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Signification de la révolution bolivarienne et le coup d'Etat manqué d'avril 2002 *
Publié dans Le Maghreb le 14 - 03 - 2011


Héctor Michel Mujica Ricardo*
Je pense que pour ces raisons, lorsque de larges secteurs populaires de la société vénézuélienne sont politiquement confrontés à leur passé récent, ils se préoccupent d'incorporer à leur idéologie politique des signes externes de la nationalité républicaine du XIX siècle, fruit de l'indépendance : des éléments de vieux cultes patriotiques et populaires ayant une capacité d'assimilation comme ceux qui ont été observés dans l'Arbre des Trois Racines. Dans tous les cas, l'interprétation du processus politique actuel ne doit pas sous-estimer la charge symbolique des manifestations de ce culte populaire à l'effigie de Bolívar, ainsi que d'autres figures emblématiques de l'idéologie populaire vénézuélienne, qui révèlent de profonds conflits raciaux, sociaux et politiques pas encore résolus et préservés dans les cadres sociaux actuels de la mémoire collective. Plusieurs fois, des intellectuels critiques de Chávez et de ce que représente le phénomène chaviste, ont souligné le caractère chauvin du culte Bolívar et son utilisation par les pouvoirs institués, mais ceci n'évite pas la puissante charge symbolique des figures emblématiques de la guerre de l'indépendance dans l'imaginaire populaire. Ceci dit, nous ne pouvons pas oublier que tout passé immédiat ou lointain, est le fruit de la reconstruction imaginaire des forces sociales et politiques qui se trouvent en conflit actuellement. De la même forme, les inégalités socioéconomiques existantes en rapport avec la redistribution du pouvoir d'achat, l'accès aux services d'éducation, de santé et de recréation massifs et de qualité, compliquent les possibilités d'approfondir et d'étendre les libertés individuelles orientées vers l'égalité et la satisfaction des nécessités basiques de la majorité de la population.
du droit
des minorités
Actuellement, les propriétaires des médias sociaux privés ont remplacé ou, plutôt, usurpé les fonctions politiques aux partis politiques de l'opposition et sont frontalement confrontés à Chávez et au processus qu'il incarne.
4 -Bien que la démocratie soit considérée comme principe de garantie des libertés assuré dans la Constitution de 1999, la protection de l'existence des libertés d'expression, de réunion, d'association, etc., est sanctionnée ou reconnue juridiquement par celle-ci. Par ailleurs, il est juste de ne pas oublier que le pouvoir de la majorité se distingue de toute autre forme de domination, non seulement parce qu'il présuppose conceptuellement et réellement l'existence d'une minorité, mais aussi parce qu'il la reconnaît et la légitime aussi bien juridiquement que politiquement en assumant rationnellement les principes démocratiques formels. C'est le sens spécifique de la valeur des libertés formelles comprises comme démocratiques dans leur dimension juridique et normative. Tout de même, l'important de la Constitution de la République Bolivarienne du Venezuela émane de la reconnaissance du droit des minorités comme celui des libertés formelles avec l'addition très importante pour les effets de ce travail qui reconnaît formellement et simultanément les formes de participation citoyenne et le contrôle des gens sur l'exercice du pouvoir. Il aussi a vu la majorité des secteurs populaires inondés dans une scène politique où une minorité qui a toujours contrôlé l'économie et le marché, permet à la majorité des défavorisés d'accroître leur pouvoir politique et probablement leur ressentiment contre l'oligarchie qui les a exploité. Cela dit, le Venezuela est l'un des pays d'Amérique Latine qui a amassé le plus de pauvreté et d'accumulation élitiste au cours des 25 dernières années. Actuellement, il subit la plus grande polarisation sociopolitique depuis l'éclatement du mouvement guérillero des années soixante.
Ce sont ces circonstances et pas d'autres qui ont conduit à la situation présente et constituent la scène politique d'une lutte sociale et généralisée entre les classes. Je répète, dans ces circonstances, la construction d'un projet national comme celui exprimé dans la Constitution de 1999, se trouve affecté par une multiplicité de projets particuliers et conflictuels où la majorité de ceux qui appuient le processus politique en vigueur provient des couches les plus pauvres de la population, tandis que l'opposition recrute ses adhérents parmi la majorité de la classe moyenne et l'oligarchie. D'autre part, la reconstitution du tissu social après deux grèves générales organisées par le patronat, la haute gérance pétrolière et la direction syndicale de la Confédération des Travailleurs du Venezuela (CTV) et du coup d'état du 11 avril 2001, passe par établir des liens organiques entre les classes moyennes et les secteurs populaires, un moyen nécessaire pour asseoir les bases d'une démocratie sans exclusions pouvant surmonter la pauvreté, l'une des tâches inévitables du processus politique et des nouvelles institutions produit de la Constitution de 1999. Un sociologue états-unien résidant au Venezuela qui publiera prochainement un livre sur le processus sociopolitique actuel au pays, exprime que la combinaison de l'inflation et de la réduction de la dépense publique ont constitué un coup dur à l'économie. Pour cette raison, plusieurs commerces ont été forcés de fermer et le chômage a augmenté d'une manière drastique. Bien que le taux de chômage ait baissé à 18%, quand Chávez est arrivé au pouvoir en 1999, à 13% en 2001, ledit taux a augmenté de 16%, en fin 2002, conformément aux statistiques gouvernementales. De plus, une contraction de 7% s'est produite dans l'économie au cours de la première moitié de 2002. Indéniablement, le coup d'état du 12 avril 2002 : "…a exacerbé la situation économique et l'incertitude politique au pays. Actuellement, le prix du baril a atteint presque $27 par baril et la déflation a permis au gouvernement d'arriver à couvrir les dépenses budgétaires de 2003, plus facilement, avec ce qui provient de la rente pétrolière. L'économie devrait, considérablement, croître de nouveau en fin 2002 et en début 2003/ " la grève pétrolière de décembre 2002 a fait parmi d'autres conséquences que la situation économique est devenue plus critiques, bien qu'il est nécessaire d'ajouter que les politiques gouvernementales ont peu amélioré le sort des classes moyennes, tout de même, " …la récession n'est pas l'unique cause pour laquelle la classe moyenne s'oppose au gouvernement de Chávez. Un autre facteur serait que les politiques du gouvernement n'ont pas beaucoup été au profit de la classe moyenne. En effet, les réformes les plus importantes introduites par le gouvernement, doivent être davantage au profit des pauvres qu'à la classe moyenne, celles qui impliquent : la nouvelle constitution, l'éducation, la santé ou la réforme de la terre. " Outre la guerre psychologique produit de l'attaque médiatique qui a eu d'énormes répercussions sur la classe moyenne " … il existe des médias virulents contre Chávez. Comme si l'abandon politique et aussi économique de la classe moyenne n'étaient pas des raisons suffisantes pour s'opposer au régime de Chávez, les médias sociaux fournissent quotidiennement des justifications supplémentaires. Des accusations d'incompétence gouvernementale, un manque de gouvernance et une corruption qui s'agglutinent fréquemment dans les journaux. Ces accusations seraient un exemple des médias sérieux qui font leur travail, si ce n'était pas pour le fait que, dans leur grande majorité, ils prennent la forme de rapports non vérifiés, par les politiciens de l'opposition. Ces médias, vérifient, rarement, les faits et confrontent les réponses de l'accusé à l'accusation. ."

