Se tourner vers les énergies nouvelles et renouvelables et éviter la maximisation de la production d'hydrocarbures fossiles semblent être, aujourd'hui, les axes majeurs de la nouvelle politique énergétique nationale que l'expert international Nicolas Sarkis qualifie de "cohérente". En marge d'une conférence sur l'avenir des Etats pétroliers arabes après la catastrophe nucléaire japonaise et le "printemps" arabe, organisée à Paris, le directeur général du Centre arabe d'études pétrolières, a indiqué dans une déclaration à Algérie Presse services, que c'est une chose "essentielle que les pouvoirs publics en Algérie aient mis le holà à cette politique de maximisation de la production pétrolière", une démarche qui, a-t-il dit, permet d'entrevoir un meilleur avenir pour les générations futures. "Fort heureusement, l'Algérie dispose, à ce niveau-là, de grands avantages dont une longue période d'ensoleillement lui permettant de développer l'énergie solaire, entre autres, et l'éolien", a ajouté l'expert faisant référence au projet Desertec, évalué à 400 milliards de dollars, destiné à exploiter le potentiel solaire de l'Algérie pour produire de l'énergie alternative dont une partie sera exportée vers l'Europe. Selon M. Sarkis, développer les énergies renouvelables "n'est pas seulement développer de nouvelles sources d'énergie, mais créer une nouvelle industrie, et partant, des services et de nouveaux emplois". Selon les estimations établies en 2010 par l'Agence internationale de l'énergie (AIE), les besoins mondiaux en énergies renouvelables étaient supposés bénéficier d'une progression rapide, à 7,9% par an, pour passer de 0,72% en 2008 à 4,2% en 2035 du mix global. Le programme national des ENR, qui a identifié une soixantaine de projets à réaliser, vise à porter progressivement la production d'électricité à partir de ces énergies, d'ici 20 ans, à 40% de la production globale d'électricité. Il vise à installer une puissance d'origine renouvelable de près de 22.000 MW d'ici 2030 dont 12.000 MW pour couvrir la demande nationale et 10.000 MW destinés à l'exportation "si les conditions y sont favorables". Par ailleurs et selon un rapport du ministère de l'Energie et des Mines, le programme national des ENR est développé en cinq chapitres à savoir les capacités à installer par domaine d'activité énergétique, le programme d'efficacité énergétique, les capacités industrielles à développer pour accompagner le programme, la recherche et développement ainsi que les mesures incitatives et réglementaires. Dans ce cadre, le programme inclut la réalisation, d'ici 2020, d'une vingtaine de centrales solaires photovoltaïques et solaires thermiques, de fermes éoliennes et de centrales hybrides (solaire, gaz). Ces projets de production de l'électricité dédiés au marché national seront menés en trois étapes. La première étape, entre 2011 et 2013, sera consacrée à la réalisation de projets pilotes destinés à tester les différentes technologies disponibles. La seconde phase (2014-2015) sera marquée par le début du déploiement du programme, alors que la troisième et dernière phase (2016-2030) sera celle du déploiement à grande échelle de ces projets. Le programme prévoit l'installation d'une puissance de 110 MW en 2013 avant de passer à 650 MW en 2015, 2 600 en 2020 avec la possibilité d'exporter 2 000 MW, pour atteindre en 2030 quelque 12 000 MW pour le marché national et 10 000 MW destinés à l'exportation. En outre, la volonté des pouvoirs publics de promouvoir les ENR s'est traduite par la mise en place d'un commissariat aux énergies renouvelables qui a la charge de coordonner l'effort national en la matière. A la faveur de son immense potentiel, l'énergie solaire constitue l'axe majeur de ce programme qui consacre au solaire thermique et au solaire photovoltaïque une part essentielle. De ce fait, le solaire devrait atteindre d'ici 2030 plus de 37% de la production nationale d'électricité, selon les prévisions du ministère. Pour l'énergie solaire photovoltaïque, le gouvernement prévoit le lancement de plusieurs projets d'une capacité totale de 800 méga watts crête (MWc) d'ici 2020. D'autres projets d'une capacité de 200 MWc par an devraient être réalisés sur la période 2021-2030. Du côté du solaire thermique, deux projets de centrales thermiques à concentration avec stockage d'une puissance totale d'environ 150 MW chacune devraient être lancés sur la période 2013-2015 et qui s'ajouteront à la centrale hybride de Hassi R'mel d'une puissance de 150 MW dont 25 MW en solaire. Sur la période 2016-2020, quatre autres centrales du même type pour une puissance de 1 200 MW devraient être mises en service, alors que le programme de la période 2021-2030 prévoit l'installation de 500 MW jusqu'en 2023, puis 600 MW jusqu'à 2030. Toutefois, le programme n'exclut pas l'éolien qui constitue, malgré son faible potentiel, le second axe de développement et dont la part devrait avoisiner 3% de la production nationale d'électricité en 2030. Dans ce sens, il est prévu l'extension des capacités de fabrication des équipements destinés au fonctionnement des fermes éoliennes et le développement d'un réseau national de sous-traitance pour la fabrication et l'entretien de ces équipements parallèlement à la maîtrise des activités d'engineering et de construction de centrales et d'unités de dessalement des eaux saumâtres. Samira G.