Photo : S. Zoheir Par Ali Boukhlef Alors qu'Hugo Chavez poursuit ses diatribes contres les Etats-Unis d'Amérique, son appareil diplomatique s'active pour sensibiliser d'autres régions du monde. C'est visiblement l'objectif de la conférence de presse convoquée hier à Alger par l'ambassadeur du Venezuela, Héctor Michel Mujica. Et comme d'habitude, le représentant de la République bolivarienne s'est attaqué aux Etats-Unis qui, selon lui, sont responsables de tous les maux que vit actuellement l'Amérique latine. L'ambassadeur ne s'est d'ailleurs pas limité à parler de son seul pays, mais prend la défense de tous les pays de la région, comme le fait son Président depuis maintenant près d'une dizaine d'années. Héctor Michel Mujica a tenté, durant près de trois quarts d'heure, d'expliquer aux quelques journalistes algériens présents dans le modeste salon de son ambassade les motivations de la République vénézuélienne et des enjeux actuels en Amérique latine, et au-delà, puisque l'ambassadeur a mis en avant les «méfaits» des Etats-Unis qui, selon lui, tentent d'imposer leur hégémonie sur le monde. Il cite pêle-mêle les conflits en Afghanistan, les récents développements au Pakistan (qui accuse l'armée américaine de violer son territoire) et le conflit dans le Caucase. Pour illustrer son exposé, le diplomate a convoqué l'histoire, rappelant que Simon Bolivar, le fondateur de son pays, a été le premier homme politique, au 19ème siècle, à s'opposer aux Américains. D'où l'attitude de Hugo Chavez qui s'inspire de son aîné et veut se placer en défenseur de tout un continent, malgré la puissance de son voisin américain. Seulement, M. Mujica, tout en saluant la rupture des relations diplomatiques avec les Etats-Unis, ne veut pas mêler l'économie à la politique. Il dira que les exportations de son pays en hydrocarbures vers les Etats-Unis représentent environs 24 milliards de dollars. «Le Venezuela est un fournisseur fiable envers les Etats-Unis et nous ne comptons pas changer de position», a-t-il assuré, contrairement aux déclarations de Chavez qui menace de fermer le robinet en cas de poursuite de la stratégie de l'administration Bush dans la région. «Bush est capable de tout», fulmine encore l'ambassadeur qui rappelle encore que l'administration américaine, du temps de président Harry Trumann, avait tenté d'assassiner l'ancien chef d'Etat cubain, Fidèle Castro. Héctor Michel Mujica n'a pas omis de souligner la solidarité des pays africains dont le continent faisait bloc, selon lui, avec celui de l'Amérique latine dans le temps, avant que les deux peuples ne soient liés par la traite négrière et les conquêtes coloniales. Mais le rôle de l'Algérie est mis en avant en rappelant qu'en 2003, alors que le mouvement de grève dans le secteur pétrolier vénézuélien «qui visait à atteindre l'économie vénézuélienne» avait atteint son apogée, l'Algérie avait envoyé des techniciens de Sonatrach pour briser le débrayage provoqué par l'opposition. Il s'est aussi félicité que l'Algérie adopte, à nouveau, le souverainisme économique. Un concept qui colle à Hugo Chavez.