Après plusieurs rencontres entres les banques arabes et notamment maghrébines, les règles de Bâle II, semblent susciter l'intérêt de ces institutions. En effet, la Tunisie s'attellera, bientôt, à la mise en place des préalables nécessaires à la mise en œuvre de l'accord Bâle II a déclaré, jeudi, à Gammarth (banlieue nord de Tunis), Taoufik Baccar, gouverneur de la banque centrale de Tunisie (BCT) à l'occasion du séminaire, organisé par la BCT et le Fonds monétaire international (FMI) sur le thème "la migration vers Bâle II". A noter que les règles de Bâle II qui proposent de nouveaux standards internationaux visant à garantir une meilleure gestion des risques, à mettre les systèmes financiers en phase avec l'industrialisation poussée de l'activité bancaire et à créer une autorité de supervision interne propre à chaque banque, ne peuvent être adoptées par tous les pays dans l'immédiat et d'une manière uniforme, selon les conférenciers, experts, gouverneurs de banques centrales arabes et maghrébines qui sont intervenus au cours de cette rencontre. Celle-ci a néanmoins permis d'évaluer l'aptitude des pays en voie de développement, arabes, africains et de la région du Moyen-Orient, à adopter ces nouveaux critères financiers "très modernes et développés" et à réussir le passage à une nouvelle phase de réformes des systèmes bancaires. Selon les participants à ce séminaire, Bâle II est, d'abord, un choix volontaire pour les pays émergents. Il peut leur faire gagner beaucoup en matière d'intégration à l'économie mondialisée et d'ouverture sur la finance internationale. Toujours selon les spécialistes et experts des pays concernés, ce passage doit se faire progressivement et d'une manière adaptée au degré d'évolution et de progrès de chaque pays. Certains pays s'inquiètent des impacts de Bâle II sur la micro finance, les petites et moyennes entreprises (PME), les particuliers et sur les banques de petite taille (cas des banques en Afrique), en particulier, en ce qui concerne le coût élevé de mise en place des mesures Bâle II et les conditions d'accès aux crédits. Ces conclusions ne peuvent pas empêcher les pays de profiter des avantages de ce dispositif, rassurent MM. Jaime Caruana, directeur des marchés monétaires et de capitaux au FMI et Jassim Al Mannai, directeur général du Fonds monétaire arabe (FMA). "L'accord de Bâle est un médicament qui a déjà montré ses bienfaits et s'il a des effets secondaires, ils seront circonscrits par les institutions spécialisées", a commenté le directeur général du FMA. A signaler que des experts se chargeront de l'étude de cas et feront en sorte que toutes les parties bénéficient des nouvelles conditions de l'accord. Il y aura même des versions simplifiées qui seront adaptées aux cas spécifiques. Le FMA a déjà réalisé une enquête pour évaluer le degré de préparation des pays arabes à réussir cette migration vers Bâle II. Il en ressort que la plupart d'entre eux sont prêts à la transition et ont fait d'énormes progrès sur cette voie. D'autres manquent de ressources financières et souffrent encore de l'insuffisance de l'information, de services et d'activités financières diversifiées. En Tunisie, l'action des autorités nationales se focalise actuellement sur le renforcement des normes existantes en vue de favoriser une meilleure maîtrise des risques et une consolidation des assises financières, l'objectif étant de préparer le passage sans heurt à Bâle II, a fait remarquer M. Baccar. Evoquant les composantes de la stratégie qu'adoptera la Tunisie pour atteindre un niveau de couverture des risques confortable, M. Baccar a cité la défiscalisation totale des provisions, la révision des politiques de distribution de dividendes à la faveur d'un effet de provisionnement accru et la facilitation du recouvrement judiciaire des créances bancaires. "Les résultats obtenus dans le cadre du second Programme d'évaluation du système financier conduit en 2006 par le FMI et la Banque mondiale et qui ont illustré la quasi conformité des pratiques de supervision en Tunisie aux principes de Bâle pour un contrôle bancaire efficace, témoignent, encore une fois, de la capacité des autorités tunisiennes de surveillance bancaires, d'assumer les nouvelles responsabilités qui seront les leurs, en application des exigences du Pilier II de Bâle II", a-t-il conclu.