Au départ itinérant, le jeune festival du cinéma amazigh dont c'est la onzième édition est depuis deux années, et sur décision du ministère de la Culture, définitivement domicilié à Tizi Ouzou, le cocon de la conscience amazighe. La langue minoritaire doit se confiner dans son espace, sa propagation serait nocive mais pas enrichissante semble sous-entendre cette décision ! En tout cas, le jeune cinéma d'expression amazighe qui a éclot autour des années 90 avec la fameuse " Montagne de Baya " du défunt Azzedine Meddour, intéresse de plus en plus et la preuve c'est que même avares, des films en amazigh existent. La onzième fête du cinéma devra cette année gagner une contrée limitrophe de Tizi Ouzou, Azzefoun, la ville des poètes. Rendez-vous est pris à partir de samedi prochain et jusqu'au 23 mars avec pour ouverture la projection du film " Un poète peut-il mourir ? " du réalisateur Areski Larbi Cherif, en hommage à Tahar Djaout, rejeton d'Oulkhou, une montagne d'Azzefoun. Un moyen-métrage documentaire de 52 minutes qui revient sur la vie et l'œuvre de cet homme qui n'a jamais vendu ses idéaux de justice. Deux particularités pour cette édition qui semble régresser : pas de longs métrages en lice pour la distinction suprême de "L'Olivier d'or " et pas de films marocains comme ce fut le cas dans les précédentes éditions. Les raisons ? Pour le premier cas, c'est certainement lié à la morosité générale de l'état du cinéma algérien et des priorités qu'accordent les responsables du secteur à tel ou tel type d'image. Nous sommes en plein " Tlemcen capitale de la culture islamique", il y a eu budget pour faire plus d'un quarantaine d'œuvres en ignorant malheureusement les projets qui vont dans le sens de l'expression amazighe. S'agissant de l'absence de films marocains, Ait Oumeziane, commissaire de ce festival s'en est expliqué lors d'une conférence de presse animée lundi à cet effet à la Maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou. Regrettant ce " faux bond ", le conférencier a évoqué un retard dans l'acheminement des œuvres marocaines par les organismes chargés de le faire. Tout de même, Ait Oumeziane s'est réjoui de l'introduction d'une petite nouveauté dans cette fête du cinéma qui dorénavant aura un trophée de plus qui sera le "Prix du panorama amazigh". Panorama veut dire hors compétition, et selon toujours le conférencier, cette distinction " vise à créer l'émulation et encourager l'émergence de jeunes talents. " Du reste, pas moins de 11 films entre documentaires et courts-métrages seront en lice durant cette manif pour la distinction suprême de l'Olivier d'Or. La section panorama verra la projection de 14 films parmi lesquels certains titres ont été bien entendu vus et revus. Un festival sans surprise Pas de vedettes, ni de surprises, ni même un peu de glamour…. Placé sous le thème fourretout de, "Azzefoun à l'honneur " ce festival va ressembler exactement à tous les autres. Continuité donc mais pas innovation. Installation d'ateliers pour les jeunes cinéastes du village Ath Daoud et d'Azeffoun, ayant initialement suivi une formation dans ce sens en 2009 à Zéralda. Atelier veut dire formation éclair pour les férus du 7ème art qui dans quelques temps seront promus sans diplôme solide au rang de nouvelle génération de cinéastes algériens. Les endroits où se dérouleront la plupart des activités de ce festival seront éclectiques : deux salles de projection (A et B), la salle omnisports, le centre culturel Tahar-Djaout et l'auberge de jeunesse d'Azeffoun. De plus, il est prévu qu'avec trois cinéclubs, plusieurs villages d'Azeffoun, notamment Iazzouzen, Oulkhou, Aghrib, Ath Ouchen et Aït Arhouna, en plus d'autres daïras, Tigzirt, Azazga, Drâa Ben Kheda… profiteront en plein air de quelques projections datées. Le jury du festival sera composé de gens connus du milieu du cinéma ou même de la presse à l'image de Dahmane Ouzid, Rezki Herrani, Mansour Abrous, Farid Aouameur, Saliha Aoues et Catherine Belkhodja. Pour la section Panorama, le jury sera composé de Hadjira Oubachir, Ahmed Zir, Arezki Graine, Ahmed Ben Alam.