La tension persiste sur le marché du lait pasteurisé, en dépit de toutes les mesures que le gouvernement vient de prendre. Le statu quo est ainsi maintenu par les producteurs privés qui semblent déterminés à mettre la pression sur les pouvoirs publics pour qu'ils viennent à leur secours. Cette situation s'est traduite par la décision des propriétaires des laiteries privées et qui consiste à maintenir l'appel à la grève qu'ils ont lancé mercredi dernier. Le lendemain, jeudi, le ministère de Commerce a initié un processus de dialogue avec les producteurs privés dans le but de dégager un terrain d'entente pour endiguer la crise et dénouer la situation. A cet égard, le ministère a réitéré aux producteurs privés l'engagement du gouvernement à prendre en charge l'indemnisation de toutes les pertes générées par les brusques augmentations des prix, au niveau international, de la matière première destinée à la fabrication du lait pasteurisé. Les pouvoirs publics se sont, également, engagés, à se lancer dans l'approvisionnement des producteurs privés en poudre de lait à partir du mois de juin prochain. Mais, malgré toutes ces mesures, les producteurs contestataires ne semblent pas près de lâcher prise. Ils continuent, en effet, à hausser le ton en menaçant de mettre à exécution leur décision de suspendre l'activité. Le mécontentement de ces derniers est motivé, selon les représentants de la Cipa (Confédération des industriels et producteurs algériens), à laquelle sont affiliés les patrons des laiteries privées, par les retards que le gouvernement a mis pour la mise en application des procédures d'indemnisation. Ce retard, selon le ministère du Commerce, est dû au fait que le processus allant de l'évaluation de ces pertes jusqu'au déblocage des enveloppes financières, nécessite beaucoup de temps, sachant qu'"il s'agit de mobiliser des fonds considérables pour une situation exceptionnelle en puisant dans les fonds publics (le Trésor, en l'occurrence)", a expliqué un représentant du secrétariat général du ministère du Commerce. En tout cas, il est attendu du gouvernement de l'indemnisation des producteurs privés en fonction des différences entre le prix de revient d'un sachet de lait, estimé à 48 dinars, et le prix de vente décidé par le gouvernement et qui est de 25 dinars. Cette nouvelle donne a fait que les producteurs privés vendent à perte avec une différence énorme de l'ordre de 23 dinars. Pour l'avenir, le gouvernement a aussi pris l'engagement de vendre la poudre de lait aux producteurs privés, à raison de 180 dinars le kilogramme au lieu qu'elle soit payée à 350 dinars, comme c'est le cas actuellement depuis que les prix ont commencé à augmenter sur le marché international. Toutefois, il est nécessaire que les producteurs privés reprennent le cycle de production afin d'éviter une nouvelle crise au niveau du marché de la consommation qui se répercute négativement sur les ménages. Hier déjà, des échos parvenant des quatre coins du pays ont fait état de certaines perturbations dans la distribution de lait en sachet. En tout cas, les unités publiques, affiliés au groupe Giplait, sont loin d'être en mesure de pallier le manque provoqué par la mise à l'arrêt des laiteries privées.