evaluer l'avénement
chavez
5- Il est difficile de comprendre et d'évaluer ce que l'avènement du gouvernement de Chávez a signifié pour les vénézuéliens. Les vénézuéliens assassinés le 11, 12 et 13 avril 2002, sans donner leurs points de vue politiques, étaient des victimes innocentes d'une conspiration antidémocratique et antinationale. Les morts survenues au cours de la marche d'opposition du 11 avril et celles du 12 et 14 avril pendant le bref mandat de Pedro Carmona Estanga, président du patronat, c'est à dire, de l'association patronale FEDECAMARAS et de la junte putschiste, sont des victimes tombées pour la démocratie. Le décret présidentiel du 12 avril du gouvernement de transition qui n'a duré que 47 heures, a signifié une claire violation de l'état de droit et un total mépris de la volonté du peuple vénézuélien, par les élites économiques, les dirigeants syndicaux, la haute hiérarchie de l'Eglise et les généraux impliqués dans la conduite militaire du coup, c'est-à-dire que, le 12 avril 2002 les vénézuéliens se sont réveillés sans droits.
6- "Si le 11 avril était le jour de la tragédie, le 12 avril était celui de la honte ". Ce jour a instauré au Venezuela une dictature patronale et militaire, une tyrannie fasciste. En moins de 24 heures, ils ont éliminé tous les pouvoirs publics, toutes les garanties et libertés. En un seul jour ils ont fermé les stations de radio et de télévision, ils ont persécuté des milliers de dirigeants politiques et sociaux, attaqué l'ambassade de Cuba, violé plus de droits de l'homme que dans les 30 dernières années.
Leurs actions étaient saluées par des puissances étrangères et par le FMI. Leurs annonces étaient célébrées par des politiciens, des syndicalistes, des chefs d'entreprise, des intellectuels, des journalistes, des cardinaux, des évêques et des maîtres de médias. " (Samuel Moncada, directeur de l'Ecole d'Histoire de l'Université Centrale du Venezuela, Rencontre Mondiale de Solidarité avec la Révolution Bolivarienne, Théâtre Teresa Carreño 10 Avril 2003) .Nous verrons, donc, que le mot démocratie peut avoir des sens multiples. Une première acception signifie, particulièrement, qu'il n'existe aucune disparité formelle des droits politiques entre les différents groupes ou classes de population. La démocratie garantit initialement la réalisation complète du suffrage universel basé sur le vote égal, direct et secret, comme premier pas pour l'exercice de la souveraineté et crée une appartenance institutionnelle du moment que la représentativité des intérêts citoyens est prise en considération. Etre citoyen signifie se sentir autonome et responsable du fonctionnement des institutions démocratiques et de la défense des droits de l'homme.
Les partis politiques doivent opérer comme un maillon qui soutient les relations entre les citoyens et l'Etat, ils doivent être un moyen de conception et d'information de la politique économique, sociale, culturelle et internationale des gouvernants.
a suivre...
* Ambassadeur de la République Bolivarienne du Venezuela auprès de la République Algérienne Démocratique et Populaire et de la République Arabe Sahraoui Démocratique
Sociologue et professeur universitaire


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