Le président du conseil d'administration du Fonds monétaire arabe (FMA), Djassem Menaii, a appelé, mardi à Alger, à adopter de nouveaux critères pour une évaluation efficace des économies dans le monde.S'exprimant lors de la conférence organisée par l'institut diplomatique des relations internationales en présence d'ambassadeurs, M. Menaii a estimé que les réformes annoncées dernièrement par les pouvoirs publics en matière de soutien à l'investissement et à l'emploi, leur succès restera tributaire, selon lui, du "suivi de leur application sur le terrain" afin de garantir l'usage efficace des fonds publics. Pour M. Menaii, l'ampleur des dépenses publiques en Algérie ne conduira pas à l'augmentation du taux d'inflation car l'autorité monétaire (banque centrale) "intervient", selon lui, à travers les mesures de résorption de l'excèdent de liquidités et la maîtrise de l'inflation. Le conseil des ministres a annoncé en février dernier une série de mesures au moyen desquelles le trésor public intervient dans le renforcement du financement des projets inscrits dans le cadre des dispositifs de soutien à l'emploi des jeunes (Ansej et Angem) ainsi que d'autres facilités de financement des investissements. S'agissant de la crise financière qui a touché le monde en 2008, M. Menaii a indiqué qu'"en dépit de certains indicateurs positifs de l'économie mondiale, cette dernière reste fragile". L'intervenant a estimé que la meilleure leçon à tirer de cette crise est que "la théorie des mains occultes d'Adam Smith selon laquelle seules les forces du marché régulent les opérations économiques n'est plus crédible", déclarant que l'intervention de l'Etat dans la régulation de l'économie était devenue nécessaire. Il a appelé les banques dans les pays arabes à adopter les critères de la Suisse qui a mis en place des règles préventives pour réaliser la difficile équation d'élargissement des financements bancaires et la garantie de l'équilibre et de la sauvegarde des institutions financières. Le responsable du FMA a également estimé que les dernières crises géopolitiques en Tunisie, en Egypte puis en Libye étaient "avant tout des crises économiques" et "une cause suffisante pour la révision des critères d'évaluation économique". Pour M. Menaii, les rapports du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale par exemple étaient "très positifs et soulignaient des indicateurs de croissance entre 5 et 7% pour la Tunisie et l'Egypte", alors que la réalité a démontré "une détérioration du niveau de vie des citoyens, un conflit d'intérêts et un manque de transparence" dans ces pays. "Il est nécessaire de mettre en place un modèle économique nouveau dont les critères de performance ne reposent pas seulement sur les taux de croissance économique mais prennent également en considération les aspects liés à la justice dans la répartition des richesses, le taux de pauvreté, de corruption, la suprématie de la loi, les conflits d'intérêts, la transparence dans les pratiques et la séparation entre le pouvoir et les affaires", a-t-il précisé. Le FMA dont le siège se trouve à Abou Dhabi (Emirats arabes unis) a été créé en 1976. L'Algérie, a déclaré M. Menaii, est l'un des principaux pays qui ont contribué à la fondation et au développement de ce fonds.