aux investisseurs intéressés. Ainsi, pour l'achat des créances sur l'Algérie, ces derniers sont invités à soumissionner par le biais de leurs banques, étape obligatoire, avant de recueillir l'accord des autorités algériennes sur les projets considérés. Dans un tel cas de figure, les opérations de conversion ne pourront être utilisées que sous la forme d'un investissement en capital dans une entreprise en Algérie, avait précisé un communiqué du département de Nicolas Sarkozy. Après avoir constaté un réchauffement des relations au plan sécuritaire, les deux capitales sont décidées à booster beaucoup plus les relations économiques, même si à l'heure actuelle, elles sont jugées satisfaisantes, entre les deux pays ayant retrouvé une certaine proximité. D'ailleurs, le retour progressif de grands groupes industriels français sur la scène algérienne est considéré comme l'amorce d'un nouveau tournant dans les relations algéro-françaises. Ces dernières ont connu une nouvelle orientation depuis la réélection d'Abdelaziz Bouteflika et la mise en conception de la Déclaration d'Alger signée par les deux chefs d'Etat. D'ailleurs, le 15 août 2004 a marqué une première étape de ce processus quand, pour la première fois un président algérien participait à Toulon à une cérémonie honorant les vétérans de la Seconde Guerre mondiale. En retour, Jacques Chirac décernait la Légion d'honneur à Alger, ville qui abrita «les institutions de la France combattante». Mais le véritable tournant a eu lieu lors de la visite de Jacques Chirac à Alger le 15 avril dernier, au lendemain de la réélection de Bouteflika, quand il a eu un entretien et un déjeuner de travail à Zéralda où il a plaidé en faveur d'un renforcement du partenariat entre les deux pays, même si ce dernier était déjà bien engagé. Si dans un passé récent, le seul point noir dans les relations algéro-françaises était la faiblesse des investissements (hors secteur des hydrocarbures), c'est désormais chose réparée d'autant que l'existence d'outils financiers spécifiques devrait, selon l'Elysée, inciter les entreprises françaises à investir en Algérie.