Entre Alger et Caracas, l'heure n'est plus à la poésie ni aux salamalecs, mais à la coopération tous azimuts. Pays à l'histoire presque similaire par certains aspects, mais non sans histoires, l'Algérie et le Venezuela entendent désormais donner un coup de fouet à la coopération bilatérale, réduite jusque-là à sa plus simple expression puisque les échanges commerciaux ne dépassent guère les 60 millions de dollars. Indice de cette volonté : plusieurs dizaines d'opérateurs algériens seront conviés, courant de cette année, à se rendre en République bolivarienne pour une prospection des opportunités d'investissement, a annoncé hier, l'ambassadeur du Venezuela à Alger. Cette visite constitue un prolongement d'autres volets de coopération noués depuis quelques années, comme la formation de techniciens vénézuéliens dans les hydrocarbures en vertu d'un accord entre la PDVSA, la puissante compagnie pétrolière vénézuélienne — plus important gisement de pétrole au monde — et l'Institut algérien de pétrole (IAP) ou encore la fourniture à l'Algérie d'un lot de livres dans le cadre de la coopération culturelle. “Il y a une volonté d'enrichir la coopération économique, culturelle et politique”, a précisé Hector Michel Mujica, lors d'une conférence de presse au siège de l'ambassade. “Nous avons l'intention d'inviter des entrepreneurs algériens pour explorer le marché vénézuélien, mais nous devons faire encore beaucoup de choses sur le plan culturel, c'est très important. C'est important de renforcer la coopération culturelle et politique”, a-t-il indiqué. Plusieurs accords dans plusieurs secteurs dont le sport, la justice, le transport maritime ont déjà été passés avec les Algériens au cours de ces dernières années. Il est même question à terme, selon le diplomate, de l'ouverture d'une ligne aérienne entre Alger et Caracas. Interrogé pour savoir le stade atteint par les négociations entre Sonatrach et la compagnie PDVSA, la compagnie nationale étant intéressée par des investissements au Venezuela, le diplomate a affirmé que “les accords sont confidentiels”, même s'il a admis qu'ils portent sur, entre autres, des forages. “On doit faire beaucoup de choses avec l'Algérie”, a-t-il insisté. Et cette volonté de diversifier l'économie et les échanges avec l'Algérie, c'est essentiellement pour sortir d'une économie dépendante dans une large mesure, comme l'Algérie d'ailleurs, des hydrocarbures. “Nous devons diversifier notre économie. C'est dans ce sens que nous travaillons”, souligne Michel Mujica. L'ambassadeur, qui s'exprimait à l'occasion de la commémoration du bicentenaire de la déclaration de l'indépendance du Venezuela et de la célébration de l'anniversaire du 13 avril 2002 qui a marqué “la restauration de la démocratie participative”, après la tentative de coup d'Etat avorté contre Hugo Chavez, est revenu longuement sur les réalisations de son pays sous la direction de celui qui est devenu une icône de la gauche à travers le monde. “Fougueux”, comme il le définit mais très populaire à travers le monde, Hugo Chavez a réussi des prouesses sur les plans économique et social. La pauvreté extrême a été ainsi réduite de 72% tandis que l'analphabétisme a été éliminé. De 20% en 2003, le chômage est ramené à seulement 7%, alors que la dette publique est passée de 30,7 à 14,3% sans compter le doublement des effectifs dans l'enseignement supérieur. Le Venezuela, qui n'a pas trop subi les contrecoups de la crise mondiale, dispose d'une réserve de changes estimée à 82 milliards de dollars. Mais le diplomate a toutefois rejeté les accusations selon lesquelles il y a un glissement du régime bolivarien vers la restriction des libertés. “On n'a muselé personne”, affirme le diplomate. Quant à Obama dont le pays est souvent brocardé par Chavez, Michel Mujica a estimé “qu'il n'a pas encore fait grand-chose à l'Amérique”, même s'il a admis qu'il jouit de la sympathie dans beaucoup de pays.